"Un mauvais tour de magie". C'est ainsi que le Collectif de soutien aux victimes des pesticides qualifie le relèvement des seuils de vigilance pour certaines molécules. La décision de l'ANSES pourrait rendre de nouveau conforme l'eau du robinet dans des milliers de communes.
Comme Eaux et rivières de Bretagne, ou Génération futures, le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l'Ouest fait part de son inquiétude après la modification du seuil de tolérance de certaines molécules dans l’eau du robinet.
"Il ne suffit pas de changer de thermomètre. Le consommateur va bientôt devoir choisir entre ne plus avoir d’eau ou boire de l’eau de mauvaise qualité sanitaire", dénonce le Collectif.
Le 30 septembre, l’Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail a publié une nouvelle évaluation de deux molécules très souvent détectées.
Il s'agit de l'ESA-métolachlore et du NOA-métolachlore. Deux métabolites, c'est-à-dire des dérivés, du S-métolachlore, un herbicide largement utilisé dans la culture du maïs.
Un nouveau statut qui pourrait permettre de rendre l'eau du robinet de nouveau conforme dans des milliers de communes, alors qu'elle était jusqu'ici considérée comme polluée.
Un mauvais tour de magie ?
"Les dernières péripéties connues ressemblent en fait à un mauvais tour de magie", dénoncent conjointement dans un communiqué le "Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l'Ouest", et l'association "l'Arbre indispensable"
"Quand on sait que la durée de rémanence du Métolachlore ESA est de plus de dix ans, on mesure le temps perdu. D’autant que certains élus sont en train de décider, sur la base de ce nouveau classement, de remettre en service les captages suspects et d’arrêter les travaux prévus pour améliorer la qualité de l’eau. Les consommateurs apprécieront !"
Dans une enquête publiée le 21 septembre, le journal Le Monde avait révélé que la contamination des ressources en eau par les pesticides et leurs sous-produits avait fortement augmenté en 2021.
En France, environ 20% des habitants ont reçu régulièrement ou épisodiquement, une eau non conforme aux critères de qualité", 43% en Bretagne.