Même si la décision de Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, de quitter le Parti socialiste n'est pas une grande surprise, vu son soutien permanent à Emmanuel Macron, cette "clarification" de son positionnement politique était nécessaire, selon ceux qui réagissent à son annonce.
Déjà évoquée à plusieurs reprises comme en décembre dernier, la question de savoir si Jean-Yves Le Drian se retirait du Parti socialiste a trouvée une réponse claire ce jeudi matin. Dans une interview sur CNews, le ministre des Affaires étrangères a annoncé son départ du PS après 44 ans d'engagement au sein du parti.Le Breton a précisé toutefois qu'il ne rejoignait pas La République en Marche (LREM) d'Emmanuel Macron. "Je suis dans la majorité présidentielle. J'ai compris que les socialistes étaient désormais totalement dans l'opposition. Je le regrette et je maintiens mon parcours. Je suis cohérent avec tout ce que j'ai fait depuis que je suis rentré au Parti socialiste", a-t-il assuré.
Une clarification attendue et nécessaire
Pour Loïg Chesnais-Girard, "cette décision était attendue au regard des choix de Jean-Yves Le Drian". "Cela ne change rien à ma majorité composée d'hommes et de femmes rassemblés derrière moi, et en phase avec ma ligne social-démocrate, européenne et décentralisatrice. Et cela quel que soit leur engagement ou non dans une formation politique". Le président de la Région Bretagne précise également que "cela ne change rien à nos relations et à notre amitié".De son côté, Bernard Marboeuf, maire (UDI) de Lécousse et conseiller régional de Bretagne espère des remous dans la majorité régionale. "Monsieur Chesnais-Girard gère la Bretagne aujourd'hui avec des socialistes, des radicaux, des communistes, des LREM. Donc est-ce que cela va tenir ?"
Stéphane Le Foll, ancien ministre (PS) pendant le quinquennat Hollande, a salué une clarification qui était absolument nécessaire. "Il y a un moment où il faut quitter le gouvernement ou quitter le Parti Socialiste (...) il faut être clair et cohérent" a estimé le candidat au poste de premier secrétaire du parti.
Le sénateur socialiste d'Ille-et-Vilaine, Jean Louis Tourenne, ancien président du conseil départemental a précisé dans Ouest-France, que "cette clarification était nécessaire" et que "changeant de camp, il devait être en accord avec les convictions de son nouveau camp". Il a également rappelé que "les socialistes bretons lui devaient beaucoup" et que "son choix ne jette pas d’ombre sur la beauté de son oeuvre".
Bernard Poignant, ancien maire socialiste de Quimper et ami de 50 ans de Jean-Yves Le Drian, pointe un coupable : le Parti socialiste. "Je ne suis pas surpris, mais je me dis que le Parti socialiste aurait pu, par Jean-Yves Le Drian, bâtir un lien avec le mouvement En Marche, il le faudra bien à un moment donné je crois."
Nathalie Appéré, la maire socialiste de Rennes a de son coté "pris acte" de cette décision qui "n'enlève en rien l'estime qu'elle porte à l'homme et à son action".
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux y voit "un cheminement assez logique de la part de Jean-Yves Le Drian qui a eu un attachement très fort au PS mais qui a toujours, y compris dans la gestion de la région Bretagne (...), construit sa majorité avec des sensibilités différentes".
La Bretonne Isabelle Thomas, députée européenne qui, en novembre dernier a quitté le Parti Socialiste pour s'investir dans le Mouvement du 1er Juillet initié par Benoît Hamon, n'a pas mâché ses mots pour dire que cette annonce n'en était pas une, tellement le ministre des Affaires étrangères avait déjà quitté son parti en rejoignant Emmanuel Macron dès la présidentielle.
#FakeNews : il l'a quitté le jour où il a soutenu #Macron contre @benoithamon au printemps dernier. Là c'est juste sa cotisation qui est arrivée à expiration... https://t.co/0Qo8y8N6L2
— Isabelle Thomas (@Isabel_thomasEU) 8 mars 2018
Même type de réaction de la part de l'ancienne ministre Marylise Lebranchu, qui fit partie du même gouvernement que Jean-Yves Le Drian.
plus facile d’être ministre que de se battre pour que le socialisme réécrive un projet de société (d’autant que l’optimum social comme l’optimum écologique sont incompatibles avec le libéralisme à l’ordre du jour en france comme en europe malheureusement)
— Marylise Lebranchu (@mlebranchu) March 8, 2018