"Un vent de modernisme qui a soufflé sur la France", l'hommage des élus bretons à Valéry Giscard d'Estaing

"Un visionnaire", "un homme d'une intelligence redoutable", "un Européen convaincu"... Les politiques bretons rendent hommage à Valéry Giscard d'Estaing, ce jeudi. L'ancien président de la République est mort à 94 ans. 

Elle a 18 ans quand Valérie Giscard d'Estaing est élu président de la République. Marguerite Lamour, maire de Ploudalmézeau, ancienne députée du Finistère de 2002 à 2007, se souvient "du vent de modernisme qui souffle alors sur la France". "C'est la légalisation de l'IVG que je retiens, dit-elle. Lui et Simone Veil ont dû être solides et tenir face à l'hostilité qu'il y avait au sein de leur propre famille politique". Et puis, elle égrène les souvenirs, elle qui, en 1978, se trouve aux côtés d'Alphonse Arzel, son prédécesseur à la marie, quand Valéry Giscard d'Estaing se rend à Portsall, après le naufrage de l'Amoco Cadiz.
 

Je revois Valéry Giscard d'Estaing, sa longue silhouette trottinant sur les rochers de Portsall. Ce n'était pas son quotidien de marcher sur les rochers abrupts de la Bretagne.

Marguerite Lamour

A l'époque, Marguerite Lamour est secrétaire du maire de Ploudalmézeau. "J'ai vécu cette visite intensément d'autant que des agriculteurs voulaient profiter de la venue du président de la République pour manifester, raconte-t-elle. Alphonse Arzel mourrait d'envie de manifester aussi mais il m'a dit : 'nous devons l'accueillir dignement'. C'est ce que nous avons fait"
Issue d'une famille qui soutenait la politique de Valéry Giscard d'Estaing, "une famille où l'on nous a inculqué le respect de la fonction de chef de l'Etat", Marguerite Lamour s'investit dans la campagne de 1981 quand Giscard d'Estaing décide de se représenter à l'élection présidentielle. "C'était hors-du-commun, cette campagne. Nous sommes allés à Paris par car, c'était incroyable. Le 10 mai, il est battu. Je me souviens avoir pleuré". Ce mercredi soir, dans un sms envoyé à son petit-fils, elle écrit simplement : "Tu sais que grand-mère l'a vu".
 


Ce fut un très grand monsieur pour l'Europe.

Ambroise Guellec



Lorsqu'il évoque Valéry Giscard d'Estaing, Ambroise Guellec parle immédiatement de l'Européen convaincu. "Si l'Union européenne s'est faite et a été renforcée au cours des dernières décennies, elle le lui doit en grande partie" souligne l'ancien secrétaire d'Etat à la mer de 1986 à 1988, maire de Pouldreuzic de 1979 à 1992, année où il est élu conseiller régional. 

Membre de l'ex-UDF, Ambroise Guellec reconnaît également que l'ancien président de la République "a modernisé la vie politique française. C'est lui, ajoute-t-il, qui a favorisé l'émergence des régions en tant que collectivités de plein exercice. Modernisation et décentralisation, deux éléments qui allaient de pair". Son souvenir le plus récent : une rencontre organisée au Sénat par les centristes avec comme thème principal, l'Europe. "Personne n'a parlé de l'Union européenne comme il l'a fait ce soir-là".

 


Un vrai réformateur social courageux

Pierre Méhaignerie




Pierre Méhaignerie, qui fut ministre de l'Agriculture sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, évoque "l'engagement européen". "C'était au coeur de ses préoccupations, précise l'ancien maire de Vitré. Je me souviens comment il a absolument tenu à ce qu'une ancienne déportée comme Simone Veil soit la première présidente du Parlement européen".
 



Sur les réseaux sociaux, des élus bretons rendent aussi hommage à Valéry Giscard d'Estaing. A commencer par Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale et député du Finistère. "L'idéal européen perd l'un de ses fondateurs" écrit-il sur Twiter.
Le président du Conseil régional, Loïg Chesnais-Girard, note que "la France perd un Président source de libertés nouvelles".  


Une figure de l'Histoire, un réformateur séduisant et brillant

François Goulard


Si François Goulard, président du Conseil départemental du Morbihan, souligne que Valéry Giscard d'Estaing fut "un inspirateur pour beaucoup de gens", qu'il a amené de la modernité à la France, il dit aussi ne pas avoir toujours adhéré à tout. "Le style Giscard, ce côté distance vis-à-vis des catégories populaires qu'il essayait de gommer par des gestes symboliques, le col roulé, l'accordéon, s'inviter à dîner ches des gens, etc, ça sentait trop le fabriqué et cela ne me plaisait qu'à moitié". Et d'ajouter : "mais il restera un grand président, un homme d'une intelligence exceptionnelle, un réformateur qui avait la passion d'agir".
 


De la même manière que les jeunes socialistes de ma génération ont une grande admiration pour Mitterrand, nous, les jeunes giscardiens, on avait une grande admiration pour Giscard.

Loïck Le Brun


Loïck Le Brun confie sa "tristesse" quand il apprend, ce jeudi soir, le décès de l'ancien président de la République. Le conseiller municipal de Rennes fut responsable des jeunes giscardiens rennais au début des années 80. "J'étais étudiant à Villejean, en fac d'Histoire et j'étais un peu regardé comme un extra-terrestre" se souvient-il. "On a pu voter à 18 ans grâce à lui. J'appréciais l'homme car il était moderne et visionnaire".

En 1985, Loïck Le Brun se retrouve sur la scène de la Convention libérale qui se déroule au Palais des Congrès à Paris. "Giscard d'Estaing avait la volonté de revenir, d'où cette Convention à laquelle Chirac et Barre participaient également. Ils avaient besoin qu'un étudiant prenne la parole, c'est tombé sur moi. Et je me suis retrouvé assis, à côté de Giscard. J'avais 20 ans. Cette journée m'a donné le goût de la politique". Et de conclure : "Giscard d'Estaing avait une vraie vision du monde".
 
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