Les refuges bretons de la SPA sont saturés, comme partout en France. Les abandons de lapins, hamsters et cochons d'Inde ont même triplé en 2021 à Rennes et les adoptions de chiens sont en chute libre. Vu le contexte, la SPA souhaite que la vente des petits animaux de compagnie soit interdite en animalerie, afin d'éviter les achats compulsifs. Une mauvaise idée, pour les animaleries.
En Bretagne, en 2021, les 8 refuges de la SPA situés à Quimper, Plouhinec, Crozon, Vitré, Châteaubourg, Rennes, Redon et Inzinzac-Lochrist ont pris en charge 4 320 animaux. Soit 4 % de plus qu’en 2020. Et 3 878 animaux ont été adoptés. Une triste normalité malheureusement, conséquence également d'un effet post confinements. Car la nouveauté, c'est l'explosion du nombre d'abandons de petits rongeurs - hamsters, lapins et cochons d'Inde - qui ont triplé en 2021. En 2020, le refuge de Rennes avait reçu 23 demandes de prise en charge. En 2021, c'était 61. Du jamais vu !
Les petits rongeurs sont les animaux du caprice, pour faire plaisir aux enfants
Mélissa Laure-Motur, responsable du refuge SPA de Rennes
Selon Mélissa Laure-Motur, la responsable du refuge SPA de Rennes, "les petits rongeurs sont les animaux du caprice, pour faire plaisir aux enfants. Et ces nouveaux animaux de compagnie (NAC) sont particulièrement accessibles, pas chers. Et puis, ils sont petits, on se dit qu'ils sont dans une cage, ne prennent pas trop de place, pas besoin de les promener donc c'est facile. Sauf qu'eux aussi peuvent avoir des problèmes de santé et nécessiter des soins vétérinaires".
Une ribambelle de petits
Autre point de méconnaissance sur lequel Mélissa tient à mettre l'accent, c'est le fait que "quand les gens achètent par exemple deux hamsters, ils oublient de vérifier s'il y a un mâle et une femelle, or c'est essentiel ,car ce sont des animaux qui se reproduisent très vite et donc rapidement, les propriétaires se retrouvent avec une ribambelle de petits. Et puis, on oublie aussi que le hamster est un animal solitaire".
L'association de protection des animaux demande par conséquent l'interdiction de la vente des NAC dans les animaleries. Le projet de loi concernerait pour l'instant seulement l'interdiction de la vente de chiens et de chats en animalerie à partir de 2024.
Si on sent que l'animal ne sera pas bien, on refuse de le vendre
Guillaume Petit, responsable adjoint Maxi Zoo Saint-Grégoire
L'exigence est pourtant croissante du côté des animaleries. Chez Maxi Zoo à Saint-Grégoire, près de Rennes, on constate en effet une légère augmentation de la demande de petits rongeurs. Mais attention, pas question de faire n'importe quoi.
Une petite souris blanche qui coûte 2 euros reste un être vivant
Guillaume Petit, responsable adjoint du magasin, applique une consigne très claire : "Si on sent que l'animal ne sera pas bien, on refuse de le vendre. Et c'est déjà arrivé malheureusement. Avant d'acheter, on fait signer un engagement au futur propriétaire de l'animal qui doit le maintenir en bonne santé, car même si c'est une petite souris blanche qui coûte 2 euros, cela reste un être vivant".
L'appel de la SPA pour que les animaleries ne vendent plus ces petits animaux est un faux débat selon lui, car "si nous on ne vend plus ces petits animaux, cela se fera entre particuliers et ce sera beaucoup moins encadré".
Pour Guillaume Petit, "c'est surtout aux particuliers d'être plus responsables", déplore-t-il.
Des animaux traumatisés au déconfinement
Autre sujet d'inquiétude actuellement au refuge de Rennes, c'est la situation des chiens : "Il y a un véritable effet post-confinement, dont on parle peu mais qui est bien réel, explique la responsable de la SPA. Beaucoup d'animaux ont vu leurs maîtres en continu pendant 2 mois et d'un coup, ils sont repartis travailler. Certains chiens ne l'ont pas supporté et ont développé des troubles du comportement et des troubles anxieux".
"Ce sont des bêtes qui vont hurler toute la journée, détruire des choses dans le logement, avoir une phase de malpropreté. Et bien ça, c'est un gros motif d'abandon en ce moment", précise-t-elle. Sans compter les autres conséquences de la pandémie - décès du propriétaire, perte d'emploi, déménagement, difficultés économiques.
Situation catastrophique pour les chiens
Une réalité qui laisse place à un nouveau phénomène : "Les chiens sont beaucoup moins adoptés depuis le début de l'année 2022. Et en parallèle, cette semaine, j'ai des demandes de prises en charge pour 23 chiens et on ne peut pas les accueillir car j'en ai déjà 80 sur le site", regrette Mélissa Laure-Motur.
Adopter un animal, c'est en sauver deux
Alors, la responsable du refuge de Rennes martèle une phrase-clé : "il faut que l'adoption soit un réflexe parce qu'adopter un animal, c'est en sauver deux, car cela nous permet d'en récupérer un nouveau". La SPA recherche donc des adoptants responsables et toujours des bénévoles.
Les refuges recherchent des bénévoles mais les réunions d'information ne reprendront qu'en février, en raison du contexte sanitaire.