Après l'évacuation de deux immeubles fin septembre 2019, Quai Ille-et-Rance à Rennes, un autre immeuble présentant des fissures récentes a dû être vidé de ses habitants. Nature du sol, constructions nouvelles, chantier du métro... pour expliquer ces incidents, les pistes sont nombreuses.
Samedi 19 novembre 2016. Jour d'affluence dans les magasins du centre ville rennais. Rue de Saint-Malo, le sol se dérobe dans une boutique: la dalle de béton s'effondre, laissant voir un trou en entonnoir de 5 m de diamètre et 2,5 m de profondeur. Les quatre personnes présentes dans le magasin s'en sortent indemnes mais les travaux à proximité de la deuxième ligne du métro rennais sont stoppés net pendant plusieurs semaines.
Evacuations multiples
Plus récemment, fin septembre 2019, deux immeubles situés Quai Ille-et-Rance, près de la place de Bretagne, ont du être évacués de tous leurs habitants, le temps de renforcer le bâti. Cette fois, les regards se sont tournés vers le chantier mitoyen, où un immeuble a été démoli pour y construire une résidence de standing.Ce mardi 4 février, les craquements entendus par une habitante du 30-32 rue Saint-Hélier, et la nouvelle fissure apparue dans le plancher de son appartement, l'ont convaincue d'appeler les pompiers. Résultats: l'accès aux 10 logements et aux 3 commerces du bâtiment est désormais interdit.
Le chantier du métro est-il responsable de ce nouvel incident?
Une fois de plus, le chantier de la deuxième ligne du métro rennais risque d'être montrée du doigt. Les travaux qui lui permettront de passer à côté de la gare ferroviaire se poursuivent, non loin de la rue où a eu lieu l'incident mardi 4 février. Pour autant, la Ville de Rennes écarte l'hypothèse du métro cette fois-ci.
Le sous-sol de la ville est-il instable?
"Pas particulièrement", répond le service géologique national que nous avons interrogé. Jean-Michel Schroetter, géologue du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), estime que "Rennes est épargnée par l'instabilité qui caractérise les grands bassins sédimentaires comme à Paris ou à Toulouse".
Pour se rassurer, chacun peut d'ailleurs consulter le site georisques.gouv ou la carte interactive Infoterre sur la géologie du territoire, mise en ligne par le BRGM, et inscrire le nom de sa commune dans l'icône représentant quatre flèches convergeantes en haut à gauche de l'écran.
Pour Rennes, cette carte géologique fait apparaître "une formation de socle", le sous-sol profond, en granite avec des shistes tout autour; au niveau superficiel, il y a aussi des alluvions (sable, argile, galets) mais localisés uniquement dans l'ancien lit de la Vilaine, entre le quartier Villejean et le canal d'Ille-et-Rance.
Les secteurs avec de l'argile sont susceptibles de se mouvoir, en fonction de la sécheresse puis de la réhydratation du sol: ce que les géologues appellent les "aléas retrait-gonflement" de l'argile; Mais le sous-sol de Rennes ne présente pas de grandes quantités d'argile.
Remontée de nappes?
En revanche les nappes phréatiques, bien pleines en ce moment, peuvent provoquer un mouvement, appelé "remontée de nappes" : une poussée de la nappe quand le trop plein d'eau reste prisonnier d'un sol bétonné, suivi d'une redescente de la nappe, quand il y a moins de pluie. Selon le géologue du BRGM Jean-Michel Schroetter, s'il y a des mouvements de terrain à Rennes, ce serait bien ceux provoqués par les nappes phréatiques.
Vieillissement du bâti
Reste bien sûr, l'immeuble lui-même, qui veillit différement selon la qualité de sa construction. La piste sera naturellement explorée par les enquêteurs. Le risque d’effondrement est écarté par la municipalité. Une réunion a lieu, ce mercredi 5 février, avec les locataires, un expert, le propriétaire et la Ville, pour décider des suites.