"Quand on représente la culture bretonne, ses valeurs de partage et de bienveillance, il y a un devoir d'exemplarité. Et ce qui s'est passé est intolérable". A quelques jours du Festival interceltique de Lorient, le bagad d'Auray vient de sanctionner quatre de ses membres. Avec deux exclusions et deux avertissements. Une sanction "arbitraire" aux yeux du penn-soner, qui a décidé de claquer la porte.
L'affaire fait évidemment désordre à quelques jours du Festival Interceltique de Lorient, et de son concours des bagadoù le 5 août.
A Auray, la Kevrenn Alre, le bagad, vient de prendre des sanctions à l'encontre de quatre de ses membres, quatre hommes. Deux ont été exclus, deux autres ont reçu un avertissement. Décision actée le 28 juillet 2023 par le conseil d'administration de l'association.
"Comportements inappropriés"
Les sanctions ont été prises pour des "comportements inappropriés" explique Jean-Patrice Colin, le coordinateur à la Kevrenn.
Les faits remontent au samedi 22 juillet au Festival de Cornouailles. Ils se sont déroulés en fin de soirée devant un pub où traditionnellement se rassemblent les bagadoù, après leurs prestations respectives.
"Rien à voir avec des violences à caractère sexiste ou sexuel, précise Jean-Patrice Colin. Mais il y a eu violence verbale et physique entre membres du bagad. A priori sur fond d’alcool. En public."
"Quand on s’appelle la Kevrenn Alre, qu’on représente la culture bretonne, avec des valeurs de partage et de bienveillance, on ne peut pas tolérer ça, même si ce n’est pas sur scène. En l’occurrence, c'était dans un lieu public, et ces agissements sont intolérables…"
Un devoir d’exemplarité
Pour expliquer ces sanctions, le bagad explique s'être appuyé sur son règlement intérieur.
"Il stipule que tout comportement inapproprié d’un membre de l’association peut justifier son exclusion. Et en l’occurrence ce fut le cas. La décision est d’autant difficile à prendre que figure parmi les personnes sanctionnées un pilier de l’association notamment, un vice-président… C’est donc très compliqué humainement, mais avoir des responsabilités implique aussi un devoir d’exemplarité" souligne Jean-Patrice Colin.
"La Kevrenn est une structure qui rassemble 270 personnes, ajoute le président Jacques Le Levier. Avec école de musique, école de danse, un bagadig champion de Bretagne 2023, un cercle ado, un bagad, un groupe de danse... C’est une belle association de plus de 70 ans. Avec un héritage. Qu’il faut préserver. On peut avoir de l’amitié, de la sympathie pour des gens. Mais quand il y a des problèmes graves qui entachent le "vivre ensemble", on se doit d’intervenir. On assume, on n’avait pas le choix"
En soutien aux exclus, le Penn-soner s'en va
Mais les sanctions ont entraîné un effet ricochet. Et pas des moindres. En soutien aux exclus, et à quelques jours du concours, Malo Saout, le penn-soner du bagad, a décidé de claquer la porte. Et s'en est expliqué sur les réseaux sociaux sur un post Facebook supprimé depuis.
"Malgré des erreurs commises, je ne tolère pas que des personnes qui s’investissent depuis très longtemps à la Kevrenn Alré, souvent corps et âme, soient exclues comme des chiens galeux sur des critères discrétionnaires, arbitraires et partiaux."
"À 8 jours du concours, je me suis retrouvé face un conseil d’administration incapable d’avoir l’intelligence, la politesse et le respect de laisser ces personnes terminer leur parcours décemment à la fin du concours de Lorient."
"Pas de conséquences pour le concours au Festival"
Si Jean-Patrice Colin prend acte de la décision de Malo Saout, il affirme que les arguments des personnes mises en cause ont été entendus par le conseil d'administration. Avant les sanctions.
"Il n'y aura pas de conséquences pour le concours, termine-t-il. Le bagad a décidé de continuer son programme de répétition et de stage pour être présent. Tout le monde est au travail et nous serons au rendez-vous".