Les artistes dits "électro" occupent désormais le devant de la scène des festivals. Des musiques électroniques, il y’en à Carhaix depuis le début des années 2000. On peut dire qu'à une certaine époque, il y'en avait même davantage que pour cette édition 2015. Petit rappel et suggestions.
"La musique électronique, ça n’existe pas en tant que genre opposable à d’autres genres !" D’emblée, Thomas Lagarrigue, consultant musical nous flingue l’étiquette de style qu’on s’apprêtait à coller, sur un bon nombre d'artistes de la programmation des Vieilles Charrues.PETIT RAPPEL donc "Il faut comprendre que ce n’est pas un style en soi. L’expression "musique électronique" décrit plutôt la nature du son et donc les instruments utilisés pour la produire. Les musiques électroniques se comparent donc aux musiques acoustiques et électriques, et non pas au rock, au jazz ou aux musiques traditionnelles… Les types de sons sont finalement tous héritiers de styles différents : la house vient du disco, la drum & bass du reggae, l’électro (ou électro-funk) du hip hop… Pour rappel, on parle toujours des musiques électroniques en tant que "nouveauté" alors que les premiers instruments électroniques remontent à la fin du XIXème siècle, c’est-à-dire cinquante ans avant la guitare électrique !"
Dans les années 60, le grand public commence à entendre des sons électroniques dans les génériques de séries comme Dr Who. Plusieurs artistes comme Wendy Carlos et les Beatles se mettent aussi à les utiliser. Le tournant, c’est 1977 avec Kraftwerk et son album "Trans Europe Express", avec des rythmes pré-techno. La même année, Giorgio Moroder produit pour Donna Summer son fameux "I Feel Love", souvent considéré comme un précurseur de la house !
"Ça peut sembler provocateur, mais les jeunes qui avaient la vingtaine à cette époque pourraient presque être considérés comme la première génération house et techno. Et ils sont aujourd’hui soixantenaires, donc quand on parle de musique de jeunes..."C’est finalement de la musique de soixantenaire tout ça
En haut de l'affiche
Les artistes électroniques sont déjà bien présents dans les grands festivals rock, depuis plus de 10 ans. Ce qui a changé, c’est qu’avant, leurs noms étaient plutôt confidentiels, en bas de l’affiche. Aujourd’hui, ce sont des têtes d’affiche, avec des niveaux de production importants et qui peuvent proposer des concerts visuellement très travaillés.Pour rappel, les Vieilles Charrues ont commencé à programmer des artistes mêlant instruments électriques et électroniques en 1999, avec Death in Vegas, Massive Attack. En 2000, il y a eu Asian Dub Foundation, en 2003 Amon Tobin. 2005 marque un tournant avec des artistes purement techno comme Vitalic, Swayzak, Laurent Garnier, Morpheus, TTC…
"La techno, la house, c’est la pop d’aujourd’hui, comme en témoigne l’appropriation de ces styles par des stars internationales comme Madonna ou Lady Gaga…" Thomas Lagarrigue souligne que la popularité de ces esthétiques musicales a tellement augmenté depuis trente ans qu’il est finalement assez surprenant qu’elles n’aient pas une plus grande place dans un festival populaire comme les Vieilles Charrues. "Le public est aujourd’hui très connaisseur : je suis prêt à parier que Boris Brejcha – qui n’est pas une tête d’affiche – est au moins aussi attendu, voire plus, que David Guetta ou les Chemical Brothers qui sont déjà venus à Carhaix en 2011."
Ouvrir ses oreilles et aller voir...
Boris Brejcha, le 17 juillet scène Grall à 1h40
Techno, parfois minimale, parfois enrichie de rythmes électros plus syncopés
Salut C’est Cool le 17 juillet scène Grall à 21h50
"C’est un peu potache, une sorte d’hommage/parodie à des styles de techno datant du début des années 90 (le happy hardcore, les compilation Thunderdome…), finalement une invitation à la fête dans ce qu’il y a de plus simple, fun et régressif. C’est aussi un phénomène Internet, avec cette bande de copains au look improbable."
Super Parquet le dimanche 19 juillet scène Gwernig à 21h10
"Je trouve ça vraiment puissant, c’est un groupe avec une cabrette (petite cornemuse occitane), un banjo et des machines. L’association instruments électroniques/ instruments traditionnels existe depuis longtemps mais là, il y a beau travail sur la texture, une véritable fusion. Tout se mélange pour former un "mur de son" étourdissant et totalement psychédélique."
Mazalda Turbo Clap Club le dimanche 19 juillet à 23h20, scène Gwernig
"Attirants car difficiles à décrire. c’est une sorte de concept. Ils nourrissent leur funk psychédélique de musiques populaires du monde entier. Un bel exemple de démarche presque expérimentale mais jamais hermétique."