Pendant deux mois, l'enseignement à la maison a pris plus ou moins de place dans les foyers. A quelques jours de la réouverture des écoles, les enfants ont-ils hâte d'y retourner ? Quelles questions se posent-ils ? Témoignages d'enfants de 3 à 13 ans, entre Quimper et Rennes.
Léanah a 3 ans et demi, elle n'a donc qu'une moitié d'année d'école au compteur, mais pour elle, c'est très clair, elle a hâte d'y retourner. Pourquoi ? "parce que mon frère me tire les cheveux !" Eh oui, la promiscuité et le fait de passer des journées tous ensemble créé parfois des tensions. Même si son petit frère n'a que huit mois, c'est une raison tout à fait valable, Léanah !
Dans la région rennaise, certaines écoles ont décidé de ne pas accepter les maternelles avant septembre. Une mauvaise nouvelle pour Alex, en moyenne section, qui relativise : "C'est à cause du coronavirus".
Soha est en CE2 : "Moi j'aimerais bien y aller mais papa a dit que c'était pas sûr". Très au fait des discussions en cours sur le sujet, elle sait que les maîtresses, la première semaine, vont faire des changements, "qu'on va devoir manger dans la classe, que les récrés seront plus courtes ou plus longues, on ne sait pas trop".
Mais ce qui l'intéresse avant tout, c'est :
Est-ce que je serai dans le même groupe que mes copines ?
Les parents de Sarah, élève de CM2, eux, ont décidé avec elle qu'elle n'y retournerait pas avant septembre. Elle est "heureuse de passer plus de temps avec eux".
Raphaël, collégien, même s'il court un jour sur deux et qu'il répond à des « covid-challenge » sur internet, a hâte d'y retourner : " C'est l'EPS qui me manque le plus !"
Assez de faire l'école à la maison
"Je préfère quand c'est la maîtresse qui me fait l'école !" Comment ça, les enfants préfèrent leurs enseignants alors que les parents s'échinent à leur faire l'école depuis six semaines, parfois en s'arrachant les cheveux, en y perdant leur latin et leur patience !
Eh oui, malgré tous leurs efforts, et même aidés des instituteurs de Lumni (chaque matin sur France 4), ils sont quasiment tous unanimes : les enfants préfèrent leur institutrice ou leur instituteur, ce qui est somme toute une bonne nouvelle pour l'éducation nationale.
"Au début c'était marrant parce que c'était une première, j'avais jamais fait ça, l'école à la maison. Mais quand c'est trop long c'est un peu nul", témoigne Soha.
Elwenn, 8 ans, complète : "J'ai envie de reprendre mes habitudes".
Beaucoup de questions dans leur tête
Si les enfants ont hâte d'y retourner, la reprise de l'école s’accompagne de nombreuses questions, notamment autour du respect des nouvelles règles.
Tout à leur potager, Elwenn et son frère sont un peu inquiets. "J'ai un peu peur de pas faire tout bien comme il faut, car il y aura sûrement beaucoup de nouvelles règles !"
Et comment on fera pour parler correctement avec des masques ?
Est-ce que la maîtresse nous entendra au bout de la classe ?
Nathaël, 11 ans, a "un peu peur quand même d'attraper le virus. Ca va être bizarre d'avoir des masques, de ne peut être pas pouvoir s'approcher pour jouer au foot. Je me demande comment vont se passer les journées et ce que l'on aura le droit de faire", ajoute-t-il.
De son côté, Soha pense "qu'on ne pourra pas trop se toucher, vu qu'on doit respecter les 1m". Sa sœur Malia, en CP, voit le bon côté du changement : "Ce qui est rigolo, c'est qu'on va manger dans nos classes".
Des questions, les plus grands s'en posent aussi. A la lecture des consignes de son collège, Marie, en 5ème, réagit : "On va faire plus de logistique que de cours, ça va être bizarre !"
Raphaël, même âge, a plus ou moins hâte. Revoir les copains, oui, mais les distances et le masque lui posent problème : "Avec les potes, souvent on aime bien être à côté. Discuter à deux, à 1 m chacun, ça ira, mais à 5 ou 6 ça va être plus embêtant".
A la récré comment ça va se passer ?
Simon et Malo, camarades de CP, échangent au téléphone.
Revoir les copains est ce qui motive la plupart des enfants. Mais avec les règles sanitaires imposées, à la récré, "qu'est-ce qu'on pourra faire ?"J'ai hâte ! Et toi ? Moi aussi !
Malo a déjà réfléchi à la question :
Jouer au loup, ce sera difficile, mais un cache-cache, oui, ce sera possible.
1, 2, 3 soleil peut-être ? "Mais non, explique Simon, on ne pourra pas, on sera trop près". "On s'écartera", finit par ajouter son copain après réflexion.
Assez du confinement oui...
Quels que soient leurs lieux et leurs conditions de résidence, beaucoup de jeunes sondés en ont assez du confinement. Nathaël trouve que "c'est long de ne voir personne d'autres que papa, maman et mes deux frères".
Soha l'exprime aussi clairement : "On peut quasiment rien faire alors que les parents, ils peuvent aller faire les courses. Nous, on ne peut pas sortir. Pas voir papi, mamie, et les copains".
Paul, en 4ème, ne cache pas son impatience :
J'en ai marre du confinement, je me sens enfermé.
J'ai hâte de revoir mes potes et de me dépayser, je voudrais pas que ça se prolonge.
… et non
Période spéciale oblige, les parents ont souvent lâché un peu de lest, parfois aussi pour occuper ce petit monde pendant le télétravail. Les enfants et les ados ont pris certaines habitudes, comme retrouver les copains pour jouer en ligne, un peu plus souvent que d'ordinaire.Antoine, élève de CM2, explique : "J'ai le droit à 45 min de jeux vidéo par jour pendant le confinement. Après, ce ne sera pas tous les jours".
Une chose est sûre, les enfants vont avoir des milliers de choses à se raconter à la récré. Oui, mais pas de trop près.