Le 20 mars, les jeunes Républicains du Morbihan ont voté leur dissolution, ils viennent d’être suivis par les jeunes Républicains d’Ille-et-Vilaine. Les militants ont des mots très durs à l’encontre de leurs ainés qui n’ont pas voté la motion de censure et parlent de compromissions idéologiques insupportables. Ils ont rendu leur carte.
"Je suis adhérent et militant de l’UMP puis de LR depuis janvier 2015, je ne me retrouve dans la ligne politique, écrit Théo Thomas sur Twitter, après huit ans de bons et loyaux services, je rends ma carte et mes fonctions."
Victor Bonnin, ancien responsable départemental des Jeunes républicains d'Ille-et-Vilaine partage les mêmes sentiments. Il est entré aux Républicains alors qu’il avait tout juste 16 ans. Il quitte le parti.
"La décision a été difficile à prendre, confie-t-il, mais à 21 ans, on n’a pas à rester dans un parti avec lequel on n’est plus en accord. Je n’ai pas envie d’avaler des couleuvres."
Dans un communiqué, les jeunes Républicains d’Ille-et-Vilaine expliquent : "Il ne suffit pas de sauter comme un cabri en disant 'Gaulliste, Gaulliste' pour en être et accusent leurs aînés députés de piétiner l’héritage du Général. Les Républicains veulent bien de l’aura du père, mais pas de ses idées", poursuivent-ils.
"Peut-être qu’on devrait envoyer les Mémoires du Général de Gaulle à certains ténors du parti", suggère Victor Bonnin. Le jeune homme n’a pas compris la position des députés Républicains lors du vote de la motion de censure.
"Quand on a une réforme qui n’est pas majoritaire à l’Assemblée, qui n’est pas majoritaire dans le pays, il faut proposer un retour au calme. Là, on n’a pas occupé notre rôle d’opposant, on a juste signé en bas de la page de Macron" regrette-t-il.
Et il s’interroge. " Le problème, c'est qu’on ne sait plus où on est ? Dans l’opposition ? Dans la majorité ? La motion de censure, soit on s’oppose et on la vote, soit on ne s’oppose pas et on devient caution du gouvernement."
"Notre parti n’a eu de cesse de bafouer l’héritage qui était le nôtre en nouant des relations ambiguës avec la République en Marche ", écrivent aussi les Jeunes Républicains du Morbihan.
Le parti accuse le coup
Victor Bonnin est entré aux Républicains parce qu’il avait "un projet de société différent de celui d’Emmanuel Macron. François- Xavier Bellamy l’avait dit, quand on a les idées de Macron, il y a un parti pour ça, ça s’appelle la République En Marche."
Le parti accuse évidemment le coup. "Nous avons sans doute une absence de ligne politique claire depuis quelques années, reconnait Thomas Rousseau, secrétaire départemental Les Républicains d’Ille-et-Vilaine. Le rejet de la motion, ça a été une goutte d’eau. Une partie des jeunes ne s’y retrouve pas. Il y a une grande déception, peut-être même de l’exaspération."
Le secrétaire départemental admet qu’il partage en partie leur constat, mais fait le choix de rester. "Ma volonté, affirme-t-il, c’est qu’on reste unis et qu’on persévère. "
"Le départ de ces quelques jeunes est une clarification, écrit Isabelle le Callennec, Présidente de la fédération LR d’Ille-et-Vilaine. À la suite des défaites électorales que nous avons connues, cela faisait plusieurs mois qu’ils se cherchaient. Nos députés et sénateurs LR ont cherché, en responsabilité et en conscience, à améliorer un texte au départ ni juste pour les Français, ni efficace pour les deniers publics."
Pour l’ancienne députée, "le gouvernement a échoué dans son dialogue avec les partenaires sociaux, n’a pas réussi à convaincre une majorité de députés, y compris dans son propre camp, et au final les a privés d’un vote.
La maire de Vitré a pris contact avec la présidence des Jeunes Républicains pour organiser la suite.
Un signal d’alarme
"Plus qu’une dissolution, c’est une démission collective, précise Victor Bonnin, après nous, il n’y aura pas le néant. Mais beaucoup s’en vont, désabusés."
Lui, n’a pas prévu d’aller prendre sa carte ailleurs, mais certains ont rejoint les rangs du Rassemblement national.
"Après avoir perdu le soutien des couches populaires, Les Républicains perdent désormais le soutien de la jeunesse et de ses militants. Jusqu’à ce jour, nous avions toujours répondu présent contre vents et marées, dès lors que l’on avait besoin de nous. Cette époque est révolue" lancent les Jeunes républicains du Morbihan.
Victor Bonnin espère un réveil et un sursaut."Quand on fait 4,8% lors des élections présidentielles et qu’il n’y a pas de remise en question, c’est grave. Entre 2007 et 2022, le parti a perdu 10 millions d’électeurs. Il faut une remise en question sincère et profonde. "
Il rêve d’une droite populaire qui parle à toutes les classes sociales. "A 21 ans, conclut-il, on n’a pas d’autres occupations que d’être fidèle à ses convictions."