"On était fou de joie de tourner pour Alain Resnais". Un festival de court métrage rend hommage au cinéaste breton

Alain Resnais, cinéaste breton, multirécompensé, a laissé une œuvre cinématographie très dense. Dix ans après sa disparition, le "Festival de court métrage Alain Resnais" lui rend hommage, dans le souci de préserver sa mémoire, pour les jeunes générations.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

À Vannes, du 18 au 20 octobre, un hommage à Alain Resnais, sera rendu à l'occasion du festival qui porte son nom  "Le Festival de court métrage Alain Resnais". Pierre Arditi, l'un de ses acteurs fétiches, sera le parrain de cette première édition.

Damien Guerrier et Marie-Laure Berthelin, deux cinéphiles passionnés, sont à l'initiative de ce festival. Ils ont créé l'association "An Loen". Cette association aide à promouvoir les courts métrages des jeunes talents, fraichement sortis d'école de cinéma, "tout comme l'a été, un jour, Alain Resnais avant de devenir un cinéaste multirécompensé" précise Damien Guerrier.  

Un réalisateur phare, mais méconnu chez les plus jeunes

Alain Resnais, réalisateur, scénariste, monteur, est connu dans le monde du cinéma français et des cinéphiles, mais de moins en moins, par les plus jeunes.

En 1978, il obtient le César du meilleur réalisateur pour "Providence", en 1994 pour "Smoking/No smoking" puis en 1998 pour "On connaît la chanson". En 1980, il reçoit le Grand Prix jury au Festival de Cannes pour "Mon Oncle d'Amérique" ainsi que le Prix exceptionnel du Jury au Festival de Cannes pour l'ensemble de sa carrière en 2009.

C'est un "devoir de mémoire qui servira à la nouvelle génération", explique le directeur d' "An Loen". "Il fallait rendre hommage au cinéaste breton qui a marqué à jamais le film français ".

Il est important de conserver la mémoire pour qu'elle ne s'échappe pas, et de transmettre à cette pépinière de futurs réalisateurs et scénaristes, car ce seront, eux aussi, peut-être, des futurs grands cinéastes.

Damien Guerrier

Directeur du Festival

Pour Damien Guerrier, "les personnes d’un certain âge le connaissent, mais les jeunes ne savent pas qui il est. Et encore moins qu’il est né et a passé sa scolarité à Vannes ".

Un cinéaste vannetais

Alain Resnais est né en 1922, à Vannes, dans le Morbihan, une ville et une enfance dont il n'a pas gardé de bons souvenirs. Son père est pharmacien dans le centre-ville. Un milieu petit-bourgeois, catholique et très strict, dont l'enfant s'échappe comme il peut. "Vannes, à l'époque, c'était une petite ville de province, fermée, souligne Marie-Laure Berthelin, il a aussi été élevé au collège Saint-François Xavier, chez les jésuites, qui n'étaient pas très libertaires, tout ça pour un petit garçon curieux, qui avait envie d'explorer plein de choses, adorait la bande dessinée, avait envie de découvrir le monde, Vannes était un peu étouffant." Il faut ajouter aussi que l'enfant souffre d'un asthme très sévère qui le handicape beaucoup.

Une passion précoce pour le 7ᵉ art

"Il aimait aussi les salles obscures et il y avait deux cinémas à l'époque à Vannes, l'un paroissial et l'autre tenu par un pasteur, l'Eden" rappelle encore Marie-Laure Berthelin. D'ailleurs, il séchait le scoutisme pour aller voir des films, et je pense qu'il en voyait un maximum, quitte à les revoir plusieurs fois !" poursuit-elle.

Il a douze ans quand son père lui offre une caméra à Noël. "Cela a nourri son imaginaire et filmer est devenu une passion", rapporte encore l'initiatrice du festival. L'adolescent tourne des courts-métrages avec ses camarades. Des petits films qu'il leur montre, une fois le montage réalisé, dans une petite salle de projection, aménagée dans une chambre. Il n'a déjà qu'une hâte, monter à Paris.

À 14 ans, ses vœux sont exaucés, il quitte la Bretagne et part s'installer chez sa tante, qui vit dans la capitale. Alain Resnais étudiera le montage à l'Idhec (devenu maintenant La Fémis, NDLR), école de cinéma, et vivra ses premières expériences professionnelles avec Agnès Varda. Un art de la construction au cinéma qui marquera l'ensemble de ses films.

Un hommage "comme une évidence" pour Claude Lelouch

Pour préserver la mémoire du réalisateur, on peut trouver sur le site Festival Alain Resnais de nombreux témoignages de ceux qui l'ont bien connu.

Pierre Arditi, honoré d'être le parrain du festival, se souvient d'un homme très respectueux des acteurs et de l'équipe du tournage. Comme beaucoup d'autres comédiens, il se rappelle qu'il se rendait immédiatement disponible, dès lors qu'Alain Resnais le sollicitait pour un scénario.

Je faisais place nette pour lui. Il n'était pas possible pour moi de refuser un film de Resnais. On était fou de joie de rentrer dans un de ces films. Quand on sortait de tournage, on était momentanément orphelin.

Pierre Arditi,

parrain du festival

Pour le réalisateur et producteur, Claude Lelouch, l'hommage rendu au grand metteur en scène breton, parait comme une évidence.

"Il a réalisé de très grands films. Il mérite un festival à lui tout seul pour le remettre au goût du jour. Il se passe tellement de choses dans le monde du cinéma qu'il ne faut pas oublier les très grands. Ce festival va donner beaucoup de plaisir à ceux qui y participeront" dit-il.

L'acteur, metteur en scène et scénariste Benoît Podalydès lui, souligne la liberté du réalisateur. "La liberté d'Alain Resnais n'était comparable à aucun autre cinéaste. Son approche légère et ludique à la fois, quand bien même, il s'agissait d'un sujet grave, était remarquable. Resnais avait le sérieux des enfants qui jouent" confit-il.

Resnais, avait le sérieux des enfants qui jouent. Sa liberté de créer, ses audaces, m'ont fortement stimulée.

Benoît Podalydès,

acteur, metteur en scène, scénariste

"Mon oncle d'Amérique", tourné en 1979, sur une des îles Logoden, dans le golfe du Morbihan, est un film qui marquera un tournant dans la carrière d'Alain Resnais, par l'humour qui s'en dégage. Une unique incursion cinématographique sur sa terre natale aussi.

André Dussolier, lui, a rapporté au Directeur de l'association "An Loen", qu'il se souvenait d'une anecdote que le cinéaste avait partagée avec lui. Il s'agit d'une conversation avec sa mère, en rapport avec la particularité de ses films.

"Pourquoi tu ne fais pas des films comme les autres" lui avait demandé sa mère. Et Alain Resnais avait répliqué "parce que les autres le font".

André Dussolier

Meilleur acteur en 1998 pour "On connaît la chanson".

La première édition de ce festival en hommage au grand cinéaste breton se tiendra à Vannes, du vendredi 18 au dimanche 20 octobre 2024.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information