L'accord de libre-échange entre l'Union Européenne et le Canada a été ratifié hier par l'Assemblée Nationale. Décrié, cet accord a divisé les parlementaires, notamment au sein de la majorité. Découvrez comment les députés bretons ont voté.
Les négociations ont débuté il y a six ans déjà. Le Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA), ou "Accord économique et commercial global" en français, est un traité qui vise à rapprocher les marchés canadiens et européens en abaissant les droits de douanes et en uniformisant les normes pour les produits échangés entre les deux continents, notamment agricoles.
L'accord a été signé par Justin Trudeau, Premier ministre du Canada, et Donald Tusk, président du Conseil européen, le 30 octobre 2016. Depuis, les parlements des 28 États membres de l'UE doivent le ratifier. C'est le cas en France ce 23 juillet : les députés ont voté sur un projet de loi autorisant la ratification de ce traité.
Voici le vote des 27 députés bretons, département par département. (Leurs photos sont issues du trombinoscope de l'Assemblée Nationale)
Dans les Côtes-d'Armor
Dans le Finistère
Notons également que Richard Ferrand n'a pas voté, en sa qualité de président de l'Assemblée Nationale.
En Ille-et-Vilaine
Les huit parlementaires brétiliens ont suivi les volontés des partis auxquels ils sont affiliés. Les six membres du groupe majoritaire ont logiquement voté en faveur de ce texte, dont François André. Ce dernier a été élu en 2017 sous l'étiquette PS mais il s'est depuis rangé dans les rangs de la majorité.
Dans le Morbihan
Un accord qui divise
Ce texte de loi a été voté à une courte majorité, par 266 voix contre 213. Les députés étaient divisés, jusqu'au sein des rangs de la majorité. On l'a vu à l'échelle bretonne, où certains députés LREM se sont opposés au CETA.Ses défenseurs voient surtout les intérêts économiques quand les opposants dénoncent une menace pour l'agriculture française, très différente de celle pratiquée outre-Atlantique, notamment dans l'élevage bovin.
Contactée par téléphone, Sandrine Le Feur est une députée LREM ayant voté contre cet accord. "Il me manquait des garanties sur la filière bovine et l'enjeu climatique, argumente-t-elle. Les moyens ne sont pas là pour contrôler convenablement les échanges." Faisant partie de la majorité, elle a pourtant travaillé sur ce texte, "qui vient de la gauche comme de la droite". Elle a préféré s'y opposer car la députée défend "une agriculture de territoire, à taille humaine".
Elle précise tout de même être seulement "opposée à un texte, non pas à la majorité". Étant agricultrice, elle a une "légitimité pour s'opposer au CETA, la majorité ne [lui] en veut pas," assure-t-elle.
De son côté, le Républicain Marc Le Fur est "résolument contre cet accord." Sa principale crainte ? L'avenir de la filière bovine dans l'agriculture française. Aussi, "le débat est pollué par la signature récente de l'accord de libre-échange entre le Mercosur et l'UE". Le député, comme le camp de la droite, souhaite protéger l'agriculture française de l'arrivée de produits américains dont les normes sont loins de représenter les mêmes gages de qualité.
"En comparant les avantages et inconvénients d'un tel accord, on se rend bien compte qu'il ne sera pas bénéfique." Marc Le Fur fustige une majorité qui "est capable de voter la loi EGalim(*) un jour, et de ratifier le CETA le lendemain." Selon lui, la majorité ne sait pas sur quel pied danser. Le député a toutefois salué la décision de Sandrine Le Feur et les autres députés bretons qui ont, comme lui, voté contre la ratification.
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(*) C'est une loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole.