Deux infirmières libérales sont sur la sellette à Saran, dans le nord de l’agglomération d’Orléans. Des confrères infirmiers ont porté plainte pour détournement de patientèle et compérage, c’est-à-dire entente entre patriciens. Des pratiques interdites par le code de santé publique
Depuis novembre 2013, Laurence Gartner et son associée, toutes deux infirmières libérales, exercent leur activité au sein de la maison du pansement. Ce cabinet est implanté au sein de la maison des consultations, un centre de soins privé, voisin de la clinique Oréliance. Plusieurs spécialistes – chirurgiens de la main, radiologues etc. – y travaillent.
Cette implantation stratégique, plusieurs infirmières libérales du secteur la voient d’un mauvais œil. Elles dénoncent un détournement de patientèle. .
Des infirmières libérales portent plainte
Christelle Lagrange a reçu une trentaine de plaintes d’infirmières libérales. Des cartes de visite auraient été distribuées à des patients avec leur ordonnance. Une remise en cause du « libre choix du patient ». Elle témoigne : « La dernière plainte que nous avons eu a été déposée par une infirmière de Chartres qui s’est aperçue qu’un de ses patients, opéré à la clinique Oréliance à Saran, était revenu faire ses pansements à la maison du pansement. (…). Il pensait que le chirurgien l’avait convoqué. Or, en arrivant, il n’a pas vu le chirurgien. On l’a orienté vers la maison du pansement pour un pansement au doigt tout simple. Il a dû faire l’aller et le retour Chartres/Saran à ses frais».Laurence Gartner conteste ces accusations. "On ne leur vole pas les patients. Ils ne reviennent pas chez moi forcément. Ils continuent avec leurs infirmiers. Je ne pense qu’ils ont diminué leur activité. On travaille en collaboration pour le bien-être du patient. Tout l’intérêt de ce cabinet, c’était le patient avant tout, pouvoir prodiguer quelque chose d’adéquat au patient ».
Selon le code de la santé publique, il est interdit à tout infirmier de faire commerce de son activité. Il ne doit pas pratiquer de publicité.
Autre fait troublant, Laurence Gartner était salariée de 2007 à 2013 de la clinique des Longues allées, l’un des quatre établissements transférés en août 2013 sur le site de Saran. D’où de forts soupçons d’entente avec les praticiens qui y travaillent.
La menace d'une suspension provisoire
Après la plainte d’un infirmier libéral en décembre 2013, l’ordre départemental des infirmiers s’est saisi du dossier. Une conciliation a été tentée, sans succès. Le conseil départemental de l’ordre des infirmiers a demandé une suspension provisoire du droit d’exercer de quatre mois.Les deux infirmières mises en cause sont donc convoquées par la chambre disciplinaire du conseil régional de l’ordre des infirmiers. Si les faits sont avérés, elles risquent des sanctions, allant de l’avertissement à l’interdiction d’exercer leur profession.