En 1965, François Budet écrit une chanson qui va marquer plusieurs générations de bretons. "Loguivy-de-la-mer" n'est pas seulement la carte postale d'un joli port de pêche. Elle raconte le monde qui change, et une Bretagne qui peine à garder ses bateaux.
Pendant l'été 1965, avec quelques uns de ses amis, Francois Budet s'en va se balader du côté de Ploubazlanec. Et le petit port de Loguivy de la Mer lui tape dans l'œil. Lui le guitariste amateur se dit qu'un jour, si l'inspiration débarque, il faudra pourquoi pas en faire une chanson.
A la rentrée, le jeune homme part travailler, à Paris, chez Kodak. La semaine, il fabrique des pellicules, et le dimanche, il prend parfois le temps d'aller jusqu'à l'église. Et c'est à la messe qu'un jour, l'air iodé de Loguivy de la Mer vient lui trotter dans la tête.
Je n'ai jamais été au top 50, mais je m'en fous...
Enregistrée par une amie sur un magnéto, popularisée par le curé de Loguivy, la chanson est plutôt bien acceptée dans la commune. Mais si les marins sont touchés qu'on s'intéresse à eux, certains ne voient pas toujours d'un bon œil ce que la chanson pressent : une économie de la pêche qui s'étiole, un nombre de bateaux qui décroît.
Cinquante après, la chanson court toujours les repas de famille et les carnets de chants. Elle est entrée dans le répertoire traditionnel. "Je n'ai jamais été au top 50, dit Budet mais je m'en fous. Quand je serai mort, ma chanson continuera son chemin. Et c'est déjà pas mal."