En Bretagne, il n’y a pas de liste commune droite-LREM pour le premier tour des élections régionales. Il n’empêche, l’accord conclu en région PACA entre une partie de la droite et les Macronistes pose la question des alliances ou des désistements pour le second tour. État des lieux
L’accord conclu entre La République en marche et le président sortant de la région PACA (LR) Renaud Muselier pour le premier tour des élections régionales a bien-sûr un écho dans toutes les régions françaises.
En Bretagne, le scénario est difficilement envisageable car les conditions ne sont pas réunies.
D'abord, le divorce a été acté entre la droite et le centre. Les partenaires d’hier sont aujourd’hui pour les élections régionales des concurrents directs. L’UDI a laissé tomber le mouvement LR pour rejoindre les alliés de la majorité présidentielle Modem et LR. Tous soutiennent le candidat Thierry Burlot et sa liste "Nous la Bretagne".
Pour le candidat du Rassemblement national, Gilles Pennelle, le pacte signé ce week-end en région PACA appelle une clarification pour les électeurs bretons. "C’est la preuve qu’il y a une osmose entre les dirigeants LREM et les dirigeants LR. Pas sûr que l’électorat de droite ne s’y retrouve. Alors la question est posée pour le second tour. Que fera la candidate LR Isabelle Le Callennec ? Je l’interpelle officiellement aujourd’hui" affirme le conseiller régional RN.
D'après mon petit doigt, aussi en...#Bretagne !
— Gilles Pennelle (@GillesPennelle) May 2, 2021
Isabelle Le Callennec, tête de liste, peu audible il est vrai, des Républicains pourrait-elle s'exprimer sur l'alliance de son parti avec les macronistes....
Une exception en #PACA ou une stratégie dans toutes les régions ? https://t.co/qfhf32Fakw
Ce lundi, la cheffe de file de la liste « Hissons haut la Bretagne » ne ferme finalement aucune porte. Celle qui est aussi la présidente du mouvement LR en llle-et-Vilaine doit souvent slalomer entre deux héritages : celui de François Fillon, dont elle a été un fidèle soutien et celui du centriste Pierre Mehaignerie, à qui elle a succédé à la mairie de Vitré. L’accord signé ce week end en PACA semble lui conseiller d’abord du pragmatisme. "Pour envisager le deuxième tour. Il faut attendre le soir du premier tour. Bien malin qui peut dire aujourd’hui quel sera le résultat avec un taux d’abstention qui s’annonce élevé. Personnellement je me positionnerai en fonction des projets et de l’ « ambiance » de campagne" précise Isabelle Le Callennec.
Les Macronistes ferment la porte
Dans le camp de la majorité présidentielle, la question d’une alliance ou d’un désistement au second tour par rapport à la droite ne se pose pas. " Nous avons de réelles divergences sur des dossiers essentiels pour la Bretagne. Divergences de fond notamment sur les éoliennes, l’agriculture, où le conseiller régional LR Marc Le Fur défend des positions radicales. Et puis la menace Rassemblement national en Bretagne n’est pas aussi forte qu’en PACA. Mais s’il devait y avoir la nécessité d’un front républicain, évidemment il faudrait y réfléchir. Mais nous n’en sommes pas là. Loin de là " explique Thierry Burlot, qui conduit la liste « Nous la Bretagne ».
Chez les Macronistes bretons, essentiellement venus de la gauche, les choses sont plutôt claires. Même si la majorité régionale sortante est « en état de mort cérébrale » dixit Hind Saoud, la cheffe de file du groupe Breman (LREM) au Conseil régional, cette dernière ne renie pas totalement le passé : "Mon histoire personnelle n’inclinerait plus à un rapprochement avec Loïg Chesnais-Girard le président socialiste sortant". Un rapprochement qui selon certains est encore espéré par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Ce dernier en ne donnant toujours pas de consignes de vote, semble vouloir préserver le plus longtemps possible les chances d’une fusion.
" De toute façon, notre liste créée les conditions d’un très large rassemblement, allant du centre gauche au centre droit et cela dès le premier tour. Nous avons donc la position la plus centrale et donc vocation à nous maintenir au second tour quoiqu’il arrive" souligne Bernard Marboeuf, conseiller régional UDI, collistier de Thierry Burlot.
Les départementales, un laboratoire ?
Une chose est sûre. La démarche et le pari de Renaud Muselier dans le sud ravive un malaise du côté de la droite bretonne. Une droite plus que jamais divisée entre les tenants de la discipline décidée au niveau national et ceux qui prônent l’ouverture et le pragmatisme. Une droite où l’électorat est clairement partagé désormais entre la tentation RN et le soutien à Emmanuel Macron.
"La Liste d’Isabelle Le Callennec est composée de plusieurs personnalités divers droite. Certains, chez LR, estiment qu’ils sont sur-représentés ou du moins trop bien placés. Il y a aura de toute façon des soutiens ou ralliements inviduels en faveur de Thierry Burlot si la liste de droite fait un mauvais score" parie Laurent Prunier, ancien président départemental de l’UMP.
Car, si officiellement pour les élections régionales, les stratégies semblent claires, pour les élections départementales, des formations politiques entretiennent le flou.
Dans le Finistère, notamment semble se dessiner par endroit un pacte de non agression entre la droite et la majorité présidentielle. Dans certains cantons, il n’y aura pas de candidats LREM face à un candidat estampillé "à droite". Dans d’autres, un candidat MoDem par exemple n’aura pas de concurrence sur sa droite.
Dans le Morbihan, la majorité sortante du conseil départemental s’est fédérée autour d’un président ex-LR très macron-compatible, François Goulard.
Les conseillers départementaux sortants, candidats à leur réélection ont déposé un voile pudique sur leur étiquette politique pour mettre en avant la bannière « Le Morbihan au cœur ! » et revendiquer l’appartenance à une majorité départementale. Majorité où cohabitent élus de droite et du centre. Dans le canton d'hennebont, par exemple, la présidente de la fédération LR, la sénatrice Muriel Jourda, se présente même en binôme avec Stéphane Lohézic, un élu du Modem, principal allié de LREM au niveau national.
L’intransigeance de la direction nationale LR a d’ailleurs heurté certains élus, qui sur le terrain prônent l’ouverture. Le tweet du maire divers droite de Ploemeur, Ronan Loas, candidat aux départementales, fustigeant le "deux poids, deux mesures" en est la parfaite illustration.
Quand Eric Ciotti enfilait un gilet jaune, il était toujours chez les LR ? Ou l'exclusion n'est appliquée que pour les partisans d'une ligne modérée/républicaine... et non pour ceux qui franchissent régulièrement le rubicond de la ligne brune ?
— Ronan Loas (@RonanLoas) May 2, 2021