Ils sont en grève depuis presque une semaine. Près de 80 médecins généralistes du Morbihan protestent contre une revalorisation de la consultation qu'il juge trop faible. Ils dénoncent également le carcan administratif et comptable de la Sécurité sociale. Un ultimatum est lancé au gouvernement, si rien ne change au 1er février 2024, ils se déconventionneront. Une décision lourde de conséquences pour les patients les plus pauvres.
"Bonjour, avis de grève nationale des médecins généralistes. Le cabinet sera fermé ce vendredi 13 octobre. Une grève reconductible probablement la semaine prochaine. En cas d’urgence, merci de composer le 15." Sixième jour de Grève dans ce cabinet médical de Ploemeur dans le Morbihan. Aucune consultation et ce message vocal lorsque les patients appellent.
"On me demande d’être très efficace en médecine et de ne pas coûter cher à la sécu, nous explique Vincent Toupin, médecin généraliste qui est en grève pour la première fois de sa carrière. La consultation toutes les 10 minutes qu’on me demande depuis 3 ou 4 ans, c’est de la médecine d’abattage que je refuse de faire au cabinet."
Il s'est installé en 2018 à Ploemeur. Il reçoit une trentaine de patients chaque jour. "Je n’ai pas fait médecine pour expédier les patients en deux secondes avec à la fin une ordonnance et au revoir…"
Les insultes du gouvernement
La revalorisation de la consultation d’un euro cinquante au 1er novembre ne change rien à son exaspération. "On a rigolé au début puis on s’est sentis insultés par le gouvernement. L'État considère donc que la valorisation de la médecine générale sur ces temps, vaut 1€50. Un paquet de M&M's !"
Ultimatum au gouvernement
Au-delà du tarif des consultations, ce sont les objectifs fixés par la caisse d’assurance maladie qui conduisent 80 praticiens de Lorient et Vannes à menacer de se déconventionner en février 2024 si les négociations nationales n’aboutissent pas. Une décision aux conséquences lourdes pour les patients qui ne seraient alors remboursés que de quelques centimes contre 17,50€ aujourd’hui.
Un courrier de ce collectif a été déposé symboliquement mardi 17 octobre au siège de l'assurance maladie à Vannes. Tous dénoncent un carcan administratif et comptable. "C’est cadré, il faut que ça rentre dans des cases et des priorités économiques, raconte Gwenael Taton, généraliste à Port-Louis. Un humain ne rentre pas dans une case. Chaque patient est différent, chaque pathologie est différente et chaque prise en charge est différente."
Les médecins dénoncent également de nombreuses erreurs dans les comptes et les statistiques de l'assurance maladie. Les médecins perdraient beaucoup de temps à les rectifier. Nombre de généralistes ne voient pas d’issue à la situation. Ils envisagent de poursuivre la grève ou pour certains de changer de métier.