Usine Michelin à Vannes. Les raisons de la fermeture ... et de la colère

Alors que le groupe Michelin, numéro un mondial de la fabrication de pneus, a annoncé la fermeture de deux sites de production à Vannes et Cholet, menaçant 1200 emplois, salariés et élus demandent des comptes à l'entreprise. Si elle a accusé une légère baisse des ventes cette année, elle a aussi versé des dividendes records à ses actionnaires

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"On a été sacrifiés au profit du CAC 40", assure Stéphanie, employée depuis 21 ans à l'usine Michelin de Vannes. Comme 250 autres salariés, elle s'est mobilisée toute la matinée pour dénoncer la fermeture de son site de production. 

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Le groupe Michelin a annoncé, mardi 5 novembre, la fermeture de ce site de production qui emploie environ 300 personnes, tout comme celui de Cholet qui concentre 900 salariés. 

Un marché de l'automobile en tension

Raison invoquée par la direction du numéro 1 mondial des fabricants de pneus, la concurrence asiatique sur les pneus de camionnettes et poids lourds.

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"Depuis plusieurs mois Michelin doit faire face à des facteurs conjoncturels négatifs de plus en plus intenses, qu'ils soient économiques, climatiques ou géopolitiques, expliquait déjà le directeur général du groupe Florent Ménégaux, dans un communiqué publié fin octobre. Ces derniers impactent fortement la plupart de nos marchés, notamment en Première Monte. Cela se traduit par une baisse significative de nos volumes de vente et une réduction de l'activité de nos usines."

Le groupe va ainsi enregistrer une baisse de ses ventes cette année de -6 à -4%, en particulier sur le marché des pneus de spécialités (mines, agriculture, deux-roues et avions) désormais attendu entre -5% et -1%.

Les deux fermetures concernent des usines comme celle de Cholet qui fabrique des "mélanges de gomme, des pneus de la gamme CrossClimate et Agilis, mais aussi les pneumatiques camionnettes, SUV et 4x4." Celle de Vanne qui "fabrique des renforts métalliques (assemblages, câbles, tringles et fils tringles) à destination des usines du Groupe en Europe" et que "85 %, des 36 000 tonnes de renforts métalliques fabriqués annuellement, sont destinées aux pneumatiques poids lourds."

La direction du groupe français évoque aussi de la "dégradation de la compétitivité de l'Europe". Effectivement, au premier semestre 2024, 32 000 suppressions de postes ont été annoncées (soit plus que pendant la pandémie de Covid) chez les fournisseurs des constructeurs automobiles européens. Ils emploient 1,7 million de salariés sur le Vieux continent.

Le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci a indiqué que le gouvernement allait publier "dans les prochaines semaines un plan d'urgence pour la filière automobile à l'échelle française et européenne", pour "agir de manière structurelle". Le plan comprendra des mesures de soutien à la demande et à l'investissement, et "des mesures de protection commerciale qui touchent l'ensemble de la filière."

Mais des dividendes records

Si la baisse des volumes est réelle, les salariés, eux, estiment que leur entreprise se porte plutôt bien et pointent pour preuve la rémunération des dirigeants de Michelin et les dividendes versés aux actionnaires.

Selon Christophe Villate, secrétaire général de la CGT Michelin la rémunération des dirigeants a augmenté de 10% l'an dernier, tout comme les dividendes versés aux actionnaires, "alors que les salariés, eux, ont eu tout juste 2% d'augmentation. C'est ça qui est écœurant".
De son côté, Michelin assure qu'il n'y a pas eu d'augmentation de la rémunération de son PDG Florent Menegaux en 2024 et que celle-ci demeurera inchangée jusqu'en 2026.

Quant aux dividendes, le groupe qui n'avait jamais dépassé le milliard dans la rémunération de ses actionnaires (dividendes et rachats d’action cumulés), devrait leur verser 1, 464 milliards d'euros cette année sous forme de rachats d’action et de dividendes, un montant historique.

Bientôt une commission d'enquête sur l'utilisation des fonds publics


Autre question : "où est passé "l'argent public qu'on leur a donné ?". C'est le Premier ministre Michel Barnier lui-même qui l'a posé dans la foulée de l'annonce de la fermeture des deux sites.

Michelin a indiqué avoir reçu de l'État en 2023 42 millions d'euros, essentiellement par le biais du Crédit d'impôt recherche, qu'il juge "très important" pour "rendre les chercheurs compétitifs".

Pour savoir comment ont été utilisés ces fonds, les députés écologistes et insoumis ont demandé vendredi 8 novembre la mise en place d'une commission d'enquête sur l'utilisation des fonds publics par l'entreprise Michelin.

"Cette commission d'enquête formulera des propositions concrètes pour plafonner dans le temps les aides aux entreprises et effectuer une revue de dépenses, y compris au regard de l'action sociale des entreprises concernées", est-il écrit dans le texte des écologistes, consulté par l'AFP.
Les insoumis demandent également une commission d'enquête afin de "comprendre pourquoi il est possible de combiner licenciements massifs, bénéfices d'aides publiques et versement records aux actionnaires sur une même période". Ils souhaitent mettre en place un principe de "conditionnalité des aides publiques" pour "s'assurer qu'elles soient utilisées de manière conforme à l'intérêt général", et "proposer des sanctions" pour celles qui ne respecteraient pas les conditions imposées. 

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