Bicentenaire de Napoléon. Dans le costume d'un soldat de l'Empire, Benoît fait revivre Napoléonville

Benoît Gouriou est passionné de Napoléon. Membre d'un groupe de reconstitution, il endosse son costume de soldat sur les terrains de batailles historiques. Guide touristique à Pontivy (Morbihan), autrefois Napoléonville, ce "soldat de l'Empire" partage aussi ses connaissances lors de ses visites.

À 27 ans, Benoît Gouriou, installé à Pontivy dans le Morbihan, diplômé d'histoire et fort d'une licence en tourisme et patrimoine, est intarrisable sur l'histoire de Napoléon. Alors que se prépare les commémorations du bicentenaire de sa mort, le jeune homme fait partie des heureux élus retenus pour participer à un défilé prévu en mai avec 500 participants en costumes d'époque sur les Champs Elysées à Paris.

L'événement est pour le moment reporté mais cela n'entame en rien son enthousiasme. Au sein de son groupe de reconstituteurs, les Conscrits du Languedoc, il a déjà fait ses armes sur les champs de batailles de plusieurs grandes guerres napoléoniennes en Europe, lors de reconstitutions monumentales.


Benoît : fantassin, fusilier de ligne de Napoléon

Dans son groupe d'une quinzaine de membres, Benoît incarne un simple fantassin, fusilier de ligne de Napoléon. Tout commence par l'attirail et le costume. Au total, il a déboursé 4000 euros pour son équipement.

D'abord une réplique à l'identique d'un fusil, une giberne (cartouchière) et un havresac. Pas de tir réel bien sûr lors des combats, mais des balles en papier et de la poudre noire, comme à l'époque ! L'uniforme est composé d'un pantalon blanc, de guêtres montant jusqu'aux chevilles pour éviter aux cailloux de rentrer dans les chaussures.

Celles-ci sont en cuir avec des semelles de bois cloutées en dessous. Bas de laine, veste bleu/blanc/rouge (les couleurs de Napoléon) complètent le tout. 

Sur la tête, je porte un Shako. C'est un chapeau très haut noir, mélange de cuir et de feutre, orné d'une plaque en laiton avec l'aigle impérial, le numéro du régiment et une cocarde. Il est confectionné avec un faux fond. Il permettait de protéger la tête des fantassins en cas de coup de sabre d'un cavalier.

Benoît Gouriou, reconstituteur batailles napoléonniennes

Ainsi équipé, il peut se glisser dans son personnage, lors des rendez-vous sur les champs de batailles. Son baptême du feu à lieu à Waterloo en Belgique en 2012, pour les préparatifs des commémorations qui rassembleront 5000 soldats de différentes associations venues de toute l'Europe, lors d'un spectacle en public de trois heures, pour le bicentenaire en 2015.

J'avais peur, je n'avais jamais entendu de coups de feu, ou le bruit du canon, le son sourd des tambours. On entendait les combats mais on était caché dans les bois avec ma formation. Quand on a reçu l'ordre de monter au front, on a tout de suite été dans le bain. Je ne savais plus où j'étais, si c'était réel ou non !

Benoît Gouriou, reconstituteur, spécialiste de Napoléon

 

Une immersion intense : "j'en tremblais !"

Quand Benoît arrive au cœur de la bataille, il est saisi d'effroi. La cavalerie charge et lui, le fantassin, doit parer les attaques de sabre. Je n'ose pas imaginer ce que ressentaient les soldats à l'époque, confie-t-il.

Bien sûr, il s'en sort sans égratignure. Pour coller au mieux à la réalité historique des batailles, les organisateurs, afin d'équilibrer les forces en présence, décident juste de "sortir" de cet immense jeu de rôle certains participants, quand il est temps de décimer un bataillon ou de faire des prisonniers. 

Benoît a ensuite participé à la reconstitution du bicentenaire de la bataille de Leipzig en Allemagne où 600 000 soldats se sont affrontés durant trois jours. Pour les commémorations, ils n'étaient que 5000, venus de toute l'Europe et des USA en 2013. En 2014, il ira aussi dans l'Est pour célébrer l'invasion de la France.

"Mais, avec le temps, on s'habitue, comme les Vétérans", confie t-il.


Des reconstitutions qui soutiennent les thèses des historiens

La vie de ces soldats, c'est aussi le temps du repos et des bivouacs : là aussi, avec un grand souci du détail. L'installation est "à l'identique" , avec des artères de circulation, des zones dédiées à la cavalerie, aux fantassins, à l'état-major, encadrées par des patouilles pour éviter l'espionnage. 

Le temps du repas se fait autour d'une grande marmitte commune où chacun plonge sa cuillière à son tour dans le sens des aiguilles d'une montre, jusqu'à ce qu'elle soit vide.

La nourriture : du pain, de la viande séchée, du fromage à pâte dure, du riz, des oignons, mélangés à de l'eau et bouillie.

 

Une démarche d'archéologie expérimentale

Le hasard n'a pas sa place dans ces combats revécus deux siècles après. Pour les reconstituteurs historiques, l'époque doit être respectée à la lettre. Avant chaque mise en application sur le terrain, un long travail documentaire est nécessaire. 

On va lire des mémoires de soldats et d'officiers, analyser des gravures, des dessins et des tableaux d'époque. On va dans des musées pour examiner certains objets. On tente d'étudier les règlements militaires. C'est un travail très rigoureux avant chaque mise en application.

Benoît Gouriou, reconstituteur, spécialiste de Napoléon

Le travail de ces passionnés est si pointu que certains historiens se basent sur leurs reconstitutions in-situ pour vérifier certaines de leurs thèses. 

À Pontivy : raconter Napoléonville aux enfants

C'est en voyant le téléfilm "Napoléon" en quatre épisodes diffusés sur France2 en 2002, que le jeune Benoît va tomber dans la "Napoléonomania" si l'on peut dire : des milliers de figurants, des costumes, un budget record et des vedettes pour incarner les personnages (Christian Clavier, Gérard Depardieu,  John Malkovich), c'est la révélation ! La Révolution et l'Empire sont en toile de fond de cette saga, de quoi avoir envie d'en savoir plus.
 


Les parents du jeune garçon vont donc assouvir sa curiosité en lui achetant des livres pour enfants sur cette période, puis des ouvrages d'historiens. Ses études suivront jusqu'à le conduire à Pontivy, où il va proposer ses services à l'office du tourisme en tant que guide, pour mettre en lumière le lien de sa ville avec l'Empereur. 

Pontivy est en effet choisie en 1802 par Napoléon pour devenir une ville nouvelle à cause de sa position stratégique. Elle va devenir un temps Napoléonville. Place d'armes, élégants bâtiments, grande caserne, palais de justice, églises, sont érigés tandis que sont entrepris les travaux de construction du canal de Nantes à Brest.

Terminée sous Napoléon III, la cité témoigne encore de la puissance voulue à l'époque, avec les noms de ces artères qui commémorent des victoires impériales comme la rue d'Iéna ou le quai d'Arcole.

Cet été, Benoît va à nouveau revêtir son uniforme pour proposer des visites guidées grand public, aux familles et aux enfants, pour  faire découvrir ce pan encore méconnu de l'histoire de Pontivy.

Une sortie ludique car chacun peut revêtir un costume d'époque prêté pour l'occasion. À la fin de l'itinéraire, on peut s'initier à une danse du premier Empire en musique et pratiquer le maniement des sabres des cavaliers napoléoniens.

À l'occasion du Bicentenaire, un jeu de piste est par ailleurs en préparation ainsi qu'une exposition mettant en parallèle Pontivy et sa voisine La Roche-sur-Yon, en Vendée : les deux villes impériales de Napoléon en France.

 

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