VIDEO. Concarneau, le débat d'entre-deux tours des municipales : ce que l'on retient

L'impossible entente entre Antony Le Bras, transfuge du PS vers la République en marche, et Elisabeth Janvier, la candidate de l'Union de la gauche, fait les affaires de Marc Bigot, le Divers droite arrivé en tête au 1er tour. Les trois candidats étaient invités à débattre sur France 3 Bretagne.

Bastion de la gauche pendant tout l’après-guerre, Concarneau avait basculé à droite en 2008, à la faveur de la division entre communistes et socialistes. Division qui semble avoir laissé des traces, puisque la candidate de l’union de la gauche n’a pas réussi à inscrire de membre du PS sur sa liste. Un certain nombre de socialistes locaux ont décidé de rejoindre le candidat de La République en marche, lui-même transfuge du PS.

Cette cacophonie à gauche fait évidemment les affaires du candidat de la majorité sortante.

 

Les trois candidats présents au second tour

 

Marc Bigot est le candidat de la majorité sortante Divers droite. Ancien adjoint à l'urbanisme, il brigue le poste du sortant DVD André Fidelin, qui a décidé de ne pas briguer de troisième mandat. 
Sa liste "Mon Parti, c'est Concarneau" est arrivée en tête au premier tour avec 39,5% des suffrages.

Elisabeth Janvier est la candidate de la gauche. Elle est soutenue par l’ancien secrétaire d’Etat socialiste Kofi Yamgnane, et par Gilbert Le Bris, l'ancien maire socialiste de la ville pendant quatre mandats (1983-2008). Elle a réuni autour d’elle des membres de EELV, de la France Insoumise et de Génération(s), elle a également le soutien du PC.
Sa liste "Concarneau solidaire et durable" a obtenu 29,9% des voix. 

Antony Le Bras est un ancien élu d’opposition PS, rallié à La République En Marche en avril 2016. Il est investi par le parti présidentiel. Nicole Ziegler, la secrétaire locale du Parti Socialiste est sur sa liste.
Sa liste "Concarneau avec vous" est arrivée en troisième position avec 23,9% des suffrages. 

Au premier tour, le taux d'abstention s'était élevé à 60,29%  
 

Le débat :

 

Fiscalité, urbanisme, et participation citoyenne, un débat très "techno"

 

Chacun des candidats était invité à choisir un point de son programme à défendre. C'est Antony Le Bras qui s'y colle le premier, faisant le choix de parler fiscalité pour entamer le débat. "Ce n'est pas un sujet très fun, mais ils vaut mieux que les électeurs en ait connaissance avant de voter" semble-t-il s'excuser.

S'il en fallait une, la promesse électorale ultime serait bien celle de "ne-pas-augmenter-les-impôts". Antony Le Bras attaque d'entrée de jeu : "Moi, je m'engage à ne pas augmenter les impôts locaux". Voilà c'est dit. Mais voyons maintenant la dialectique. "La fiscalité locale à Concarneau est supérieure de 37% à la moyenne nationale, et elle a augmenté de 50% en 12 ans", soit les deux derniers mandats de la majorité Divers droite sortante. 

"Je le dis, parce que moi, je m'y engage!". Antony Le Bras agite alors un vieux tract de 2014 de la majorité sortante de son opposant, qui s'y était elle-même engagée et qui, "quelques mois après son élection a augmenté les impôts". Dont acte. L'argument massue des impôts est la première des piques lancées à son adversaire. 

Marc Bigot ramasse le caillou lancé dans son jardin, et explique : "A l'époque nous avons dû faire face à certains désengagements de l'Etat. Nous avions une capacité de désendettement qui frôlait les vingt ans. Nous l'avons réduite à un peu plus de 5 ans. Ainsi, nous avons pu réaliser de gros investissements, mais cela nous a aussi permis d'affronter la crise actuelle, nous offrant une liberté de manoeuvre, et la possibilité de procéder à des exonérations". Sans oublier d'ajouter que lui non plus, n'augmentera pas les impôts, "je m'y engage".

Elisabeth Janvier regarde les feuilles d'impôts locaux voleter entre ses deux opposants avant de prendre la parole. "Non, nous n'augmenterons pas les impôts locaux. Par contre nous joueront sur deux leviers : nous estimons raisonnable de pousser l'endettement jusqu'à 7 ans, et nous souhaitons également aller chercher plus de subventions. Il est possible de soutenir des investissements grâce à des subventions de la région, de l'Etat, ou de l'Europe".

Antony Le Bras saisit la balle au bond. "On a perdu de l'argent qu'on n'a pas su aller capter, parce qu'on n'a pas su répondre à des appels à projets, comme Morlaix, ou Quimper. Il s'adresse à Marc Bigot, votre place du Général de Gaulle est très réussie" - "merci, merci" répond ce dernier - "mais nous la payons seuls".

Marc Bigot conclut cette première phase du débat en reprenant la proposition d'Elisabeth Janvier, qu'il dit avoir également écrite dans son programme "Il y a des subventions à aller chercher, oui, nous créerons un service dédié à cela".

 

Concarneau 2030

 

Arrive le choix thématique de Marc Bigot. Il veut parler d'urbanisme, ou plutôt de révision du plan local d'urbanisme. "Il faut redéfinir les grands enjeux de Concarneau 2030, 2040. Il faut construire des projets dans le cadre du développement durable, de la non stérilisation des sols. C'est l'occasion de travailler sur le futur de la ville, bien au-delà des simples chiffres cités lors d'une campagne électorale", (regard appuyé vers son interlocuteur Antony Le Bras). "Il faut réunir la population, travailler avec les associations, les acteurs économiques et sociaux, les agriculteurs, les bailleurs sociaux, pour définir ce projet." ajoute-t-il.

Elisabeth Janvier veut sortir du tout béton "Aujourd'hui on voit fleurir des lotissements dans tous les quartiers. Leurs habitants se plaignent de ne pas avoir de transports en commun pour rejoindre le centre-ville, ou de ne pas disposer d'équipements. Cette politique de recourir à des promoteurs immobiliers n'est pas suffisante." Elisabeth Janvier ajoute qu'elle souhaite consacrer "30% du parc immobilier en logement social."

Antony Le Bras argue que l'urbanisme à Concarneau n'est "qu'étalement, et grignotage des terres agricoles. Le plan local d'urbanisme doit faire appel à plus de négociation" conclue-t-il.

 

Participation citoyenne

 

C'est le thème qu'Elisabeth Janvier a choisi de défendre et qui, dit-elle, "nous différencie fondamentalement des deux autres listes. Le projet ne doit pas se faire "pour" les Concarnois, mais "avec" eux".

Elisabeth Janvier explique. Nous souhaitons instaurer des instances citoyennes, et celà dès maintenant. D'abord une cellule de crise, pour répondre immédiatement à la crise du coronavirus. Nous créerons également un comité de vie citoyenne, avec un droit de saisine du Conseil municipalVoilà pour l'esprit très "initiative citoyenne" chère à la gauche de l'échiquier.

Antony Le Bras défend lui l'esprit porte-à-porte de la République En Marche des débuts. "Nous sommes la seule liste à avoir directement interrogé les Concarnois, dans un questionnaire édité à 5000 exemplaires, et c'est ensuite que nous avons adapté notre programme."

Matois, Marc Bigot rétorque "la participation citoyenne, il y a ceux qui en parlent, et ceux qui la font! Voyez par exemple notre plan d'urbanisme, notamment l'aménagement du secteur de la gare... "
Il ne finira jamais vraiment sa phrase, coupés par ses adversaires : "Consultation n'est pas participation!" lance Elisabeth Janvier, deux fois. Antony Le Bras enfonce le clou "oui, vous avez organisé des réunions, qui sont obligatoires,... c'est le strict minimum".

 

La tomate de la discorde

 

Un projet de production de tomates, porté par le groupe Saveol divise les concarnois. Une étude de faisabilité est actuellement en cours, et un permis de construire a été déposé sur la commune de Pellan à proximité de Concarneau. Des serres industrielles pourrait accueillir la production industrielle de tomates hors-sol, chauffée par un incinérateur de déchet à proximité. Un projet controversé depuis la publication d'un avis de la Mission régionale de l’autorité de l’environnement Bretagne (MRAe) 

Un avis dont la MRAe précise qu’il "ne porte pas sur l’opportunité du projet (il n’est ni favorable ni défavorable) mais sur la qualité de l’évaluation environnementale présentée et sur la prise en compte de l’environnement par le projet". Dans sa synthèse, elle recommande en effet, "compte tenu de l’étude d’impact et des risques d’incidences négatives résiduelles notables sur l’environnement, de compléter l’évaluation environnementale". Ouest-France, 11 mars 2020

Elisabeth Janvier se dit "résolument opposée à ce projet, qui est un non-sens écologique, social, et économique". Antony Le Bras parle de "fausse bonne idée. Ce projet situé sur une zone de captage, nuirait à l'alimentation en eau de la ville. On ne chauffe pas des tomates avec des déchets, d'autant plus que le plan climat de la ville prévoit de réduire la production de déchets".

Marc Bigot botte en touche. "Le projet est actuellement en cours d'instruction, on verra si le maire élu signera ou ne signera pas le projet. Il ne serait pas légal de ma part, comme je suis élu, de me prononcer dès maintenant sur ce projet". Ses opposants font front commun. "Vos co-listiers pourraient le faire!" insiste Le Bras. "Ce n'est pas correct vis-à-vis des électeurs. Un avis [de la Mission régionale de l’autorité de l’environnement Bretagne] à été rendu, vous auriez pu en faire l'écho", appuie Elisabeth Janvier.

"L'avis de l'autorité environnementale est public, il invite le porteur de projet à le modifier s'il le souhaite, ce n'est pas à moi de le commenter" répond Marc Bigot. "Vous auriez pu en faire une information" insiste Elisabeth Janvier. "Ce goût du secret est typique du fonctionnement de Monsieur Bigot" ironise Le Bras. La réponse de Bigot se perd sur le plateau "Il se croit quand il dit ça...".

Fin de l'épisode tomate.

 

 

Salut à toi, le candidat

La fin du débat approche, les candidats sont invités à parler de leurs qualités, et d'un personnage public qui leur est cher. 

Elisabeth Janvier, ancienne éducatrice spécialisée et cadre dans l'actrion sociale met en avant sa sensibilité sociale. "[J'ai] une sensibilité aux personnes qui sont en difficulté, qui l'ont été d'autant plus pendant la crise. Je pense qu'il y a vraiment des mesures à prendre pour venir en aide à ces personnes".

Quand on demande à Antony Le Bras, formé en école de commerce, si on gère une ville comme une entreprise, il répond "non, mais il y a des points communs, à la tête d'une ville comme Concarneau, il faut quelqu'un qui sache compter. En tant que directeur d'un centre de formation [en banque et assurances], je suis en contact à la fois avec des entreprises, et avec la jeunesse, des alternants." 

Marc Bigot aime beaucoup le dessin que Loïc Schvartz a fait de lui. "J'ai passé beaucoup de temps sur les quais de Concarneau c'est vrai [comme ancien président du comité local des pêche]. Est-ce que la ville se pilote comme un bateau? peut-être oui, mais pas comme un capitaine... sur un bateau il y a un esprit d'équipe, un esprit de responsabilité, chacun sait ce qu'il doit faire, et c'est pour ça que ça marche".

Antony Le Bras choisit une photo de Simone Veil, "figure de la construction européenne, de la lutte pour le droit des femmes. Une femme au destin extraordinaire, rescapée d'Auschwitz, et une carrière politique, de centre-droit, de droite diraient certaines, mais qui a fait beaucoup d'émules, y compris parmi les gens de gauche."

Marc Bigot a choisi la photo d' "un anonyme, un marin-pêcheur dans une mer de force 9,  on retrouve là l'esprit d'équipe. Il est aussi le représentant de toute une filière à Concarneau, de la construction navale à la commercialisation du poisson".

Elisabeth Janvier a choisi le portrait d"une femme "Isabelle Autissier, une femme courageuse, persévérante. C'est une femme de conviction également, présidente du WWF, qui défend l'écologie et lutte contre le réchauffement climatique. Elle a été la première femme navigatrice à faire le tour du monde, je pense que je serai la première femme maire de Concarneau."

 

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