Résignés, incrédules, en colère. Les salariés de Michelin ne veulent pas y croire. Et pourtant, l'historique usine de Joué-les-Tours va perdre 700 postes sur 927 soit toute la chaîne de production de pneumatiques poids lourds.
Pascal travaille depuis 35 ans chez Michelin à Joué-les-Tours : "ça nous dégoûte, on en a gros sur la patate. Avant c'était une entreprise familiale, maintenant c'est fini. Le patron nous avait promis la main sur le coeur que jamais l'entreprise ne fermera et elle va fermer du jour au lendemain. Notre boulot maintenant c'est de se battre pour les jeunes qui ont acheté une maison et qui vont être dans la merde!"
13 h: c'est le changement de poste. Les visages sont fermés, la plupart des salariés ne souhaite pas parler. Stéphane a été embauché il y a sept ans: "moralement c'est dur de continuer à travailler surtout quand on apprend ça par la presse". Amertume, dégoût. Les anciens salariés de Michelin sont venus soutenir leurs collègues.
James a quitté l'entreprise après 40 ans de bons et loyaux services: "ça fait drôle quand on a connu comme moi une usine avec près de 4000 personnes. Ils vont se retrouver là-dedans à 200, c'est une vraie cassure". Le pire pour les salariés c'est qu'il s'agit d'un choix stratégique de Michelin. L'entreprise se porte bien, elle va même investir 500 millions d'euros en France, notamment à La Roche-sur-Yon. Les syndicats eux, savent que le site est condamné, mais ils annoncent déjà une bataille pour les indemnités.
Claude Guillon, représentant CGT Michelin est catégorique: " Michelin a de l'argent, l'action ne s'est jamais aussi bien portée. En 2012, les dividendes des actionnaires ont été multipliés par trois. Aujourd'hui les salariés veulent obtenir les meilleures indemnités possibles. "
Côté élus, silence radio à la mairie de Joué-les-Tours: ni déclaration, ni communiqué. Seul Laurent Baumel, député PS de la circonscription a réagi par téléphone depuis Paris: " On va attendre l 'annonce officielle de Michelin le 12 juin. Il faut que l'entreprise démontre qu'il n'y a pas d'autres choix possibles. Les élus eux feront tout pour préserver le maximum d'emplois ici à Joué-les-Tours". Mais quand Michelin a pris une décision, il n'y a pas de retour en arrière possible... C'était le même cas de figure à Poitiers en 2005.
L'annonce officielle devrait intervenir mercredi 12 juin, la veille du comité centrale d'entreprise.