C'est la vague "Orpea", suite à la parution du livre-enquête "Les fossoyeurs", qui touche désormais les Ephad, publics comme privés. Marie Lécuyer, directrice de trois établissements, réagit pour l'ensemble des professionnels bretons.
"Avec cette affaire, on a l'impression qu'on pointe du doigt l'ensemble des Ephad , alors que la grande majorité travaillent comme cela doit se passer, même si je ne nie pas certaines dérives", regrette Marie Lecuyer.
La présidente régionale de la Fédération Nationale des Associations de Directeurs d'Etablissements et Service pour Personnes Agées, est comme tous les professionnels touchée par la parution du livre-enquête sur le réseau Orpea, "Les fossoyeurs".
Elle même gère trois établissements publics à Vannes, les résidences Mareva, avec des personnes âgées dont certaines en grande dépendance, et une unité Alzheimer. Au total, 320 résidents pour 89 salariés.
Plus de financement pour rendre les métiers attractifs
"Nous avons une double difficulté", expose Marie Lecuyer," d'abord un souci de financement, car malgré les annonces du Ségur de la santé et les augmentations de salaires accordées aux personnels, tout n'est pas compensé." Il faut parfois financer certaines augmentations sur des fonds propres, explique-t-elle.
Mais le plus complexe pour le bon fonctionnement des établissements, c'est de conserver l'attractivité des métiers.
"En temps normal, on fait un accompagnement de qualité " explique Marie Lecuyer, "les aides soignantes et infirmiers qui sont ici ont fait un choix professionnel par vocation, pour privilégier la relation avec les résidents.
"Mais du fait des sous effectifs, nous sommes parfois obligé de prioriser. On laisse de côté le ménage. Parfois, la toilette se fait au lavabo plutôt qu'aux douches. Il nous faut plus de moyens" résume-t-elle
Les salariés sont fatigués
Marie Lecuyer
Depuis la crise sanitaire, il faut gérer les protocoles, remplacer les mamans quand il y a des gardes d'enfants à cause du Covid : un casse tête au quotidien, nous explique Marie Lecuyer, "alors que le secteur peine à recruter."
Les salariés sont fatigués, faute de moyens supplémentaires : "ils sont parfois rappelés pendant leur repos pour des remplacements d'urgence" souligne Marie Lecuyer, pour prendre un exemple.
Pour Marie Lécuyer, il est impératif de revaloriser l'image du métier et d'y mettre des moyens. Des rencontres sont déjà organisées dans les écoles d'infirmières et d'aides soignantes ainsi qu'à pôle emploi pour expliquer le métier et le rendre plus attractif.
"Si l'affaire Orpéa peut servir à quelque chose, ce serait d'attirer l'attention de nos politiques afin de trouver des leviers pour garder des effectifs en adéquation avec les besoins de nos résidents" conclut Marie-Lecuyer.
En Bretagne, Pôle Emploi, l'ARS et la Région organisent, avec nombres de partenaires, la semaine des métiers de la santé et du prendre soin, avec un certain nombre d'événements, à partir du 31 janvier, près de chez vous.