Elles étaient 4, elles ne sont plus que 3 en lice pour être maire. Soizic Perrault a rejoint les rangs de Christine Le Strat, maire sortante arrivée largement en tête le 15 mars. Suivent Marie-Madeleine Doré-Lucas et Gaëlle Le Roch. Toutes trois étaient invitées à débattre sur France 3 Bretagne.
Des propos courtois mais acerbes. Telle a été l'ambiance sur le plateau entre les trois concurrentes au poste de maire de Pontivy. Christine Le Strat a été quelque peu malmenée par les piques de Marie-Madeleine Doré-Lucas et Gaëlle Le Roch lors des 20 minutes de débat. Chacune a défendu son programme.
Au soir du 15 mars, Christine Le Strat (DIV) a reçu 46,3% des suffrages pontivyens. Elle devance de plus de 20 points Marie-Madelaine Doré-Lucas qui a réuni 20,9% des voix. Enfin, Gaëlle Le Roch (DVE) arrive dernière avec 15,1% des votes.
Soizic Perrault, arrivée troisième (17,7% des voix) a renoncé le 24 mai, et a enjoint ses 754 électeurs à voter la liste de la maire sortante au second tour.
Les priorités pour la ville
Trois mois après le premier tour, le contexte sanitaire a bien sûr changé certains aspects des programmes des trois candidates. Les premières minutes de ce débat s'attachent à définir quelles sont les priorités, nouvelles ou non, pour Pontivy.
Gaëlle Le Roch semble prendre toute la mesure de la crise à venir. Elle indique vouloir "un plan d'attaque" pour faire face. Son idée : mettre en place des "Assises de l'économie avec tous les acteurs locaux, que la crise soit accompagnée par la mairie, en activant le réseau local", avec le département et la région notamment.
Le projet d'un "territoire zéro chômage longue durée" reste dans le programme de Christine le Strat. Défendant une "économie sociale et solidaire", elle maintient cette envie de soutenir l'emploi dans une région agro-alimentaire "qui a plutôt du mal à recruter", même si "la crise va changer la donne."
L'urgence de Marie-Madeleine Doré-Lucas, c'est "le commerce de proximité. Faire valoir les circuits courts, relocaliser la production." Selon la tête de la liste de gauche, la promotion de l'écologie est un vecteur de solidarité. Et pour cela, elle propose de "passer en régie publique la restauration collective pour les enfants et les aînés" pour renforcer l'économie locale.
L'installation de Grand Frais, un sujet sensible
Parlant commerce de proximité, le projet de création d'une enseigne Grand Frais sur la zone commerciale de Lestitut a cristallisé les oppositions sur le plateau, et rappelé quelques rancoeurs vivaces. La société Skiold Acemo et Grand Frais se sont entendus pour l'acquisition d'une surface de 17.825m².
Sur ce dossier, Gaëlle Le Roch reste ambigüe. Sans s'opposer formellement à l'installation du magasin, elle estime qu'il "est difficile de soutenir à la fois les magasins du centre et un grand magasin en périphérie." La maire sortante y est elle sensiblement favorable, pensant aux futurs emplois créés à Pontivy, rappellant toutefois que c'est une vente "entre acteurs privés."
De son côté, Marie-Madeleine Doré-Lucas y est formellement opposée. Si elle veille à l'équilibre commercial entre périphérie et centre-ville, elle rappelle que "l'Action Coeur de Ville soutient le commerce local, et Grand Frais va à l'encontre de cela." Elle va plus loin en critiquant ouvertement la position de Christine le Strat.
Les 80 emplois créés seraient de toute manière restés là ! Les choses n'ont pas été faites dans les règles de l'art...
"Manque de transparence et de concertation"
Face aux habitudes de la mairie, qu’elles trouvent manquant de "transparence et concertation", les deux opposantes semblent unies.
L'opposante à Christine Le Strat revendique avoir poussé pour que la Commission Départementale d’Aménagement Commercial soit impliquée dans ce projet d'aménagement, par le biais d'une commission extra-municipale. "Je crois que Christine Le Strat oscille entre ses casquettes de maire et de présidente de Pontivy Communauté" a-t-elle ajouté.
Christine Le Strat a répondu à cette attaque en rappelant à son interlocutrice son assiduité au travail.
- La commission extra-municipale a eu lieu Marie-Madeleine Doré-Lucas, vous étiez absente... - Je travaille Christine ! - Non ce soir-là, vous n'étiez pas au travail.
La maire rappelle que lors du vote en commission, 11 voix étaient pour l’installation et 2 contre.
Les projets d'aménagement du centre-ville
Après cette joute verbale, le dossier de l’aménagement du centre-ville permet de continuer sur les thèmes de ce débat d’entre-deux-tours.
Le point de tension est représentée par la Rue Nationale. Deux visions s’opposent ici. Gaëlle Le Roch et Christine Le Strat souhaitent maintenir le double sens de circulation, contrairement à Marie-Madeleine Doré-Lucas.
Pour la première, il est important de "réimaginer le centre-ville." Et cela passe par une revégétalisation de la rue Nationale notamment. En modifiant le stationnement, ce qui "est au programme de Christine Le Strat, mais cela traîne depuis de nombreux mandats" lance la tête de liste "Unis pour Pontivy".
La première édile en poste rétorque qu'ils se sont "attelés à ce dossier par des réunions participatives." Son projet futur : "élargir le trottoir, privilégier les déplacements doux, en donnant la priorité aux vélos et piétons sur les voitures" tout en supprimant un côté de stationnement.
Quid de la sécurité ? Enfin... Il est temps de répondre aux urgences écologiques !
Marie-Madeleine Doré-Lucas à ses interlocutrices : "La rue n'est pas extensible. Il faut la rendre en sens unique de circulation, et pourquoi pas mettre en place une navette" pour y faciliter l'accès.
Ensuite, Christine Le Strat envisage de créer un poumon vert pour Pontivy, "un parc urbain, pour rassembler toutes les générations dans un espace de nature préservée" sur le site de l'ancien hôpital.
Ce à quoi Gaëlle Le Roch rappelle à la maire sortante que depuis 6 ans, "on n'a vu que deux jardinets se créer, stop à l'immobilisme." De son côté, Marie-Madeleine Doré-Lucas veut redonner la parole aux quartiers directement.
Qu'est-ce qu'être maire de Pontivy ?
"Un maire c'est sur le terrain, ces dernières années ce n'était pas le cas, l'immobilisme doit changer." Tel est la conception de Gaëlle Le Roch sur le poste de maire.
"Il faut des décisions claires et transparentes" pour être maire. Faire preuve "d'autorité mais pas d'autoritarisme" selon Marie-Madeleine Doré-Lucas. Elle pique sa concurrente dans l'oposition en lui rappellant qu'avant d'être maire, "il faut davantage être présente aux conseils municipaux."
Gaëlle Le Roch n'a pas le temps de répondre avant que Christine le Strat rappelle de son côté son attachement à la proximité avec les habitants. "Les Pontivyens me conaissent bien. J'ai des projets structurants dans les cartons."
Ce à quoi réplique Gaëlle Le Roch, appuyée par un sourire de Marie-Madeleine Doré-Lucas.
Oui mais il est temps qu'ils sortent des cartons ces projets.
Le 28 juin, les 9.432 électeurs de Pontivy devront départager les trois candidates. Lors du premier tour, seuls 46,86% d'entre-eux se sont rendus aux urnes.