Rennes (35) : affaire Bagelstein, que deviennent les 4 étudiants condamnés ?

Le 27 mai, 4 étudiants se retrouvent, un peu par hasard, devant Bagelstein et dénoncent les blagues jugées sexistes et homophobes de la chaîne. Une altercation avec le gérant et 24h plus tard la sentence tombe : 1 à 3 mois de prison ferme. Comment les étudiants vivent-ils leur situation ?

Voilà déjà un mois que les quatre étudiants rennais de l'affaire Bagelstein sont emprisonnés au centre pénitentiaire de Vezin. Un mois que Jeanne, amie de l'un d'entre eux, échange des lettres pour avoir quelques nouvelles

Ils sont dans un état d'esprit vraiment positif par rapport à leur situation, confie t-elleTrois d'entre eux sont incarcérés ensemble. Ils sont vraiment contents de recevoir des centaines de lettres. Ils connaissent notre solidarité et ça les touche.


Sur les 4 étudiants, trois sont emprisonnés dans la même cellule. Le dernier, condamné à la plus lourde peine (3 mois de prison ferme) est loin de ses camarades. Lors des promenades, ils se retrouvent et entonnent ensemble des chansons militantes, portant notamment sur le féminisme, ce cheval de bataille qui les a poussés à entrer en conflit avec le gérant du Bagelstein de Rennes.

Se retrouver leur permet de tenir et de mieux appréhender leur condamnation, vécue dans un premier temps comme un choc, comme le raconte Filipe Drapeau Vieira Contim, maître de conférence à Rennes 1 et professeur de Quentin, étudiant en philosophie : "Avec les professeurs on lui a envoyé quelques lettres. Au départ, c'était dur pour lui mais il est emprisonné dans de bonnes conditions. Le personnel de Vezin est plutôt compréhensif et le traite bien. D'après ce qu'il nous a dit, le personnel disait même que ces prisonniers n'avaient rien à faire là". Pour Nicolas Prigent, avocat d'un des autres étudiants, "il se considère comme innocent. C'est difficile de savoir exactement comment il se sent, mais il n'est pas abattu et il a encaissé le choc carcéral".

Les avocats font appel

Une fois le choc de la condamnation passé, ces étudiants et leurs familles partent sur un nouveau combat : faire en sorte que la justice les reconnaisse comme innocents. Les avocats des quatre condamnés ont fait appel de la décision du tribunal correctionnel de Rennes mais "les délais de justice sont longs" déplore Jennifer Cambla, avocate du jeune homme condamné à la plus lourde peine. Il faudra peut être jusqu'à 4 mois pour que la demande d'appel soit examinée. L'ensemble des étudiants auront purgé leur peine d'ici là, mais Jennifer Cambla ne compte pas baisser les bras pour autant : elle demande une remise en liberté pour son client. Demande qui sera examinée le 26 juillet prochain, deux mois après la condamnation. "Si on arrive à réduire sa peine d'un mois, ça sera déjà ça", confie l'avocate.

Vivre avec un casier judiciaire ?

Mais une remise en liberté ne fera pas table rase de l'affaire et les casiers judiciaires des étudiants, vierges jusqu'ici, porteront toujours la mention "violences en réunion lors de manifestation sur la voie publique". Et c'est là tout l'enjeu pour les avocats : obtenir une réhabilitation judiciaire, histoire que l'affaire ne soit pas un handicap dans la vie professionnelle future de ces étudiants. "Quentin souhaite exercer un métier en rapport avec le milieu éducatif, relate Filipe Drapeau Vieira Contim. S'il a un casier judiciaire, surtout si le mot 'violence' y apparaît, ça sera vraiment difficile pour lui."

En attendant une éventuelle réhabilitation judiciaire, Quentin vient de valider sa troisième année de licence de philosophie et a reçu les résultats dans sa cellule, avec quelques mots de sympathie de la part de ses professeurs. Le gérant du Bagelstein, lui, regrette l'ampleur prise par l'affaire et se dit navré de voir ces étudiants purger de si lourdes peines.

Retrouvez notre reportage sur l'affaire Bagelstein et sur la mobilisation en faveur des étudiants incarcérés :
Reportage de Perrine Ketels, Baptiste Galmiche et Dominique Frasez

La mobilisation continue pour aider les 4 étudiants emprisonnés
Chaque mercredi depuis trois semaines, une centaine d'étudiants et de jeunes actifs se retrouvent place Hoche, en soutien à leurs camarades emprisonnés. Ils défilent avec des banderoles, distribuent des tracts et se retrouvent souvent devant le Bagelstein de Rennes pour crier leur colère. Jeudi 16 juin, plusieurs dizaines de manifestants se sont également retrouvés aux pieds des murs du centre pénitentiaire de Vezin, à l'initiative de l'AG Interpro, de Solidaires, de FO, du PG, d'Ensemble et du NPA. Ces mouvements ont d'ailleurs créé un tout nouveau collectif pour l'occasion, baptisé CCCMS pour "Collectif contre la criminalisation du mouvement social".
Parallèlement sur internet la mobilisation continue : une pétition réclamant l'amnistie pour les étudiants a reccueilli presque 7500 signatures en moins d'un mois. Une cagnotte a été également mise en place, visant à payer les dommages et intérêts, les frais d'avocat, démarche d'appel et d'effacement du casier judiciaire et les frais de cantinage pour améliorer le quotidien des étudiants en prison. Presque 140 personnes ont participé et environ 4000€ ont été récoltés. Certains ont même fait des dons allant de 100 à 500€.
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