REPORTAGE. "C'est le pont de la misère". Dans cette commune, l'interdiction de circuler sur un pont fait tourner les habitants en bourrique

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Le pont, datant du XVe siècle, est fermé à la circulation depuis 3 ans
Le reportage de Nicolas Corbard et Stéphane Izad ©France 3 Bretagne

Fermé à la circulation par la préfecture du Morbihan depuis 3 ans, le petit pont de Buléon cristallise le ras-le-bol des habitants de la commune. L'ouvrage d'art, fragilisé par le passage des véhicules, s'est dégradé au fil du temps. Si le Département est prêt à faire les travaux, l'Etat dit non au motif que le propriétaire du domaine voisin refuse d'assécher son étang. "Effacer cette retenue d'eau collinaire n'a aucun sens" dit-il.

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À Buléon, petite bourgade de 550 habitants du Morbihan, la fermeture du pont sur la route départementale 165 n'en finit pas d'alimenter les conversations. Et depuis un bon bout de temps. Car l'ouvrage d'art est interdit à la circulation des véhicules lourds depuis 3 ans, ainsi qu'aux voitures et aux piétons depuis un an. "Y a des jours, j'en ai ras-le-bol, confie le maire, Pierre Bouédo. On n'arrête pas de me dire : 'Et ton pont, qu'est-ce qu'il en est de ton pont ?'. D'abord, ce n'est pas le mien. Mais c'est clair que, dans cette histoire, on marche sur la tête".

La clef sous la porte

D'un côté, le Département du Morbihan qui donne son feu vert pour les travaux. De l'autre, la préfecture qui "bloque le dossier, selon le maire, au motif qu'il faut assécher l'étang juste à côté". Et au milieu, le propriétaire de l'hôtel-restaurant du domaine de la Ferrière, lequel, depuis que la route est coupée, a dû mettre la clef sous la porte, faute de clientèle. "C'est l'accès à mon domaine, explique Yves Perdreau. Donc, forcément, les gens ne viennent plus puisque c'est inaccessible. L'activité de l'hôtel et du restaurant a périclité petit à petit. Mais là, j'ai tout arrêté. C'est la liquidation judiciaire".

L'étang se situe sur sa propriété. L'homme, âgé de 75 ans, ne comprend pas cette réglementation de l'Etat qui exige son assèchement. "Effacer cette retenue d'eau collinaire n'a aucun sens, explique-t-il. Elle a plus de 200 ans, elle fait partie du patrimoine et c'est un paradis pour la biodiversité". Et de citer les anguilles, les brochets, les salamandres qui vivent sur ce plan d'eau. "Sans parler des colverts qui, au moment de la migration, arrivent par centaine ici" souligne Yves Perdreau.

"Le problème à la légère"

Le propriétaire du domaine rappelle que le gouvernement "incite à recréer des retenues d'eau collinaire. On est dans le 'en même temps', ironise-t-il. Il faut que j'assèche l'étang et, en même temps, au plus haut niveau de l'Etat, on parle de conservation".

Le maire de Buléon n'a pas oublié, lui, les vœux du préfet du Morbihan, en 2023, au cours desquels "il a affirmé qu'il fallait protéger l'eau à cause des incendies, affirme l'élu. Et là, on va faire tout le contraire".

Reste que le petit pont de 20 mètres de long s'est fragilisé au fil des ans, avec le passage des poids lourds et autres engins agricoles. "Le Département, selon moi, a pris le problème à la légère, déplore Yves Perdreau. D'autant qu'on avait signalé que ça se dégradait. L'état de la route aujourd'hui, je n'y suis pour rien, c'est du domaine public. Et je paie le prix fort" ajoute le septuagénaire qui a vu le projet de toute une vie s'éteindre avec l'arrêt de son activité.

À Buléon, certains parlent "du pont de la misère", tellement cette histoire pèse ici. Une pétition a même vu le jour. Le maire de la commune ne cache pas sa lassitude, surtout que la déviation mise en place oblige les habitants et les poids lourds à faire un détour de près de 10 km, fragilisant cette fois les routes communales. "Elles ne sont pas adaptées pour recevoir autant de circulation, explique Pierre Bouédo. Mais la solution serait que le préfet annule son arrêté qui interdit la circulation à cet endroit et autorise le Département à faire les travaux, sans vider l'étang. Et après, on verra la question du plan d'eau".

La préfecture du Morbihan indique, pour sa part, travailler sur le dossier.

(Avec Nicolas Corbard)

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