La page Facebook Nounous en colère continue de rassembler de plus en plus d'adhérents. Les assistantes maternelles confient leurs problèmes de plus en plus fréquent de versements de salaire.
Sur Facebook, une page commence à agiter la toile. Nounous en colère a été créée le 9 novembre et rassemble près de 1 000 membres, en à peine un mois.
Le but de cette page ? Permettre aux assistantes maternelles de s'exprimer, de se soutenir et d'agir. Ensemble, elles soulèvent le problème récurant du non paiement des salaires. Ainsi Cécile attend un versement de 1 500 € d'une famille et a gagné aux prud'hommes. Alex, elle, attend désespérément ses bulletins de salaire pour pouvoir s'actualiser sur Pôle emploi, sous peine d'être radiée.
Mandy Thezier, assistante maternelle dans l'Ain, est l'initiatrice de la page. Nos confrères de France 3 Auvergne Rhône-Alpes l'avaient rencontrée.
" Je n'osais pas en parler "
Stéphanie Lévanen est assistante maternelle depuis 20 ans dans le Morbihan. Elle a tout de suite rejoint Nounous en colère. " Au début, je n'osais pas parler de mes problèmes, j'avais peur de me fâcher avec les parents. Mais ce n'est pas à moi d'avoir honte ! "Elle qui n'a jamais eu de soucis avec les familles connaît un problème lors de la rupture d'un contrat. " Les parents refusent de me régler les 400 € qu'ils me doivent depuis l'été 2016 ! Je n'ai pas le choix, je vais les poursuivre en justice. "
Défouloir et soutien
Comme elle, sur Facebook, des dizaines d'assistantes maternelles livrent leurs mésaventures. Isabelle raconte l'altercation qu'elle a eu avec un papa : " J'ai osé demander mon salaire en temps et en heure, et non avec une semaine de retard comme d'habitude. Il voulait que je démissionne. Il a été violent verbalement et a failli l'être physiquement ! Aujourd'hui, ils me doivent près de 1 000 €. Je vais aller aux prud'hommes. Je suis nounou depuis 14 ans et aujourd'hui, je ne sais pas si je pourrais continuer... Je suis vraiment marquée par ce qui m'est arrivée. "
Un défouloir pour raconter des souffrances que les nounous vivent le plus souvent seules, mais aussi de nombreux messages de soutien entre collègues : " Je suis de tout coeur avec vous et j'espère que vous arriverez à sortir de cette mauvaise passe. C'est une honte ! J'espère qu'ensemble nous arriverons à nous faire entendre ", encourage Mandy Thezier, en réponse à Isabelle.
Des rôles à déterminer
Selon Stéphanie Lévanen, le problème découle d'une mauvaise délimitation des rôles. Les assistantes maternelles sont parfois employées des parents qui deviennent employeurs, parfois employeurs à leur tour lorsqu'elles doivent réclamer des sommes dues, calculer leurs horaires... "Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Les parents débordent de plus en plus et nous, dès qu'on reprend notre rôle d'employeur, cela ne passe plus. "
Selon elle, les parents devraient être davantage guidés. " Certains parents ne déclarent pas leur nounou, ils n'ont pas eu le temps de le faire ou se perdent dans les démarches. L'assistante maternelle se retrouve à travailler illégalement sans le savoir. Elle n'est donc pas assurée."
Gardienne d'enfant : non !
Si Stéphanie ne compte pas changer de travail, elle regrette cette situation qui amène parfois les plus jeunes à abandonner le métier.
Sur la page Nounous en colère, la même envie : définir davantage les rôles pour de meilleurs rapports avec les familles. "Je ne suis pas qu'une gardienne d'enfant, déplore Stéphanie. Je suis assistante maternelle. Je veux travailler dans un climat apaisé."
? Pour le dernier épisode de notre mini-série consacrée aux assistantes maternelles, la parole est donnée à une maman qui nous raconte son expérience avec ce mode de garde. ? Le dossier NVI dédié à la petite enfance est toujours dispo en ligne : https://t.co/WdVu4fHkrJ pic.twitter.com/inrldgFzFs
— Ille-et-Vilaine (@ille_et_vilaine) November 30, 2018