Régionales 2021 en Bretagne. Quand les agriculteurs de la FNSEA scrutent le programme des candidats

Les agriculteurs sont inquiets, leurs revenus en baisse, et les regards sur leur métier pas toujours bienveillants. La FRSEA a donc invité des candidats pour les élections régionales à préciser leur programme pour l’agriculture bretonne. La rencontre a lieu sous un hangar, près des tracteurs. 

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"Notre rôle, c’est de nourrir les gens", attaque d’emblée Thierry Coué, éleveur de porcs et président de la FRSEA. Et pour que les choses soient claires, il précise : "l’agriculture et l’agroalimentaire, c’est 142 000 emplois dans la région en 2020. La Bretagne produit 56% des porcs français, 33%des poulets de chair, 42% des œufs, 22 % du lait."

Tout près de lui, Olivier Allain acquiesce. Lui aussi est éleveur. Il y a quelques jours encore, il était également le vice-président en charge de l’agriculture de Loïg Chesnais-Girard, et il est aujourd’hui sur la liste LREM de Thierry Burlot.

"L’agriculture bretonne, appuie-t-il, nourrit l’équivalent de 20 millions de personnes. Elle fait travailler des gens et fait vivre le territoire. Nous sommes ici en Centre Bretagne. S'il n’y a plus d’élevage, il n’y a plus rien."

Des revenus en berne

Henri Guélou, colistier de la candidate Les Républicains Isabelle Le Callennec, insiste sur les revenus des agriculteurs. "La loi Egalim n’a rien changé", affirme-t-il. "Il faut que la région s’engage financièrement et fasse quelque chose sur les prix. Les éleveurs doivent vivre dignement."

Les éleveurs égrennent les tarifs. En 2020, le prix moyen du lait a péniblement dépassé 35 centimes du litre, le cours du porc était à 1,390 euro du kilo. 

Des évolutions nécessaires

Le président socialiste sortant, candidat à sa succession,  Loïg Chesnais-Girard affirme clairement, "il nous faut défendre l’agriculture, mais il nous faut aussi l’aider à évoluer. Nous sommes sur une planète et nous ne pouvons pas produire plus que ce qu’elle peut nous donner. Nous devons imaginer des moyens de production durables, bas-carbone, avec moins de soja, moins d’intrants."

"Il faudra concilier agro-écologie et économie, concède Olivier Allain, mais pas que l’ un ou pas que l’autre".

Et l’espace d’un instant, la fracture apparait. "Je ne comprends pas un accord avec Daniel Cueff qui veut arrêter les pesticides du jour au lendemain, sans solutions", poursuit Olivier Allain en se tournant vers Loïg Chesnais-Girard, "ce n’est pas possible".

L'agribashing en question

L’agri-bashing est évidemment évoqué. Comme le dossier nitrates, les pesticides ou les algues vertes. Si l’agriculture bretonne nourrit 20 millions de personnes, en 2019, 35 000 tonnes d’algues vertes ont été ramassées sur les plages, Sous le hangar, tous le savent. 

"Quand nous investissons, nos emprunts, c’est pour 15 ans," souligne Thierry Coué, "on ne peut pas changer de politique agricole tous les six mois.On a besoin de voir loin.". Et il conclut : "nous, les agriculteurs, nous sommes les premiers écolos. La nature, nous vivons avec tous les jours."

Les candidats sont repartis faire campagne, les agriculteurs sont retournés travailler dans leur campagne. Le temps d’un après-midi, sous un hangar, ils ont échangé.

Selon les chiffres de la direction de l’agriculture et de la forêt, Entre 2000 et 2016, le nombre d’exploitations agricoles en Bretagne a chuté de 37%.

Le reportage dans le Morbihan de S. Izad

 

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