Ce samedi 3 février, la députée du Finistère Sandrine Le Feur a porté plainte contre certains comptes de "Pessi" qui la harcelaient depuis fin janvier sur le réseau social professionnel LinkedIn, au point qu'il a fallu bloquer l'espace de commentaires. "Pessi", c’est le nom des membres de cette cybercommunauté de trolls hyperactifs, qui tire son nom de la contraction de « pénalty » et du joueur de football « Messi ». De nombreuses personnalités sont touchées par ce phénomène qui semble s'amplifier depuis le début de l'année.
Cantonnés depuis quelques années au réseau social X (ex-Twitter), les "Pessi" s'attaquent désormais à linkedIn. Le 25 janvier, un compte X qui compte plus de 9 300 abonnés tweetait "mon rêve que les Pessi se créent un compte Linkedin et aillent polluer l’appli".
Deux jours plus tard, Sandrine Le Feur, députée Renaissance du Finistère intervient sur TF1 pour commenter les annonces de Gabriel Attal pour endiguer la crise des agriculteurs. Son nom de famille n'est pas passé inaperçu aux yeux de la communauté des "Pessi". Pourquoi ? Réponse de l'intéressée : "J’ai la malchance d’avoir le mot Feur dans mon nom, qui se trouve être apparemment leur commentaire de ralliement", expliquera-t-elle sur LinkedIn.
En effet, ils s’amusent depuis plusieurs années à ajouter « feur » à tous les posts qui se terminent par « quoi ». Il aura suffi de cette broutille pour entraîner du cyberharcèlement sous forme d'un déferlement d'attaques de faux comptes nommés "Pessi".
"J'ai la malchance d'avoir le mot Feur dans mon nom"
Depuis la fin janvier, ce sont plus de 2000 comptes issus de la communauté des Pessi qui ont fait leur entrée sur le réseau social en harcelant la députée macroniste. Cette dernière a été contrainte de restreindre les commentaires sous ses publications, réduisant ainsi sa visibilité sur ses sujets de prédilection : "J'ai porté plainte samedi 3 février. Moralement, ça ne m'atteint pas mais c'est insupportable ce cyberharcèlement. Il faut arrêter avec ce sentiment d'impunité. Ce qui est embêtant, c'est que ça bloque tout commentaire sous mes publications", commente Sandrine Le Feur.
D'autres personnalités, comme Marlène Schiappa, Gérald Darmanin, Pierre Menez ou Elon Musk, n'ont pas un nom avec Feur mais font quand même les frais de ces attaques groupées. Souvent très jeunes, les "Pessi" agissent généralement en communauté pour rendre leurs raids numériques plus nuisibles. Ils sont reconnaissables à la photo de profil qu’ils utilisent, généralement une photo du joueur de football argentin Lionel Messi avec un « filtre chauve » qui a fait florès sur Snapchat.
Tout commence en 2020. Le joueur de Barcelone fait alors l'objet de moqueries pour sa propension à manquer les penalties qu'il tire, d'où le nom de ce nouveau groupe de "trolls" : "Pessi, c'est Messi avec un P pour rappeler tous les penalties qu'il a ratés", affirme un membre de ce groupe informel au journal Le Parisien, en 2021.
Du cyberharcèlement en équipe
C'est une facette du cyberharcèlement qui se constitue en équipe et prend de l'ampleur depuis.
Les "Pessi" des débuts se présentent comme des adolescents ou de jeunes adultes, très souvent masculins, qui s'amusent simplement à détourner des images pour y faire figurer leur Messi chauve dans des situations improbables.
Selon Franceinfo, "après de premières actions passées relativement inaperçues, les "Pessi" se retrouvent au cœur d'une première polémique en mars 2021. Un dimanche, un torrent de commentaires, souvent absurdes, se déverse sous une publication de Mila, une adolescente déjà victime de cyberharcèlement pour avoir tenu des propos islamophobes en 2020.
Ils se définissent tour à tour comme justiciers du net ou "anti-chialeuses numériques" (figures sous laquelle ils rassemblent pêle-mêle toute forme de lamentation) auxquelles ils répondent généralement par de l'humour potache, des paroles de chansons détournées ou des injonctions comme « hurle », « miaule », « chiale » ou « aboie », jusqu'au cyberharcèlement.
Seulement voilà, selon la loi, il n’est pas nécessaire de se montrer insultant pour caractériser un acte de cyberharcèlement, défini par des agissements malveillants répétés. Il peut être puni de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.