Il y avait eu "Paul le poulpe" pour la coupe du monde de foot. Désormais, il faut compter sur Obano, la girafe bretonne, pour la coupe du monde de rugby. Elle est devenue la star des pronostics. Elle a donné trois fois de suite le bon résultat pour les trois premiers matches de l'Equipe de France, et attire ainsi les projecteurs sur cette espèce menacée. Et pour France-Italie ?
Après Paul le poulpe pour la coupe du Monde de football, en 2018, Nelly l'éléphante ou des pandas devins, c'est une girafe de près de six mètres de hauteur qui fait le buzz pour les pronostics de la coupe du monde de Rugby.
Obano, l'un des trois mâles du parc animalier de Branféré est devenue une star mondiale depuis qu'elle donne les bons pronostics pour les matches de l'équipe de France de Rugby. Pour la prochaine rencontre qui se tient à Lyon contre l'Italie, l'animal vient à nouveau de donner la victoire au XV de France.
Obano, ambassadeur du rugby et du sort des girafes
L'histoire commence sur une idée lancée par Guilhem, un des soigneurs du parc, où le rugby fait partie du quotidien. Beaucoup de salariés sont supporters du RCV de Vannes et le parc est partenaire du club de rugby vannetais.
" Avec l'équipe, on a voulu créer un événement qui permette de parler de rugby mais aussi de la préservation des girafes et notamment des girafes de Rotchild comme Obano car il s'agit d'une espèce menacée. Il n'en reste plus que deux mille en Afrique à l'état naturel."
Sur les trois premiers matches de l'équipe de France de Rugby, Obano ne s'est jamais trompé. On espère la même chose pour le quatrième pronostic.
Hélène PerraudResponsable Communication Parc de Branféré.
Alors, pour mettre en place ces pronostics, les soigneurs se servent d'un protocole qu'ils utilisent quotidiennement pour faire ce qu'on appelle de l'entraînement médical. Il s'agit de barbotine, de la nourriture composée d'un mélange de flocons d'avoine et de soja. " On habitue progressivement l'animal à s'intéresser à cette nourriture. Pendant que la girafe se concentre, se fixe sur la barbotine, cela nous permet de faire des soins sur les sabots, les dents ou même de réaliser des radios de la tête." nous indique Alexandre Pétry, le directeur zoologique et scientifique du parc de Branféré.
Parmi les trois mâles girafes qui répond le mieux à l'entraînement médical, il y a Obano âgé de 18 ans. Une girafe de Rotchild. Particularité de cette espèce, elle a des taches uniformes, plutôt foncées et aussi des "chaussettes blanches", c’est-à-dire une absence totale de taches sur le bas des pattes. Un animal qui pèse entre 1,5 tonne et 2 tonnes en moyenne pour un mâle et qui peut vivre entre 20 et 25 ans en moyenne.
Un mélange de flocons d'avoine et de soja
Juste avant chaque match, deux bacs remplis de la même barbotine sont placés devant Obano. Placés devant chaque bac, le drapeau français et celui de l'équipe adverse. Jusque-là, la girafe a toujours fait le bon choix. Elle a toujours commencé à manger la barbotine du côté français. Et à quelques heures de la rencontre avec l'Italie, Obano a encore choisi la France. " Nous ne trichons pas. C'est la même barbotine et on change les drapeaux de côté pour éviter que l'animal ne prenne d'habitude." prévient Hélène Perraud, la responsable communication du parc de Branféré.
Pour nous, ce buzz autour des pronostics d'Obano sert avant tout à parler de préservation des girafes dans le monde
Hélène PerraudResponsable Communication Parc de Branféré
Des oracles qui se propagent à la vitesse de la lumière grâce aux réseaux sociaux. La presse écrite et les radios françaises surfent sur le buzz. " Nous avons même eu des journalistes d'une chaine de télévision japonaise qui nous ont appelés pour savoir si Obano pouvait donner le pronostic pour la rencontre Japon/Samoa. J'ai été obligée de leur dire qu'on ne faisait pas tous les matches et que notre démarche visait d'abord et avant tout de parler de la conservation des girafes." raconte Hélène Perraud.
Car il n'existe plus que 60000 mille girafes à l'état naturel en Afrique contre le double il y a trente ans. " Et en ce qui concerne les girafes de Rotchild comme Obano, elles ne sont plus que deux mille au Kenya, au Soudan et en Ouganda." alerte Alexandre Pétry, le directeur zoologique et scientifique du parc.
Des girafes en danger
Des animaux qui ont été trop chassés d'une part et dont l'habitat naturel a été beaucoup dégradé par l'homme. Beaucoup d'arbres ont été coupés et les girafes ne trouvent plus les feuilles fraîches dont elles ont besoin.
Dans la nature, les populations de girafes diminuent à cause de la destruction de leur habitat par l'homme.
Alexandre PétryDirecteur zoologique et scientifique Parc de Branféré
Depuis plusieurs années, un programme de reproduction en parcs zoologiques a été créé au niveau européen. Pour éviter que certaines espèces de girafes ne disparaissent définitivement. Un programme auquel appartient le parc de Branféré. " Ici à Branféré, nous avons un groupe de mâles. Obano est né au zoo d'Emmen aux Pays Bas. En prenant ces mâles chez nous, nous permettons à d'autres parcs de faire de la reproduction. Eux gardent un seul mâle et plusieurs femelles" précise Alexandre Pétry. Et il ajoute " Car dans la nature, il n'y a toujours qu'un seul mâle qui vit avec 5 à 15 femelles. S'il y a deux mâles, ils se battent".
Le parc animalier de Branféré qui, en plus de recueillir des mâles de Rotchild, se bat pour défendre le sort d'une autre girafe en soutenant l'organisation ASPN qui tente, elle, de préserver la girafe du Niger, elle aussi très en danger.
Reste à savoir si Obano, la girafe oracle du rugby aura donné le bon pronostic. Une certitude en revanche, le buzz autour de la girafe bretonne aura au moins servi à mettre en lumière le sort des girafes dans le monde.