C'est d'une façon inhabituelle que Daniel Cueff entend présenter une liste aux élections régionales de juin prochain en Bretagne. Sans parti politique, mais en regroupant autour de lui des bonnes volontés de tous les horizons et de tous les âges.
C'est à 65 ans que Daniel Cueff, fort de son expérience de conseiller régional en charge de l'écologie urbaine (2010 - 2015) et de celle de maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) de 1999 à 2020, poste avec lequel il a fait la une des journaux pour son arrêté anti-pesticides, se projette tête de liste aux élections régionales.
Daniel Cueff, vous sentez-vous prêt à mener une liste dans le contexte actuel, entre crise sanitaire, crise climatique et difficultés économiques?
J'ai conduit pendant 21 ans un village et une intercommunalité, avec des projets liés à l'écologie. Il y a vingt ans on ne parlait pas d'écologie locale comme aujourd'hui, on parlait de cadre de vie... mais on a réussi à le faire progressivement : cantine 100% bio, production propre d'énergie, logements sociaux écologiques etc. Et puis je suis tombé sur ces maladies professionnelles d'agriculteurs qui étaient aussi celles des riverains des exploitations. Des maladies reconnues par la MSA liées aux pesticides (...). Comment être qualifié de village 100% écolo ou d'Eldorado écolo et souffrir d'un problème de santé publique pareil? En m'attaquant aux pesticides, je me suis rendu compte que je me mettais à dos tout le monde agricole qui se sentait montré du doigt (...) et à travers la Bretagne j'ai découvert beaucoup de conflits autour de l'agriculture, de l'énergie etc. Je pense que la Bretagne doit en sortir. Je me suis rappelé avec des amis il y a deux ans de l'histoire du CELIB, et nous avons revisité cette période au début des années 50.
À l'époque, des gens ont dit "on va mettre les étiquettes politiques dans notre poche et on va se retrousser les manches"
Des gens de partout se sont retrouvés : des indépendantistes, des gaullistes, des communistes, des démocrates chrétiens ou encore des socialistes... Il y avait des prêtres, des marins, des ouvriers, des paysans et tous ont laissé leurs étiquettes pour faire face à la misère de l'époque en Bretagne...
Vous voulez faire une liste sans étiquette politique, mais avec qui?
Il faut convaincre les bretons et les bretonnes. Nous avons donc réuni des gens de tous les horizons mais on leur demande de se dégager de toute étiquette politique. Nous sommes déjà 80 personnes à mener cette réflexion depuis l'été dernier : des agriculteurs, des universitaires, des chefs d'entreprise, des travailleurs sociaux... de tous les âges et en dehors des partis.
Si des personnalités connues de la politique veulent se joindre à vous et votre liste c’est possible ? Vous avez des noms ?
Oui on peut intégrer dans l’équipe des personnes qui ont une expérience, mais leur ancienne étiquette politique ne figurera jamais sur la liste que nous allons présenter. On pense que l’annonce de la candidature va encore mener d'autres personnes à nous rejoindre, soit pour rentrer sur la liste, soit pour nous aider. Donc on n’annoncera la liste probablement que courant mars ; avec déjà beaucoup de surprises : des gens qu’on n’aurait pas attendus sur le champ politique, mais pour des raisons éthiques, pour véritablement faire équipe, nous attendrons de nous présenter tous ensemble.
La région, c'est le bon échelon pour faire de la politique plutôt que la commune?
Les deux. La commune et la région sont des échelons indispensables de la politique. La région a une vocation de coordination des collectivités, des entreprises et des associations; et comme elle a une compétence économique reconnue de par la loi, comme elle a une gestion de certains volets de la politique agricole commune, on a des leviers pour rassembler les Bretons autour de challenges. C'est Michel Rocard qui disait déjà en 1966 à Saint-Brieuc, qu'il prônait une gestion différenciée de la République en disant "vous ne pouvez pas gérer la Bretagne avec ses 3300 kilomètres de côtes (donc il incluait déjà la Loire-Atlantique) comme on gère la Franche-Comté". Il faut donner des capacités régionales parce que le réchauffement climatique aura des effets très différents à Brest et à Paris, et aussi des conséquences différentes à Saint-Malo ou à Langouët, donc il faut une action plus proche du territoire et des gens.
Il faut donc s'arrêter de s'opposer sur des étiquettes politiques et plutôt discuter des objectifs et des actions et de la façon de les mettre en place.
Daniel Cueff présentera officiellement sa candidature et sa liste pour les élections régionales de juin prochain, le 22 janvier à Roscoff, là où sa famille a ses racines.