Un appel à la solidarité des producteurs de lait est à nouveau lancé par les associations humanitaires, comme les Restos du Cœur ou la Banque Alimentaire, pour l’année 2022. Ces dons de lait sont un levier important contre la précarité.
Lors de la dernière campagne des Restos du Cœur, les dons des producteurs laitiers ont permis de récolter plus de 2,8 millions de litres de lait. Chaque année, les Restos du cœur distribuent plus de 20 millions de litres de lait auxquels s’ajoutent plus de 5 000 tonnes de produits laitiers sous forme de yaourts, fromage ou encore de beurre.
Les dons de lait sont plus que jamais vitaux...
Les Restos du Coeur
Selon les Restos, "les dons de lait sont plus que jamais vitaux pour fournir l’aide alimentaire aux 1,2 million de personnes accueillies, dont beaucoup de jeunes de moins de 25 ans et 59 000 bébés de moins de 12 mois, ainsi que de nombreuses familles en situation de précarité".
1000 litres, c’est du lait pour 20 familles pendant un an
Le même appel est lancé du côté de la Banque alimentaire, chez qui les produits laitiers représentent 30% de la demande. Il faut savoir qu’un don de 1000 litres de lait approvisionne 20 familles pour un an. L’association constate malheureusement que depuis 2015, les dons de lait ont diminué de moitié alors que les besoins augmentent.
Des besoins en forte hausse
En moyenne, les besoins ont augmenté de 10 à 20 % en 3 ans, car la pandémie a encore accentué la précarité. Il y a plus de migrants, d’étudiants en situation précaire et plus de pauvreté sur des populations en recherche d’activité professionnelle, attirées par la ville.
Faciliter les dons alimentaires
D’autres associations d’intérêt général relaient cet appel, à l’image de SOLAAL, réseau national avec des antennes régionales, qui facilite le don alimentaire, en mettant en relation les donateurs des filières agricoles et les associations d’aide alimentaire. En Bretagne, la structure est pilotée par les membres fondateurs : Chambre d’agriculture régionale, FRSEA et JA Bretagne.
Notre rôle, c'est de nourrir les gens, pas de jeter ou gaspiller.
Michel Inisan, éleveur laitier à Plouider (Finistère)
Et la SOLAAL Bretagne accompagne les donateurs comme Michel Inisan, 57 ans, éleveur laitier sur la commune de Plouider, dans le Nord Finistère. Avec son frère, il a monté le GAEC de Grimidou.
"On fait du don de lait presque tous les ans. L'an dernier, on a donné 5 000 litres de lait. Nous avons un volume de 600 000 litres de lait à livrer chaque année à notre laiterie à Ploudaniel, par contrat. Et quand on dépasse cette quantité, on ne veut pas jeter, ni gaspiller. Notre rôle à nous, c'est de nourrir les gens, pas de détruire. Et ça, c'est l'état d'esprit de beaucoup de producteurs", témoigne-t-il avant d'ajouter, "heureusement que la SOLAAL est là pour faire le lien, car autrement on n'aurait pas le temps de s'en occuper", conclut Michel Inisan.
Un groupe de travail pour identifier les freins
Dorothée Briaumont est la directrice nationale de SOLAAL et le don de lait lui tient particulièrement à cœur : "Nous sommes en train de créer un groupe de travail sur ces questions pour améliorer encore les choses et voir quels sont les freins qui resteraient à lever, notamment des problèmes logistiques et opérationnels", explique-t-elle. Et pourtant, un frein de taille a déjà été levé en 2013 : la fiscalité.
60% de déduction fiscale
Depuis 9 ans, le dispositif fiscal "don de lait", solidaire et avantageux, permet aux producteurs laitiers de faire un don à une association.
Les producteurs de lait qui feront un don de lait avant le 15 février 2022, à une association habilitée de leur choix, pourront bénéficier d’une déduction fiscale de 60% de la valeur de leur don (*dans la limite de 5 pour mille du chiffre d’affaires hors taxes de l’exploitation agricole). Une convention aura préalablement été établie entre l’association et la filière.
Comment donner avant le 15 février ?
Le volume de don est à annoncer aux laiteries avant la mi-février et reste au choix du donateur. Ces dernières ont un an pour transformer – gratuitement pour la plupart des laiteries bretonnes – le don en produit laitier et le livrer.
À l’issue, c’est l’association qui délivre l’attestation fiscale, certifiant ainsi la traçabilité du don.