Globalement satisfaits de la saison estivale 2017, les acteurs du tourisme bretons et normands s'inquiètent toutefois d'une diminution de la fréquentation britannique, première clientèle étrangère, qu'ils attribuent en partie au Brexit et à une baisse d'attractivité de la France.
Selon un pré-bilan du Comité régional du tourisme (CRT) de Bretagne, qui s'appuie sur le ressenti des professionnels, la saison s'est traduite par une "forte hausse des touristes allemands et espagnols", tandis que la présence britannique, qui représente 29% de la clientèle étrangère, est qualifiée de "timide". "Les conséquences du Brexit se conjuguent, semble-t-il, avec une baisse d'attractivité de la France et de la Bretagne", note le CRT.
Inquiète des répercussions possibles du Brexit, la Bretagne avait été la première région à dresser en décembre une cartographie des secteurs économiques "les plus exposés", dont celui du tourisme. Depuis le référendum du 23 juin 2016 qui a entériné la décision du Royaume-Uni de sortir de l'Union européenne, la livre a perdu près de 15% de sa valeur face à l'euro.
Interrogé par l'AFP, Frédéric Bessonneaud, directeur du complexe touristique du Domaine des Ormes (Ille-et-Vilaine), qui compte 85% de clients britanniques, confirme avoir ressenti une "baisse de consommation en août sur les prestations de loisirs et de restauration", même s'il pense que ses clients "continueront à (lui) être fidèles, Brexit ou pas".
"La baisse de la clientèle britannique est peut-être plus marquée cette année", assure de son côté Bruno Kerdal, président de l'Umih du Morbihan, principal syndicat de l'hôtellerie-restauration. Une perte particulièrement dommageable selon lui dans la mesure où les Britanniques font partie "des clientèles aux séjours les plus longs et qui consomment le plus".
Dans ce contexte morose, l'ouverture en juillet d'une ligne aérienne Lorient-Londres apparaît comme un signal positif. "Elle permettra peut-être aux Britanniques de continuer à se faire plaisir sur des durées plus courtes malgré leur baisse de pouvoir d'achat", espère-t-il.
Un désamour vis-à-vis de la France ?
C'est ce que constate la compagnie maritime Brittany Ferries, dont la clientèle est à 85% britannique, et qui a enregistré une baisse de 5% de son trafic passagers transmanche en un an. "Il y a l'effet Brexit, mais nous en appelons aussi à ne pas se cacher derrière le Brexit pour masquer une perte d'attractivité de la destination France", souligne Christophe Mathieu, président du directoire de Brittany Ferries, qui s'attend dans tous les cas à ressentir l'impact négatif du Brexit sur ses résultats.