Océanopolis sans visiteurs, étrange atmosphère

A Brest, le plus grand aquarium d’Europe est fermé au public depuis le 17 mars dernier. Les soigneurs continuent de travailler, mais leur activité a été adaptée en cette période d’épidémie. L’ambiance sur le site, vidé de ses visiteurs, est particulière.

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"C’est un peu magique et fascinant parce que l’on est seul face aux aquariums. C’est agréable, on a le temps d’observer les animaux", raconte Dominique Barthélémy, conservateur du milieu vivant à Océanopolis. Depuis le 17 mars, le plus grand aquarium d’Europe, à Brest, est fermé au public. "C’est un peu étrange, parce que c’est un site qui est parcouru par de nombreux visiteurs en temps normal. Quand on se promène dans les circuits de visite, on a deux sentiments opposés : d’un côté on se sent un peu privilégié et de l'autre, on aimerait bien voir quelques visiteurs", confie le responsable.
 

Des équipes réduites


En raison de l’épidémie de coronavirus, le travail a été réorganisé sur le site, "pour préserver les équipes et la santé des salariés", explique Dominique Barthélémy. Le nourrissage des animaux et les soins sont toujours assurés évidemment. L’entretien des aquariums et l’analyse des eaux également. Mais tout est fait pour que le salariés du site puissent garder les distances entre eux. Seule une dizaine de personnes, des soigneurs essentiellement, est présente au quotidien en ce moment, au lieu de 80 en temps normal.

"Nos tâches auprès des animaux restent les mêmes", explique Maureen Midol, soigneuse aux Pôles Bretagne et Tropical. Elle continue d’assurer le nourrissage des poissons et des requins et de plonger dans les aquariums, pour le nettoyage des vitres notamment. "Ce qui change ce sont les tâches en lien avec le public. On n’assure plus les animations, les rencontres, les projets avec les scolaires."

Et les poissons ? "Pour eux ça ne change rien". La soigneuse ne constate pas de modification dans le comportement des espèces qu'elle nourrit au quotidien. Les poissons perçoivent peu la présence du public en temps normal. Si certains mammifères, comme les phoques, qui jouent parfois avec le public, peuvent remarquer le changement, "il ne provoque aucun stress chez eux",  assure Dominique Barthélémy.
 

Les interventions non urgentes sont suspendues


De nombreuses interventions, non urgentes, qui nécessitent un travail rapproché entre les salariés, on été suspendues. C’est le cas par exemple d’un traitement entamé trois semaines avant le confinement sur des raies aigles du Pavillon Tropical. Des parasites avaient été retrouvés dans leur bouche. Pour les retirer, au moins trois personnes étaient nécessaires.

Deux plongeurs devaient capturer les animaux chaque semaine. Ils étaient ensuite maintenus sous anesthésie et oxygénés, le temps qu’une troisième personne leur retire les parasites et leur administre un traitement. "C’est un peu comme une intervention chirurgicale", détaille Dominique Barthélémy. L’équipe était arrivée à 90 % du résultat attendu. Mais en concertation avec le vétérinaire, le traitement a été suspendu jusqu’à la fin du confinement, pour éviter les contacts.

D'autres interventions, en revanche, ne peuvent pas attendre. Dans le même bassin, une raie à points bleus, attendant des petits, a dû être transférée par deux plongeurs en début de semaine. Le but était de l'isoler pour la fin de sa gestation. "Laisser la femelle mettre bas dans le bassin c’était prendre le risque que les petits ne trouvent pas de nourrriture ou soient attaqués par d’autres animaux", argumente Dominique Barthélémy. L'intervention a été filmée par Océanopolis et publiée sur sa page Facebook. 
 
 

Les recherches et études en suspens


"Tout ce qui n’est pas vital et nécessaire est mis en stand-by. Cela comprend toutes nos recherches sur le corail ou la reproduction", raconte Maureen Midol. La soigneuse travaille notamment sur un projet commun à tous les aquariums de France sur l’élevage de poissons marins. L'objectif est de reproduire le plus d’espèces possible en captivité pour éviter de les prélever en milieux naturels. "C’est une étude qui demande beaucoup de temps et de personnels pour la recherche bibliographique, le comptage des œufs et des larves, la production de proies vivantes,..." énumère la jeune femme. Pour l’instant, les soigneurs ne ramassent plus les œufs, ni les larves. L'étude, pourtant bien lancée jusqu'à présent, est suspendue.

Maureen Midol, comme Dominique Barthélémy, reconnaissent que cette situation est "frustrante". Mais "ce n’est que partie remise", assure le responsable : "L’activité repartira quand l’équipe sera revenu à son effectif normal."

 
 
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