Témoignage. Cancer du sein : "J'avais l'impression de mettre une jambe de bois quand je mettais ma prothèse"

Publié le Mis à jour le Écrit par Emilie Colin

Danielle a découvert son cancer, en se palpant les seins. "C'était rond" se rappelle-t-elle. Après le diagnostic tout s'enchaîne assez rapidement : interventions, chimiothérapie, radiothérapie. Aujourd'hui, elle est guérie mais chaque contrôle annuel lui rappelle une épée de Damoclès.

"J'avais 52 ans" se souvient Danielle. "Je me suis palpée les seins et j'ai trouvé quelque chose de rond". A l'époque, elle se rend chez son médecin traitant qui lui prescrit une mammographie. Bien qu'infirmière et déjà sensibilisée, Danielle souligne "quand on devient un patient, on perd toute étiquette. On n'est plus rien." La mammographie décèle quelque chose d'anormal. Il faut compléter par une échographie. 


"J'ai tout de suite demandé : faut pas lésiner ?" 


Le radiologue confirme les soupçons de Danielle. La situation est plus grave que prévue : "J'avais six tumeurs et non pas une seule comme je l'avais senti. J'ai tout de suite demandé : faut pas lésiner ? Il faut l'ablation ?"

A son retour chez elle, Danielle confie "j'étais dans le déni. Je n'en ai parlé à personne, ni à mes enfants qui étaient présents ce jour-là, ni à mon mari. J'ai passé une nuit blanche. Le lendemain, j'ai dit à mon mari que j'avais mal dormi, en expliquant juste que la mammographie n'était pas normale, sans donner de détails." 

Danielle retourne voir son médecin. Elle demande à être opérée par un chirurgien en particulier. Pareil pour sa chimiothérapie. "C'est mieux d'être acteur face à la maladie, d'oser demander. Il faut d'abord avoir confiance avant de se laisser guider." 

Elle finit par annoncer le diagnostic à son entourage.
 

Deux ans sans prononcer le mot


Après d'autres examens, vient le temps de l'intervention, de l'ablation. Son sein lui est enlevé. Danielle évoque la douleur, moins prise en compte au début des années 2000. "Le chirurgien m'avait fait un schéma pour m'expliquer l'opération. A ce moment-là, on enlevait la chaîne ganglionnaire, ce qui pouvait éventuellement provoquer le phénomène du gros bras."

Le jour où on m'a enlevé le pansement, ça a été très difficile. J'ai pleuré toute la journée après voir vu que je n'avais plus de sein.

Elle commence la chimiothérapie. "Ça ne s'est pas trop mal passé, je n'ai pas perdu tout mes cheveux." Les traitements la fatiguent. "Une chimiothérapie ne ressemblait pas à une autre. Cela a joué sur mes sens, surtout sur mon odorat. J'étais très sensible aux odeurs, parfois écoeurée." Entre deux chimios et selon son état, elle se fait "des petits plaisirs", pour se ressourcer : marcher, rencontrer des amis, "des choses simples. Mais c'était très important." Ses enfants se révèlent un grand soutien tout comme son mari. 

Pendant deux ans, le mot "cancer" n'est pas prononcé. Danielle rétorque "on me l'avait enlevé, il n'était plus là." 


"J'avais l'impression de mettre une jambe de bois quand je mettais ma prothèse"


La perte de son sein lui coûte. "C'est une amputation...ce côté plat, quand on aime le galbe, mettre des décolletés. On n'a plus l'impression d'être féminine." Avant sa reconstruction, elle ne supporte pas tellement sa prothèse, qu'elle compare à une jambe de bois. Comment le montrer à son partenaire ? "On se cache au niveau du couple. Déjà soi-même on n'arrive pas à se regarder." "On a beaucoup discuté avec mon mari. Il m'a acceptée tel que j'étais." raconte Danielle.

Elle se voit poser une prothèse, deux ans après l'annonce de la maladie. Elle s'esclaffe "par chance j'ai eu la bonne, pas la PIP !" Pas facile là encore de s'approprier ce nouveau sein : "on n'a plus de sensibilité, plus de chaleur. Le sein est froid."  "Des finitions" comme elle dit auront lieu plus tard comme le dessin des aréoles. 

Aujourd'hui âgée de 69 ans, Danielle est guérie mais le stress revient lors des contrôles annuels "je me dis qu'il reste l'autre sein, qu'est-ce qu'on va pouvoir me trouver cette fois-ci ?". Depuis onze ans maintenant, elle s'engage pour l'association Vivre comme avant. Pour elle, l'auto-palpation apparaît comme aussi importante que la mammographie. Elle se rend compte aussi des progrès de la médecine : "Aujourd'hui, on retire moins les seins. On ne laisse plus évoluer les tumeurs quand c'est possible." Le rôle de son association et des événements comme Octobre Rose ("même si tout n'est pas rose") demeurent essentiels, tant qu'ils permettent l'échange. "Quand on va rencontrer les patients, de leur dire qu'on est passé par là et qu'on va bien, ça encourage." 
 
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