"On donne de l'argent et l'entreprise fait le mort". Victimes d'un constructeur immobilier, ces familles portent plainte pour "escroquerie"

Dans le Morbihan, un constructeur immobilier, basé à Vannes, se serait montré peu scrupuleux à l'égard d'une vingtaine de familles. Certaines d'entre elles ont déjà porté plainte pour "escroquerie et abus de confiance". Elles attendent que justice soit rendue pour, enfin, faire avancer les travaux.

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À Tréffléan (Morbihan), Olivier Wartel avait tout prévu pour sa retraite : utiliser ses économies pour construire un pavillon et le mettre en location. Mais en ce début de mois de mars 2023, de sa maison, il n'y a que les murs et le sol. Après le début des travaux, il y a deux ans, tout s'est arrêté à l'automne 2023. 

"Là, il y a une buanderie, des WC, une salle de bains et deux chambres, désigne-t-il du doigt. C'est une petite maison de plain-pied toute simple." Olivier Wartel estime les frais de construction à environ 140.000 euros. Sur cette somme, il explique avoir versé 116.000 euros, en trois versements. Et "pour finir la maison, il faudrait 80.000 euros, parce qu’il faut compter l’inflation comme les devis ont deux ans d’ancienneté."

L'entreprise placée en liquidation judiciaire

À Elven (Morbihan), Émilie Maho est elle aussi loin de voir les travaux se terminer. Dans les murs de sa maison, elle montre les endroits où des parpaings étaient manquants et laissaient passer l'air extérieur. Elle a dû combler les trous par elle-même. Autres dégâts, des infiltrations d'eau : "Les couvertines n'avaient pas été posées, donc on avait des infiltrations à toutes les fenêtres et on a aussi mis des joints à toutes les fenêtres. Il faut qu'on finisse : il reste tout le placo, l'électricité, à nos frais sans doute..." La chambre reste donc inutilisable.

"On a quasiment tout payé, si on veut finir, ce sera par nous-mêmes, et il faudra trouver de l’argent, se désole-t-elle. On ne peut pas prendre un avocat, ça va prendre des années et pendant ce temps-là, les filles n’ont pas de chambre."

On a quasiment tout payé, si on veut finir, ce sera par nous-mêmes, et il faudra trouver de l’argent

Émilie

Habitante d'Elven (Morbihan)

Maisons d'i, l'entreprise missionnée par Olivier Wartel et Émilie Maho pour réaliser la construction, était en cessation de paiements depuis août 2022. Elle a été placée en liquidation judiciaire le 16 février 2024. Ils seraient une vingtaine à avoir subi la mise à l'arrêt des travaux de leur maison. Ce serait le rachat de l'entreprise en 2021 qui aurait changé la donne.

Des actions déjà engagées en justice

Un groupe WhatsApp a été créé et regroupe déjà une vingtaine de personnes, qui s'estiment victimes du constructeur. Parmi celles rassemblées devant l'église Saint-Guyomard ce dimanche 3 mars 2024, Carole Gouadon réclame justice : "On donne de l’argent, on n’a plus de nouvelles, l’entreprise fait le mort et nous laisse sans chauffage en plein hiver. On a dû faire installer un poêle à bois avec l'argent de notre famille, sinon on ne s'en sortait pas."

On espère que la justice fera son travail

Carole Gouadon

Membre du collectif "Les victimes des Maisons d'i"

Elle explique qu'il lui faudrait 60 000 euros pour régler tous les problèmes de construction. "On ne les a pas, on ne sait pas comment s’en sortir. On veut de la justice, pour le nombre de personnes qui sont touchées aujourd’hui, que les assurances fassent leur travail parce que 60 000 euros, avec les taux d’intérêt des emprunts, c’est impossible, on est bloqué" s'écrie-t-elle.

Carole Gouadon, comme d'autres, a déjà déposé plainte pour "escroquerie et abus de confiance". Une action collective pourrait être engagée devant la justice. Les sommes indûment touchées par le constructeur se chiffreraient à plusieurs centaines de milliers d'euros. 

Contactée par téléphone, l'entreprise est sur répondeur. Le message indique que "tous les correspondants sont occupés".

(Avec Isabelle Rettig)

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