Avec sa passion et pour la voile, et pour le bois, Jacques Dauteille ne pouvait qu'être séduit par l'Avel Mad. C'était il y a dix ans sur les rives du lac d'Annecy, dans les locaux des Vieux Safrans. Des eaux intérieures faites pour ce dériveur, qui ne rechigne pas dans les risées du Golfe.
Dès qu'ils le peuvent, Jacques et Laura hissent l'Avel Mad sur une remorque, et cap sur la Bretagne. En famille, avec des amis, ils ne comptent plus les randonnées côtières sur ce dériveur presque confortable.
"On l'a alourdi, avec même un bar, enfin, ce que nous on appelle un bar" s'amuse Laura, qui apprécie plus son habitabilité que son côté sportif. "Il se met à l'eau facilement, et il s'échoue facilement" explique Jacques, attentif à choquer la voile sous les risées du Golfe du Morbihan, "il est ardent, bon marin, il a un bon rendement, et en plus il est en bois, c'est l'idéal".
Il faut dire qu'à l'origine, le Bélouga a été conçu par Eugène Cornu pour le champion de voile olympique Jacques Lebrun. Nous sommes pendant la Seconde Guerre mondiale, "et il a eu l'autorisation de construire ce dériveur pour les eaux intérieures, car on ne pouvait pas naviguer en mer" raconte Jacques.
A l'unité de Jacques Lebrun se sont rajoutées, "comme par hasard, des unités pour ses copains, les copains des copains…" Si bien qu'après-guerre, on comptait une dizaine de ces Bélougas dans des lacs comme le Bourget ou le Léman.
Une centaine sont encore en état de naviguer
Pas étonnant dès lors que la rencontre entre Jacques Dauteille et les "bélougistes" se soit faite sur le lac Léman, lors d'un rassemblement nautique. Un coup de foudre qui se confirme quelques mois plus tard lors d'un autre rassemblement sur le lac du Bourget.
Des bélougas, il y en a eu jusqu'à un millier d'unités construites au milieu des années 70, lorsque la production s'est arrêtée. Eugène Cornu avait fait une licence de ses plans, et de nombreux chantiers en ont construit, jusqu'en Algérie. L'Avel Mor a été construit à Meulan, sur les bords de la Seine, dans les Yvelines.
"Aujourd’hui sur les bateaux qui ont été construit l’association qui regroupe tous les belougas en France, O.I.C.O, en a recensé à peu près deux cent" explique Jacques, "dont une centaine qui est encore en état de naviguer."
Et c'est dans les hauteurs de Courchevel qu'a été restaurée la coque qu'a récupérée Jacques en 2008.
Après son canot de voile-aviron restauré sur les plans du Chasse-Marée en 1988, son canoé de 1932, la passion de la mer et du bois se passera avec l'association les Vieux Safrans, qui à Annecy se penche sur la santé des vieilles coques.
Encore aujourd'hui, "on restaure plein de vieux gréements, des bateaux de lac, des barques, des Requins, des Dragons mais aussi des canaux à moteur" raconte Jacques, "il y a un partage de savoir-faire pour l’entretien de nos bateaux, et la remise en état."
Une association dynamique
Ce directeur Général d'une grosse entreprise de logistique, qui parcourt l'Europe dans la semaine, fait de l'étanchéité le week-end. Et encore aujourd'hui, bien que l'Avel Mor porte bien ses années, il faut remettre ça l'hiver. "On voyage, mais dans l'atelier, car il faut poncer, vernir, refaire l'étanchéité".
Et aux beaux jours, retrouver les copains "bélougistes", qui profitent d'une association dont s'est occupé des années Alain Dupont-Houin, et qu'il a rendu particulièrement dynamique. L'OICO regroupe des plans Cornus à la Chapelle sur Erdre notamment, et jusqu'il y a peu, on y trouvait même une chorale de chants de marins.
On compte une douzaine de Bélougas dans la flotille 7 bis de la Semaine du Golfe, la cinquième pour Jacques et Laure, "dont un qui vient de République Tchèque".