L'île d'Arz est à 20 minutes de traversée depuis le port de Vannes. Le combi de Paroles Citoyennes a pris la mer pour aller à la rencontre de ceux dont la vie ne se fait plus à terre mais sur un petit bout de terre. Alors la vie sur une île ? Qu'en est-il ? Est-ce si différent ? Rencontres.
L'île d'Arz fait partie des îles du Golfe du Morbihan. Cette commune insulaire passe de 226 habitants l'hiver à 2 500 en été. Un petit caillou d'une beauté brute autant pour son littoral que pour ses petites rues, maisons, et jolis cafés.
Très bien désservie par des navettes, la population dispose d'un bateau-bus toute les heures entre 7 h et 20 h. De quoi permettre de bénéficier des services de la ville de Vannes, autant pour les loisirs comme aller au cinéma, que pour se rendre chez le médecin.
L'hiver, la commune de l'île d'Arz n'est pas coupée du monde et sa population qui vieillit continue de savourer des moments ensemble, avec les associations, les cafés, pour échanger et se retrouver.
La population d'une île vit autrement.
L'insularité c'est être entouré par la mer et en même temps ouvert sur le monde
Le mode de vie y est décalé, tranquille. Cyril Le Tellier s'est installé il y a quatre ans pour tenir l'un des deux cafés ouvert toute l'année. "C'est un monde à part une île", il lui aura fallu un peu de temps pour organiser les approvisionnements pour son bistrot, faire face aux intempéries qui enpêchent les livraisons.
Il faut le vivre pour savoir ce que c'est. Cyril.
Cyril dissocie la vie en France de celle de son rocher. Les préocuppations ne sont plus les mêmes, le regard porté sur la vie politique du continent est comme repoussé par la marée.
Philippe hésite à nous parler de son île. Le calme fait partie de la beauté du caillou et le risque de faire venir plus de touristes le freine. "Cette île, je ne veux pas trop en faire la pub". En profiter, savourer ce coin exceptionnel, représente le passe temps favori de ce Nantais. Un pied à la ville, un pied dans ses bottes jaunes.Tous les avantages de la ville sans les inconvénients. Alain
La famille d' Alain est orginaire de l'île d'Arz. 300 ans que ses racines sont implantées dans ce qu'il ressent comme être une pépite dans un golfe magnifique. Alors bien-sûr Alain connaît tout le monde, et ce sent comme chez lui aux quatre coins de l'archipel.
Une île loin d'être isolée
Les vedettes maritimes sont fréquentes. Les bateaux-bus assurent une rotation continue toutes les heures du matin au soir et rassurent une population. Les avantages rien que les avantages. Alors pourquoi partir ?
Alain peut se poser la question, lui retraité de la Marine, mais les jeunes ?
Moins d'embouteillage qu'à Paris. Cédric.
Si habiter sur une île représente une contrainte pour certains, Cédric s'en amuse. Ce jeune Suisse s'est implanté depuis une dizaine d'années. Il sourit en comparant Arz à Paris où il faut souvent faire plus d'une heure en transport en commun pour rallier son travail. Alors faire 15-20 minutes de bateau.
La population est vieille, ça manque de jeunes. Michel.
Cédric s'est installé comme menuisier. Beaucoup souhaiteraient que d'autres jeunes suivent son chemin. Pas toujours simple de trouver un emploi qui ne soit pas saisonnier alors que l'île ne manque pas de "connexion", équipée de la fibre. Le télétravail, une alternative qui permettrait peut-être de faire venir des familles, de relancer l'école. Moins d'une dizaine d'élèves sont scolarisés dans la classe unique de l'île. C'est peu et cela inquiète.
L'hiver, l'île d'Arz dispose d'une épicerie, de cafés, d'infirmiers et de cette école. Malgré l'affluence de la belle saison, cela ne suffit pas pour les commerces. "Il faut faire le dos rond, dans l'attente des beaux jours", souffle l'un d'entre eux.
Les gens ont quitté l'île. Thierry
La population ne connaît pas de renouvellement. L'île compte 1000 résidents permanents entre 1800 et 1900, un chiffre qui a chuté. Thierry redoute de faire partie des derniers à vivre et travailler sur cette île si importante à ses yeux.
"Le cordon ombilical d'une île c'est son port", Thierry regrette que celui de l''île d'Arz n'ai pas su se développer pour faciliter le développement du rocher et suivre les besoins des résidents permanents.
L'île d'Arz, une île pas comme les autres
Celui qui la résume le mieux est peut-être Jean Bulot. Lui l'ancien pilote de l'Abeille Flandres. Né ici, il y vit depuis 80 ans. Il ne retourne "que le moins possible sur le continent".
Nous sommes à l'abri des tempêtes, à l'abri de la mer, c'est un choix de vie. Jean Bulot
Arz n'est pas comme les autres, pas comme les îles du Ponant, Groix, Houat, Hoëdic. "Ici nous sommes à une encablure de la terre, on peut désarmer l'hiver, soulever les filets le matin et écrire ses bouquins l'après-midi."
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