Les ostréiculteurs bretons manquent de visibilité pour savoir s'ils écouleront leurs stocks d'huîtres pour les fêtes de fin d'année. Cette période représente 50 % de leur chiffre d'affaires. Face aux incertitudes de l'évolution du confinement, ils envisagent de s'adapter pour écouler leurs produits.
Première région productrice d'huîtres de France, la Bretagne compte 800 producteurs avec un volume de 40 000 tonnes rien qu'en huîtres creuses. La profession n'est pas dans la tourmente mais l'inquiétude existe face au manque de visibilité des prochaines semaines, cruciales pour les ventes .
"Je ne veux pas sombrer dans le pessimisme !"
Philippe Le Gal, producteur à Surzur (56) et président du comité national conchylicole veut y croire :
"Les tables de Noël et du premier de l'an seront différentes si le pays reste confiné ou s'il y a encore des mesures restrictives en décembre, mais les gens voudront toujours consommer des huîtres. Je ne veux pas sombrer dans le pessimisme !
Pour ne pas se faire oublier, l'organisation a même lancé son #nhesitezpasalouvrir pour promouvoir les huîtres sur Twitter.
Vente directe et drive favorables aux ostréiculteurs
D'ailleurs, la vente directe n'a jamais aussi bien marché chez les poissonniers ou en drive. En Bretagne, la chance est d'avoir un réseau de distribution de proximité qui favorise ce type de commercialisation. Un point qui pourrait en partie compenser les invendus dans les restaurants, fermés jusqu'à nouvel ordre.
Autre clientèle : les grandes surfaces."De ce côté, les signaux semblent favorables. Les précommandes sont en cours et les volumes de réservations des distributeurs s'affichent sur les mêmes volumes que l'an passé," précise Philippe Le Gal.
Pour autant, il faudra sans doute s'adapter. Jean-Charles Dezutter est directeur général du groupe famille Beaulieu, à la tête de quatre exploitations en Bretagne et en Vendée. "La machine se lance un peu moins vite vu le contexte, c'est plus difficile pour nous, confie-t-il. On travaille plus à l'aveugle car les commandes sont moins affinées. Le stock, lui est prêt. Nous calibrons nos huîtres et nous faisons le tour de nos clients qui restent encore un peu prudents. Nous avons des volumes plus importants car le premier confinement a impacté les ventes. Il est donc essentiel pour nous d' écouler la production".
Si les gens sont moins nombreux autour des tables de fêtes, nous allons devoir repenser nos emballages et privilégier les petits formats de cagettes avec deux douzaines d’huîtres. Nous ferons très peu de bourriches !
Des stocks plus importants
Tifenn Yvon, installée à Locoal Mendon dans la Ria d'Etel (Morbihan) ne se plaint pas. Une petite structure, un travail traditionnel, du matériel amorti, moins de charge que des jeunes installés, l'ostréicultrice a aussi la chance d'avoir un marché de fidèles en circuit-courts en en paniers Amap. Certains clients ont même passé plus de commandes par solidarité et par goût pour ses huîtres labellisées.
Mais les stocks à la vente sont plus importants. "Nous avons plus de volumes car les huîtres ont beaucoup poussé. Deux foires où nous étions présents ont été annulées en octobre et décembre. Sans compter les huîtres restées dans nos parcs suite aux interdictions de vente de janvier dernier dues au norovirus (cause de la gastro-entérite chez l'homme ndlr) detecté dans notre secteur." précise la jeune femme.
A l'export : des marchés fermés, des prix vers le bas
La situation rejailllit surtout sur le marché de gros, entre producteurs, expéditeurs et courtiers. Avec des volumes plus importants, l'offre et la demande provoquent des tensions sur les prix vers le bas. Sans compter les marchés à l'exportation qui subissent la fermeture de certaines frontières et là aussi l'effet du confinement sur la consommation.