Le gouvernement de Jersey annonce avoir accepté la prolongation de trois mois des licences provisoires accordées aux bateaux de l'UE, essentiellement français, un délai jusqu'à la fin septembre qui avait été défendu par le gouvernement français mais une décision insuffisante pour les pêcheurs.
L'annonce a été fait via un communiqué. "Le gouvernement de Jersey propose de prolonger de trois mois la période de transition qui permet à certains bateaux français de continuer à pêcher dans les eaux du bailliage".
La date-butoir pour l'issue des négociations entre Bruxelles et Londres concernant la pêche dans les îles anglo-normandes était fixée au 30 juin. "Récemment, l'Union européenne a sollicité une prolongation du dispositif de transition, qui devait prendre fin au 30 juin prochain. Les ministres de Jersey ont fait droit à cette demande s'agissant des bateaux pour le compte desquels l'Union européenne a déposé des demandes de licence (...)", a ajouté le gouvernement de l'île anglo-normande, la plus proche des côtes françaises.
Ainsi, "à compter du 1er juillet, le dispositif de transition modifié permettra aux 47 bateaux équipés d'un système de surveillance de navires par satellite (VMS) et déjà en possession d'une licence, ainsi qu'à un nombre réduit de petits bateaux européens (177 demandes pour lesquelles la communication de preuves est déjà en cours), de continuer à pêcher dans les eaux de Jersey", d'après la même source.
Un report insatisfaisant pour les pêcheurs
Ce report de trois mois, demandé le 12 mai par la ministre française de la Mer Annick Girardin, devrait permettre d'apporter un peu de visibilité aux pêcheurs et de donner le temps à la négociation. "Notre objectif désormais : continuer à protéger leurs droits et veiller à ce qu'ils puissent poursuivre leur activité au-delà du 30 septembre" a-t-elle réagi à la suite de cette annonce.
Du côté des pêcheurs, lassitude. "On va avoir des décisions de trois mois en trois mois ?", demande Loïc Escoffier, armateur à Saint-Malo. A la tête d'une flotte de trois bateaux, habitué du secteur de Jersey depuis 40 ans, il souligne : "On n'a pas de nouvelles pour les vraies réglementations. Si je dois renouveller ma flotte, je ne sais pas vers quoi aller. Tout est en suspens. Est-ce que j'ai droit de refaire la même longueur ou les mêmes largeurs? Pareil pour la puissance, qu'est-ce que je peux faire ?" Il ajoute : "Nous on a besoin d'aller travailler chez eux."
Sujet explosif tout au long des négociations sur les conditions de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques continue de provoquer des frictions malgré l'accord sur les relations post-Brexit trouvé entre Londres et Bruxelles, en vigueur depuis le 1er janvier. "Jersey se félicite du dialogue engagé sur les plans technique et politique avec le Royaume-Uni, l'Union européenne et la France en vue d'une résolution des enjeux complexes et sensibles relatifs à la pêche", a ainsi déclaré le sénateur Ian Gorst, ministre des Affaires étrangères de Jersey, cité dans le communiqué.
Début mai, des dizaines de bateaux de pêcheurs normands et bretons s'étaient massés dans le port de Saint-Hélier à Jersey pour manifester leur mécontentement, provoquant l'envoi par Londres de deux patrouilleurs avant que la situation ne rentre dans l'ordre dans la journée.