Le journal satirique Le Canard Enchaîné a révélé dans son édition du 24 mai que Richard Ferrand, Ministre de la Cohésion des territoires, a favorisé son épouse dans une opération immobilière. Une affaire qui sort alors que François Bayrou prépare la loi sur la moralisation de la vie politique.
L'affaire aurait débuté en 2011, lorsque Richard Ferrand était Directeur général des Mutuelles de Bretagne, un poste qu'il a occupé entre 1993 et 2012.
Le bureau du conseil d'administration des Mutuelles s'est réuni en janvier 2011 pour choisir un nouveau local destiné à un centre de soins à Brest.
Sur les trois offres proposées, c'est celle de la société civile immobilière Saca, "qui n'a pas encore d'existence légale, et qui n'est pas encore propriétaire des surfaces qu'elle propose à la location au 2 rue Georges-Sand pour un loyer annuel de 42 000 euros qui est choisie à l'unanimité. Surprise, la future gérante de cette SCI n'est autre que l'avocate brestoise Sandrine Doucen, la compagne de Richard Ferrand. Mais ce petit détail n'a pas été mentionné le procès verbal de la réunion" explique le journal satirique.
La SCI Saca, dont le capital s'élève à 100 euros, est enregistrée le 24 février 2011 au greffe du tribunal de commerce. Étant donné que toutes les SCI doivent légalement être constituées d'au moins deux associés, un ami de Richard Ferrand dans l'Aveyron investit 1 euro pour acheter une action, "pendant que Sandrine Doucen s'offre les 99 autres".
Un prêt de 402 000 euros
Pour l'achat des locaux de la rue Georges-Sand en juillet 2011, la Saca a bénéficié d'un prêt de 402 000 euros de la part du Crédit agricole du Finistère soit 100% (remboursables en 15 ans) du prix d'achat et la totalité des frais dits de notaire."Un traitement réservé aux acquéreurs qui disposent d'un locataire dont les revenus sont garantis, précise le Canard Enchaîné. La décision des Mutuelles va permettre à la compagne du directeur général de rembourser, à terme, la totalité de son emprunt bancaire."
En outre, "les lieux seront entièrement rénovés – et sans contrepartie – aux frais des Mutuelles, pour un montant de 184 000 euros", poursuit l'hebdomadaire qui ajoute que "six ans après la création de la création de la société Saca, la valeur des parts a été multipliée par 3 000".
Interrogé par Le Canard Enchaîné, Richard Ferrand n'a pas démenti les faits. "C'était la proposition la moins chère ! Le prix était conforme au marché et rien n'a été caché : tout le monde savait que cette SCI était la propriété de ma compagne".Tout le monde savait que cette SCI était la propriété de ma compagne
Si cette "combine de Ferrand n'a rien d'illégale", elle tombe plutôt mal alors que François Bayrou, Ministre de la Justice, travaille sur la loi concernant la moralisation de la vie politique.
Le reportage de Séverine Breton, Carole Collinet-Appéré et Stéphane Soviller :