Les services de sécurité français inquiets de la présence d'espions chinois en Bretagne

Dans son livre France-Chine, Les liaisons dangereuses, Antoine Izambard enquête sur la guerre secrète menée par la Chine dans les domaines de l’économie et de la défense française. Il révèle notamment que la Bretagne est particulièrement concernée par le phénomène.

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Des militaires et des ingénieurs courtisés par des étudiantes chinoises, de l’espionnage au sein d’entreprises innovantes, ou encore une très forte présence d’étudiants chinois dans des universités et écoles d’ingénieurs bretonnes... Manifestement, la Chine s’intéresse beaucoup à notre région, comme le révèle Antoine Izambard dans son livre France-Chine, Les liaisons dangereuses, paru début octobre.

Et pour cause : la Bretagne est une place forte du système de défense français avec l’île longue à Brest, le pôle d’excellence cyber à Rennes ou encore la Direction générale de l’armement (DGA) maîtrise de l’information à Bruz. Dans le privé, on dénombre 400 entreprises collaborant avec la défense nationale et de très nombreuses start-up et PME innovantes dans le secteur des biotechnologies.

 

Les mariages entre étudiantes chinoises et militaires inquiètent les renseignements


Dans un rapport confidentiel paru en juillet 2018, auquel a eu accès Antoine Izambard, le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) s’inquiète du nombre accru de mariages entre des étudiantes chinoises et des militaires installés en Bretagne. Le document cite la ville de Brest et fait référence à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et à L’Ecole Nationale Supérieure de Techniques Avancées (ENSTA).  

Plusieurs sources ont aussi expliqué au journaliste que les militaires installés en Bretagne sont souvent approchés par des chinois, de même que les étudiants susceptibles d’intégrer des entreprises de ce secteur.

 

Des étudiants chinois très présents dans la recherche en lien avec le domaine militaire


A l’UBO, les étudiants chinois représentent la deuxième communauté étrangère. L’information est de notoriété publique. Celle qui l’est peut-être un peu moins, c’est la très forte présence des étudiants chinois dans des écoles d’ingénieurs en lien avec le militaire.

Antoine Izambard révèle ainsi que dans une grande école d’ingénieur (dont il ne dit pas le nom), 10 doctorants sur 30 sont des chinois venus de l’Institut de technologie de Harbin, un institut administré par une agence gouvernementale qui achète toutes les armes pour le gouvernement chinois. Les inquiétudes des services français peuvent apparaître fondées quand on précise que le laboratoire de cette école travaille sur des thématiques civiles et militaires.

Toujours dans le domaine de la formation, on apprend que l’entreprise Demos, leader de la formation continue, a été racheté par l’entreprise chinoise Weidong. Demos est très présente en Bretagne puisqu’elle propose notamment des préparations aux concours militaires. "L’État français craint surtout que Weidong s’empare par ce biais d’informations stratégiques et qu’elle permette également à des espions chinois d’intégrer les formations militaires," explique l’auteur de l’ouvrage.

Le même groupe chinois est aussi accessoirement le propriétaire de la Brest Business School. 

 

Des espions dans les entreprises innovantes

D’autres révélations sont dignes d’un film d’espionnage. Sans préciser la date ni le nom de l‘entreprise, Antoine Izambard raconte comment un homme lié au ministère de la sécurité, le plus important service de renseignement chinois, a été retrouvé dans les locaux d’une start-up travaillant sur l’exploitation des ressources marines.

Car au-delà du militaire, la Chine s’intéresse aussi à aux biotechnologies, à l’aéronautique, à la robotique, aux produits médicaux ou à la production électrique. Ces domaines d’activités font partie des secteurs prioritaires du plan Made In China 2025. À travers ce programme, le gouvernement chinois ambitionne de devenir leader dans les technologies de pointe, et tout le monde est prié de contribuer à atteindre cet objectif, quels que soit les moyens à mettre en œuvre.

Entre 2014 et 2018, Thales, Sanofi, Airbus, Dassault, ou Safran ont subi des cyberattaques en provenance de la Chine. Repérés par la communauté internationale, les Chinois ont depuis développé de nouvelles méthodes et techniques plus modernes et discrètes, voire même totalement légales.

 

Nouvelle stratégie : financer la recherche pour récupérer la propriété intellectuelle

Souffrant de budgets publics souvent contraints, les laboratoires et centres de recherche français se tournent de plus en plus vers des financements privés.

Depuis plusieurs années, les universités et entreprises chinoises multiplient ainsi les partenariats avec des centres de recherche et des universités françaises. En échanges de financements généreux, les Chinois s’octroient les droits de propriété intellectuelle. Ce fut notamment le cas dans un contrat passé entre Huawei et l’Institut Mines-télécom Atlantique de Nantes.

La puissance économique des entreprises chinoises et l’immensité du marché intérieur limitent voire empêchent toute riposte. Les sociétés et les états étrangers craignent en effet par-dessus tout de s’en faire interdire l’accès.


Selon Antoine Izambard, les services de renseignement français ont bien conscience de la menace, mais il pointe du doigt une certaine naïveté des hommes politiques qui sont aveuglés par les investissements potentiels. Pour le journaliste, c’est un leurre. "Les investissements chinois en France ne sont pas convaincants, à peine 1,6 milliards d’euros. Parfois même cela tourne au fiasco".

En exemple, l’auteur cite les cas de la vente de l’aéroport de Toulouse ou celui du rachat de l‘entreprise Desseilles fleuron de la dentelle de Calais liquidée peu après. En Bretagne, les déboires de l’usine de poudre de lait Synutra illustre aussi parfaitement les propos de l‘auteur. Celui-ci avertit, en guise de conclusion :"on ne se méfie pas assez de la Chine".

   


 
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