Pluvigner : une plaque militaire pour un plongeon dans l'Histoire de la Seconde Guerre mondiale

A quelques jours du 8 mai et de la commémoration de la victoire des alliés sur l'Allemagne nazie, c'est l’histoire d’un jeune soldat américain venu se battre pour notre liberté. Quarante ans plus tard, sa plaque militaire était découverte, par hasard, dans un jardin breton. Quarante autres années après, les enfants de ce combattant viennent de recevoir le petit morceau d'acier et ont découvert l'histoire de leur père.

C’était dans les années 80. Eliane ne se souvient pas exactement de l’année. Elle voulait planter des hortensias dans son jardin et en creusant, "un objet brillant a attiré mon attention. Je l’ai soigneusement déterré puis nettoyé. C'était une petite plaque de fer blanc, d’environ 5 cm de long. Elle était très belle, très lisse" se souvient Eliane. Baudet. Elle l’a nettoyée soigneusement et un nom et quelques numéros sont apparus, John A Wilson. 

Dog tag

Eliane reconnait aussitôt une plaque militaire. A partir de la première guerre mondiale, les soldats ont commencé à être équipés de ces "Dogs Tags", "médailles de chiens," ainsi surnommées parce que ces plaques d’acier font immédiatement penser aux insignes accrochés au cou des animaux.


En cas de mort violente au combat, ces plaques permettent d’identifier les soldats. En cas de blessures graves, elles peuvent donner parfois des éléments vitaux, le groupe sanguin ou les derniers vaccins de son possesseur.

Notre crainte, c’était que le corps du propriétaire de la plaque soit quelque part dans le terrain.

Eliane Baudet

Eliane savait que pendant la seconde guerre mondiale, un avion s’était écrasé pas très loin de sa maison. "Notre crainte, c’était que le corps du propriétaire de la plaque soit quelque part dans le terrain."

Eliane a essayé de savoir, en vain. Elle a donc rangé le petit morceau de métal précieusement dans un placard et le mystère a continué. De temps en temps, elle en parlait à des amis, au cas où quelqu’un aurait une piste.

Le début des recherches

Et puis, en 2018, le Comité Auray-Pluvigner du Souvenir Français a organisé une cérémonie pour le 75ème anniversaire du crash du bombardier américain B17 dans lequel sept aviateurs américains avaient trouvé la mort. Le "Beat’s Me" était tombé entre Pluvigner et Camors le 23 janvier 1943.


Le 23 janvier 2018, 23 américains assistent aux cérémonies, les familles des aviateurs et des membres de l’American Légion de Stockton Springs.

Eliane repense alors à sa petite plaque. Didier Roze, le président du Comité Auray-Pluvigner du Souvenir Français commence à échanger des mails avec les Etats Unis. Édouard Burns, membre de l’American Legion ( association d'anciens combattants) de Stockton Springs mène les recherches outre-Atlantique.

Il enquête auprès des services de l’armée, des archives nationales. Sa quête l’emmène parfois vers des fausses pistes, et puis un jour, un mail : "Les Archives nationales ont trouvé un dernier bulletin de solde avec son nom et son numéro matricule !" 

Edouard Burns a retrouvé la trace de John A Wilson ! La bonne nouvelle, c’est qu’il a survécu à la guerre, il n’est donc pas sous les hortensias d’Eliane, la mauvaise, c’est qu’il est mort en 1975.

Ed Burns réussit à entrer en contact avec Robert Wilson, un des fils de John. "Les enfants savaient très peu de choses de l’engagement de leur père pendant la seconde guerre mondiale. Ils étaient au courant de sa blessure et du fait qu’il avait reçu des médailles, dont la prestigieuse Silver Star, "décoration décernée au nom du Président des États-Unis pour acte de bravoure contre un ennemi", mais ne connaissaient pas son histoire" explique Didier Roze.

Quelques jours plus tard, un message arrive en Bretagne, il est signé, Robert Wilson.  "J’aimerais commencer notre correspondance en vous remerciant tous pour les efforts que vous avez accomplis pour contacter notre famille. Parlant pour moi, ma sœur Mary et mon frère Charles, nous apprécions le temps que vous avez passé pour faire ceci ". 

Des deux côtés de l’océan, commence une nouvelle enquête sur les traces de John A. Wilson.

Il faut sauver l’histoire du soldat Wilson

Aux Etats-Unis, Robert Wilson cherche dans les documents familiaux. En France, Didier Roze dans les livres d’histoire et petit à petit l’itinéraire du jeune soldat se dessine.

"Mon père John A. Wilson  était à cette époque officier d’artillerie au sein du 356e Régiment s’artillerie, qui soutenait le 376e Régiment d’infanterie de la 94e Division d’Infanterie "découvre Robert Wilson.


La 94ème Division d’infanterie a débarqué en Normandie sur la plage “Utah Beach"

Didier Roze, président du Comité Auray-Pluvigner du Souvenir Français


"La 94ème Division d’infanterie a débarqué en Normandie sur la plage “Utah Bee jour J+94, soit le 8 septembre 1944, puis a fait mouvement vers la Bretagne avec mission d’encercler quelque 60 000 soldats allemands assiégés dans les garnisons des ports de Lorient et Saint-Nazaire" "

"C’est probablement à l’occasion d’une pause dans cette maison qui était inoccupée où il a peut-être fait un brin de toilette qu’il a perdu cette plaque, suggère le français Ensuite, il a poursuivi la guerre jusqu’à être gravement blessé à la frontière de la France, du Luxembourg et de l’Allemagne."

Un héros de guerre

L’obus a traversé le pare-brise entre lui et le conducteur.

Robert Wilson


"D’après ce que j’ai compris de sa blessure, dont il n’a jamais parlé avec aucun de ses enfants, témoigne Robert Wilson, il roulait en jeep dans une petite ville et, après un virage, Ils ont reçu un tir d’obus. L’obus a traversé le pare-brise entre lui et le conducteur. Mon père a été blessé au côté gauche du visage. Il a alors sauté de la jeep, chargé le conducteur, très grièvement touché sur ses épaules et, dans un effort pour le sauver, a couru au poste de secours le plus proche."

"Le chauffeur est mort, poursuit Robert Wilson, et mon père a perdu son œil gauche. A partir de ce moment, il a porté un bandeau. Son œil de verre l’a toujours beaucoup irrité parce que tous les éclats d’obus n’ont pas été enlevés."

John A Wilson a été évacué en Angleterre puis rapatrié au Texas pour poursuivre sa convalescence. Après la guerre, il a monté une clinique vétérinaire dans le Wyoming. Il a eu cinq enfants.

La plaque est repartie vers les Etats-Unis

Il y a quelques jours, Eliane et Didier Roze ont envoyé la plaque d’identité de John A Wilson à ses enfants. "Elle ne saurait être entre de meilleures mains déclarent-ils, nous l’envoyons avec nos aimables pensées pour les frères d’arme de votre père et d’autres Américains venus en 1944 en France combattre le totalitarisme et le fanatisme nazis."

On ne doit jamais oublier.

Ddier Roze, président du Comité Auray-Pluvigner du Souvenir Français

"Si cela avait été la plaque de mon père, j’aurais été heureuse qu’on me la donne" ajoute Eliane. "On leur a envoyé aussi un petit livret qui raconte l’histoire de cette quête passionnante. Pour eux, c’était très émouvant d’être contactés et d’avoir un souvenir physique de son passage en Europe."

Les enfants de John envisagent de venir en Bretagne, marcher sur les traces de leur père. "On leur fera visiter "promet Didier Roze. "On ne doit jamais oublier. On leur doit beaucoup de reconnaissance pour cet engagement de leurs pères et de leurs grands-pères qui sont venus nous libérer de l’oppression nazie. Nombre d’alliés ont donné leur vie."


L’histoire de John A. Wilson n’est qu’un petit morceau de la grande Histoire, mais elle nous aide à imaginer ce que ces hommes ont vécu pour notre liberté !
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