A moins de 700 milles dimanche matin des Sables-d'Olonne, Jérémie Beyou (Maître Coq) était toujours en tête de la Transat NY-Vendée et, après avoir traversé une sévère dépression, se préparait à une arrivée compliquée par des vents mollassons dans le golfe de Gascogne.
"La route jusqu'aux Sables-d'Olonne n'est pas simple", convient le Français de 39 ans, triple vainqueur de la Solitaire du Figaro, qui sait que ses deux principaux adversaires - son compatriote Sébastien Josse (Edmond de Rothschild/2e à une vingtaine de milles) et le Britannique Alex Thomson (Hugo Boss/3e à plus de 60) - peuvent encore lui brûler la politesse dans les petits airs annoncés.
Q: Au sixième jour de course, comment se présente la situation en approche des côtes européennes et quand pensez-vous arriver?
R: "Je suis toujours sous le coup de la belle dépression qui nous a secoués ces derniers jours. Mais les vents sont moins puissants et ils vont encore se calmer à mesure qu'on avance. Ce (dimanche) matin, j'ai 15-20 noeuds de Sud-Ouest et je suis grand-voile haute avec le gennaker (grand foc). Dans la dépression, j'étais à trois ris dans la grand-voile et sous J-3 (petit foc). Mais la route jusqu'aux Sables-d'Olonne n'est pas simple. On va avoir de la pétole (vents calmes) dans une vingtaine d'heures. Je vais sans doute devoir décrire un arc de cercle vers le Nord, remonter jusqu'à la latitude de Brest ou de Belle-Ile (ouest de la France) pour aller chercher du vent. Certains routages, pessimistes,
me font arriver dans trois jours et 20 heures (mercredi), d'autres, optimistes, dans deux jours et 5 heures (mardi)... Il est encore trop tôt pour se prononcer."
Q: Comment vont le skipper et le bateau? Des avaries? Content d'avoir installé des foils?
R: "Je suis dans le rythme et je suis bien sur ce bateau. Il a un sacré potentiel. J'ai eu bien sûr quelques petites avaries, de voiles notamment, qui m'enquiquinent un petit peu, mais ça va. J'ai aussi des soucis d'enrouleurs, un +casque+ de safran (tête de gouvernail) qui a souffert et des problèmes d'écopes de ballasts (prises d'eau sous la coque). Mais je trouve d'autres subterfuges pour les remplir... Les foils? Au fond de moi-même, j'étais convaincu, malgré le scepticisme de certains. C'est très satisfaisant pour toute l'équipe."
Q: Que pensez-vous des performances de vos deux concurrents les plus dangereux, Josse et Thomson?
R: "Seb (Josse) a un bateau neuf, des voiles neuves. Nous, on a optimisé de l'ancien (l'ex-Banque Populaire d'Armel Le Cléac'h, ndlr). Mon gennaker, par exemple, date de 2012. Depuis le départ de New York, je me demande quand Seb va m'exploser... Mais aujourd'hui, je suis devant. Quant à Alex (Thomson), je ne suis pas surpris: il faisait partie de mes favoris, avec Seb et Armel (Le Cléac'h, qui a abandonné après avoir percuté un cétacé, ndlr)."