PSA et Fiat-Chrysler en route vers une méga-fusion : les salariés dans l'incertitude

PSA et Fiat-Chrysler sont en route vers la création d'un nouveau géant mondial de l'automobile, une méga-fusion entre égaux qui doit se faire sans fermeture d'usine, mais qui laissent les salariés du constructeur français dans l'incertitude.

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Les deux constructeurs ont annoncé jeudi être tombés d'accord à l'unanimité sur le principe d'une fusion, où les actionnaires des deux groupes se partageraient à 50/50 le capital, au terme de diverses opérations financières. Même souci de parité au conseil d'administration : cinq membres seraient nommés par Fiat-Chrysler, cinq par PSA, le onzième étant Carlos Tavares, actuel patron du constructeur français qui deviendrait directeur général du nouveau groupe. John Elkann, le président de Fiat-Chrysler, prendrait la tête de ce conseil.

L'accord définitif pourrait intervenir "dans les prochaines semaines", selon leur communiqué commun. Avec 8,7 millions de véhicules vendus par an, la nouvelle entité serait basée aux Pays-Bas mais resterait cotée à Paris, Milan et New York et deviendrait n°4 mondial.

FCA distribuerait en particulier à ses actionnaires un dividende exceptionnel de 5,5 milliards d'euros, tandis que PSA cèderait aux siens ses 46% de parts dans l'équipementier Faurecia.

Dans les usines du constructeur français, les salariés ont accueilli la nouvelle sans enthousiasme mais sans inquiétude non plus. "Avec un peu de chance... ça nous fera une voiture en plus à faire. Il y aura peut-être plus d'intérimaires, mais par contre je ne pense pas qu'il y aura plus d'embauches: ici, ils n'embauchent plus", a constaté Catherine, employée de l'usine de Sochaux, dans le Doubs en France.

Même incertitude pour Arnaud, opérateur sur un site PSA près de Rennes. "On verra la suite... Evidemment, les gens s'interrogent. On ne sait pas ce qui se passe, on ne sait jamais ce qui se passe", s'agace-t-il. 


Pays-Bas


Pour l'heure, l'Etat français, actionnaire à 12% de PSA, accueille l'idée d'une fusion avec bienveillance. Lors d'autres fiançailles aussi spectaculaires que rapidement avortées au printemps, cette fois entre Fiat Chrysler et Renault Nissan, Paris - également actionnaire - avait au contraire freiné.

"Je préfère voir Peugeot continuer à se développer, devenir aujourd'hui le quatrième constructeur automobile mondial avec Fiat plutôt que d'être en dehors de ce mouvement de consolidation automobile qui est absolument indispensable", a souligné le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

"S'il y a des économies d'échelle (à réaliser), tant mieux, les deux groupes en bénéficieront, mais l'important est de garantir le niveau d'emploi et d'investissement ici en Italie", a déclaré le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte à l'Agence italienne AGI.

Les deux groupes ont assuré qu'"aucune fermeture d'usine" n'était prévue. "La même promesse avait été faite lors du rachat d'Opel Vauxhall en 2017 et elle a été tenue", souligne à l'AFP Patrick Michel, secrétaire Force Ouvrière - premier syndicat chez le constructeur - du comité de groupe monde chez PSA. Les syndicats sont en revanche unanimes pour critiquer le choix des Pays-Bas : une "magouille fiscale" selon la CGT, une "facilité" pour FO.

Outre-Rhin, le syndicat de la métallurgie IG Metall reste lui sur la défensive quant à "l'indépendance" et "l'identité" de la marque Opel. Tout comme le syndicat des travailleurs de Vauxhall au Royaume-Uni, qui demande une réunion d'urgence. En Bourse, les actions des deux constructeurs ont connu des fortunes opposées : à Milan, Fiat Chrysler a bondi de 8,56%, à 13,93 euros, tandis qu'à Paris PSA a dévissé de 12,86% et fini à 22,70 euros. 

"La capitalisation boursière de Peugeot est supérieure à celle de Fiat Chrysler. Avec une fusion à 50/50, c'est de fait Peugeot qui rachète techniquement Fiat (...). Le marché prend donc en compte cette situation", a observé auprès de l'AFP Daniel Larrouturou, gérant actions chez Dôm Finance.


Un couple bien assorti ? 


PSA et FCA ont évalué à 3,7 milliards d'euros les économies de moyens générées par leur rapprochement, pour une société dont le chiffre d'affaires consolidé est évalué à 170 milliards d'euros. Le couple se veut bien assorti. "PSA et Fiat-Chrysler se connaissent très bien et leurs relations sont excellentes, ce qui nous a permis d'avancer rapidement jusqu'à ce stade. Etudier ce partenariat est totalement cohérent avec notre besoin, exprimé depuis longtemps, de renforcer notre industrie connectée", a expliqué Mike Manley, le directeur général de FCA.

Selon les experts, PSA apporte son expertise en termes d'électrification des véhicules, au moment où les constructeurs doivent s'adapter à des normes plus dures en matière
de pollution. FCA offre pour sa part ses rutilantes Alfa Romeo ou Maserati. La fusion permettrait également au Français de revenir sur le marché américain grâce aux Dodge et Jeep de son allié, tandis que FCA consoliderait ses positions en Europe, où il est en perte de vitesse. Le constructeur italo-américain a d'ailleurs annoncé jeudi une perte nette de 179 millions d'euros au troisième trimestre et une baisse de chiffre d'affaires.
    
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