Les instituts de sondage annoncent une participation historiquement basse au second tour de ces élections municipales si particulières. Les raisons en sont multiples. Tour d'horizon avec un politologue.
Six électeurs sur dix pourraient s’abstenir au second tour des élections municipales, « un niveau comparable voire inférieur à celui du premier tour » note Gaël Sliman, président de l'institut de sondage Odoxa. Une étude réalisée par l'Ifop parvient aux mêmes conclusions : la participation plafonnerait à moins de 40% dimanche 28 juin.
"Le premier tour a été marqué par un décrochage spectaculaire lié à l'épisode du coronavirus. Une forme de désintérêt. Il y a aussi eu la peur de la contagion. Le contexte sanitaire explique cette forte abstention" observe le politologue rennais Thomas Frinault.
Pendant plusieurs mois le coronavirus a tout écrasé dans l'actualité. L'agenda électoral a été bouleversé. Quelle date pour le second tour ? Dans quelles conditions ? Avant les congés d'été ? A la rentrée ? Les circonstances sont atypiques. Il était difficile de prolonger indéfiniment une situation bancale. La machine municipale était grippée entre les anciennes et les nouvelles équipes. Il fallait que les collectivités reprennent.
La date retenue, à la veille des vacances, trois mois et demi après le premier tour ne serait pas propice à une remobilisation générale. L'épidémie en embuscade continuerait de décourager 40% des électeurs d'aller voter. "Un risque toutefois moins déterminant qu'au premier tour" selon l'étude de l'Ifop.
Une drôle de campagne numérique
Ni réunions publiques, ni porte-à-porte, pas ou peu de tractage sur les marchés, les candidats ont dû réinventer leur campagne. Sans contact réel pour convaincre.
Les candidats ont mené une campagne au rabais.
"Le second tour concerne essentiellement des grandes villes où l'électorat est traditionnelment difficile à mobiliser. A Rennes ou Brest, la participation a été d'une extrême faiblesse. Rien ne laisse croire qu'il y aura un rebond".
L'abstention, une tendance vieille de trente ans
Le maire a beau être l'élu préféré des français, les urnes démentent avec constance cet amour imaginaire. Depuis maintenant plus de trente ans, les français boudent massivement les élections. Particulièrementr les seconds tours.
"Une érosion progressive et continue" explique Thomas Frinault qui reste sceptique sur une remobilisation au second tour dimanche. Parmi les préoccupations des français, arrivent en tête l'emploi, la gestion des finances, l'environnement, la santé. Des questions qui dépassent les politiques municipales. Sans enjeu en perspective, et après deux mois de confinement, les Bretons risquent de préférer le soleil estival à l'isoloir.
Dans un contexte inédit, trois mois et demi après le premier tour, le scrutin du dimanche 28 juin devrait franchir un nouveau cap d'abstention.