A Vannes, mais aussi dans près de vingt autres villes françaises, le collectif RAFU, "Résistances Aux Fermes-Usines" lance une journée de mobilisation. Une opération pour réclamer un moratoire sur les futurs projets de création ou d'extension d'exploitations de production animales mais aussi contre les constructions d'abattoirs industriels ou encore de serres légumières géantes chauffées.
A l'approche d'un vote en fin d'année sur la Loi d'Orientation Agricole à l'Assemblée Nationale, le collectif RAFU "Résistances Aux Fermes-Usines" a lancé une première journée de mobilisation avec une vingtaine de rassemblements dans le grand ouest dont la Bretagne mais aussi à Lyon, Limoges, ou Blois. Le but affiché de ces mobilisations est d'obtenir un moratoire sur les projets d'extension ou de créations d'exploitations agricoles comme les fermes usines.
Une marche des cochons
Comme par exemple à Priziac dans le Morbihan où plus cent cinquante personnes ont participé à une "marche des cochons" et manifestent contre deux projets d'extension de porcherie. Présent à cette mobilisation, Jesse Robert, habitant de Priziac et membre du RAFU local. "Ici nous subissons les pollutions d'ammoniac liées aux élevages. Nous sommes la dixième commune la plus touchée en Bretagne sachant que nous sommes la première région émettrice en Europe et on veut pouvoir dire les choses". Une banderole à la main, il poursuit sa marche des cochons en ajoutant "Nous avons remarqué que c'est quand on ne parlait pas des sujets, qu'on ne voulait pas rendre visibles les problèmes, que cela avait tendance à faire émerger les violences."
Les exploitations visées par la manifestation à Priziac sont des entreprises sérieuses
Dominique NinivenMaire de Priziac (Morbihan)
Interrogé par une équipe de France 3 Bretagne, Dominique Le Niniven, maire de la commune depuis trois mandats et conseiller départemental a lui aussi son avis sur la question. "Je peux comprendre les craintes des manifestants mais en même temps, je ne les partage pas forcément. Ces deux élevages visés par la manifestation sont des entreprises sérieuses et exemplaires pour moi."
Parmi ces deux projets, il y a celui d'une extension de porcherie sur la commune qui est actuellement sur le bureau du préfet du Morbihan. Contactés par une équipe de France 3 Bretagne, les agriculteurs ont refusé catégoriquement de s'exprimer.
Dans les Côtes d'Armor cette fois, deux rassemblements sont prévus. Tout d'abord à Plestin-Les-Grèves où la baie est bien connue pour ces marées vertes. Quelques dizaines de manifestants avec dans la main des pancartes pour s'opposer à l'extension d'une exploitation de volailles. Une demande pour un passage de l'exploitation de cinquante mille poules à cent quatre-vingt mille poules.
Contre un poulailler géant à Plestin-les-Grèves
Parmi les manifestants, Fanche. Elle est membre du Collectif "Bretagne contre les Fermes-Usines" et a décidé de retrouver dans la même journée plusieurs sites de rassemblements dans les Côtes d'Armor dont celui de Plestin. "Nous, ce que l'on porte, c'est un moratoire contre tous ces projets. Nous voulons la suspension de toutes ces nouvelles opérations pour laisser place au temps du débat. C’est-à-dire, ce que nous voulons dans nos assiettes et aussi comment nous les produisons sans polluer ni les eaux ni les sols."
Et elle ajoute "Ce 7 octobre est une date particulière. Cela nous permet de fédérer de multiples actions locales et de les porter au niveau national".
En Bretagne, nous produisons de moins en moins de cochons, de bovins et de volailles. Et on importe de plus en plus. C'est un enjeu pour notre souveraineté alimentaire.
André SergentPrésident Chambre Régionale d'Agriculture de Bretagne
Des termes comme fermes usines ou d'exploitations géantes qu'André Sergent, Président de la Chambre Régionale d'Agriculture de Bretagne réfute complètement. Pour ce syndicaliste, une chose est certaine "Il y a des tailles différentes en Bretagne mais globalement, nous avons des exploitations tout à fait moyennes." Et il ajoute "En fait on n'agrandit plus rien du tout. On essaie de maintenir ce que l'on a." Le porte-parole des agriculteurs va même plus loin. "On assiste en Bretagne à une décapitalisation du secteur agricole. On produit moins de porcs, de volailles et de bovins et on n'en importe de plus en plus. Si on ne laisse pas quelqu'un qui veut faire évoluer sa structure, c'est sûr qu'on va s'écrouler."
La moitié des fermes usines en Bretagne selon Greenpeace
Pourtant, l'association écologiste Greenpeace évoque dans un rapport, publié il y a trois jours seulement et consacré à l'élevage, la présence de plus de trois mille fermes usines en France dont plus de mille quatre cent en Bretagne. L'association liste même les productions concernées : quatre-vingt-huit millions de poules et un million six cent mille cochons dans la région. Greenpeace qui pointe du doigt "ces fermes usines présentes sur notre territoire qui engendrent des pollutions environnementales graves mais aussi des problèmes sanitaires."
Cette coalition des oppositions locales est une première étape
FancheMembre Collectif Bretagne Contre les Fermes Usines
De leur côté, les manifestants anti fermes usines ont décidé de conclure leur journée de mobilisation devant les différentes préfectures des départements. "On va dire aux différents préfets qu'il faut qu'ils revoient leurs copies et qu'ils ne signent pas ces demandes d'extension." prévient Fanche, membre du collectif "Bretagne contre les fermes usines." Et elle ajoute "Cette journée n'est qu'une étape. Nous allons poursuivre un travail notamment avec des députés de la NUPES pour écrire des amendements à l'occasion des débats à l'Assemblée Nationale sur la Loi d'Orientation Agricole."