Ibrahim Sounatra est Ivoirien. Il arrivé en août dernier à Rennes après un périple d'un an et demi. Durant ce voyage, il a notamment vécu l'enfer libyen : le travail forcé, le viol des femmes... Il écrit un livre pour témoigner. Son titre : le rêve brisé...
Depuis son arrivée en août dernier à Rennes, Ibrahim Sountara a vécu dans des squats. Celui de la Poterie, d'abord. Et puis, le gymnase du collège l'Echange, récemment. Désormais, il est hébergé chez des particuliers pour des durées allant de quelques jours à quelques mois.
Peu après être arrivé en Bretagne, Ibrahim a fait la connaissance des bénévoles de l'association de défense des droits des mal logés et des migrants "Un toit est un droit". Grâce à eux il a où dormir au chaud et au sec. Depuis il aide autant qu'il le peut les militants de l'association, en participant à la préparation des repas, en manifestant à leurs côtés ou encore en faisant signer des pétitions de soutien dans la rue.
Quand je suis arrivé à Rennes c'est cette association qui m'a hébergé, sinon je serais toujours à la rue. Je trouve que le combat de cette association est noble donc il faut se mobiliser pour cette cause noble
Quand il n'aide pas l'association et les autres migrants, Ibrahim écrit. Il apporte aujourd'hui les dernières corrections au récit qu'il a commencé à rédiger pendant son enfermement dans un camp italien de migrants.
Un livre en hommage à son ami mort en Méditerranée
Ce récit raconte l'histoire d'un migrant. Un migrant ivoirien de 25 ans mort en mer Méditerranée. C'était un ami d'Ibrahim avec qui il a embarqué sur le bateau de passeurs lybiens à Sabratha. Ils étaient 159 sur une embarcation percée d'environ 7 mètres de long... Au cours de la traversée l'eau a pénétré dans le bateau et s'est mélangeé au carburant devenant un liquide corrosif. Une bousculade éclate à bord et quatre personnes mourront dont le compagnon d'Ibrahim.
Il est mort sous mes yeux sans que je ne puisse faire quoi que ce soit
La Lybie restera pour Ibrahim le lieu de toutes les monstruosités. Là-bas, il a connu le travail forcé et il a vu des femmes, migrantes comme lui, violées par les gardiens libyens. Sans pouvoir s'interposer, impuissant.
Avec ce livre intitulé "le rêve brisé" Ibrahim veut témoigne et tenter de faire comprendre la douleur et la violence vécues par les migrants.
Et quand on lui demande ce qu'il pense du discours "anti-migrants" qui consiste à dire que les migrants viennent profiter des richesses de la France, il répond "Entre la France et la Côte d'Ivoire, celui est parti vers l'autre en premier c'est la France. Aujourd'hui 80% des entreprises ivoiriennes appartiennent à la France"
Menacé dans son pays, Ibrahim Sountara a demandé le droit d'asile à la France.