La cour d’assises du Loiret a rendu, mercredi soir, son verdict sur l’affaire de viol collectif suivi de meurtre. Les plaidoiries de la défense et les excuses des accusés ont été difficiles à entendre pour les parties civiles, qui se disent tout de même « soulagées » par le verdict.
Mercredi la cour d'assises du Loiret accueillait le cinquième et dernier jour du procès de cinq accusés dans l’affaire de viol collectif ayant entraîné la mort de Sylvie Lesniak. Le 7 septembre 2011, le corps sans vie de cette femme de 42 ans avait été retrouvé dans un hôtel sombre d’Orléans. Elle avait été frappée et abusée sexuellement, avant de décéder dans la nuit.
Après presque six heures de délibération, le jury populaire a condamné Sandro Moulet, 42 ans, Rodrigue Grondin, 29 ans et Abdelaziz Ouansaoui, 42 ans, à 15 ans de réclusion criminelle, associé à 3 ans d’obligation de suivi socio-judiciaire, pour viol ayant entraîné la mort. Les deux autres accusés étaient poursuivis pour ne pas avoir empêché ce crime. Jacques Jaurès, 38 ans, a été reconnu coupable de ce délit et a été condamné à 3 ans de détention avec sursis. Karim Djouaber, quant à lui, a été acquitté car il avait tenté de s’opposer à ces trois congénères lors des méfaits.
Les regrets des accusés
Avant les délibérations, les accusés avaient exprimé des regrets auprès des parties civiles. Lorsque Abdelaziz Ouansaoui a indiqué qu’il « priait tous les jours pour la victime et sa famille », la nièce de Sylvie Lesniak, 17 ans, n’a pas pu contenir ses larmes. Les parties civiles s’étaient constituées, en urgence, mardi. La sœur, la nièce et le fils de la victime ne souhaitaient pas le faire auparavant par « peur » d’entendre les détails sordides qui ont conduit au décès de leur proche. Leur avocate a d’ailleurs indiqué, dans sa plaidoirie que « malheureusement, la dernière image qu’ils auront de Sylvie, c’est cette audience ».
Hugo et Zola pour illustrer la misère
Les plaidoiries et les réquisitions ont été empreintes de lyrisme. L’avocat général, Jérôme Bourrier, a démarré son réquisitoire par la lecture d’un poème de Victor Hugo. Hugo et Zola étaient régulièrement convoqués à ce procès empreint de « misère sociale ». Pourtant, Jérôme Bourrier a tenu a rappelé que « ce n’[était] pas le procès de la pauvreté ou de l’alcool ». Dans un exposé de plus de deux heures, il n’a pas ménagé les métaphores, décrivant les accusés comme « une meute » et le lieu du crime comme « une cour des miracles au cœur d’Orléans ». Il avait requis de 18 à 15 ans de réclusion pour les trois accusés de viol et 3 ans de prison dont 18 mois de sursis pour les deux autres.Pour les avocats de la défense, les plaidoiries n’ont pas été faciles, avec des dossiers comportant de telles charges. Me Claude-Antoine Vermorel, conseil de Rodrigue Grondin, a pourtant tenu à rappeler « les loupés » de l’enquête. En effet, certaines analyses ou prélèvements n’ont pas été commandités au moment de l’instruction. La présidente du jury a, tout au long du procès, essayé de rattraper ces manquements, notamment en commanditant une expertise génétique en urgence du manche à balai retrouvé sur les lieux du crime. Pour autant, certaines interrogations n’ont pas pu être élucidées. Des failles dans lesquelles les avocats de la défense se sont engouffrés pour tenter d’alléger les dossiers de leurs clients.
Soulagement des deux côtés de la barre
Les avocats de la défense y sont partiellement arrivés puisque la Cour a prononcé des peines inférieures au réquisitoire de l’avocat général. Me Claude-Antoine Vermorel se dit « soulagé car ils encouraient des peines de 30 ans de réclusion. (…) C’est un jugement satisfaisant et équilibré ».Du côté des parties civiles, la nièce et la sœur de Sylvie Lesniak expliquent qu’elles n’ont pas encore le recul nécessaire pour juger la hauteur des peines annoncées mais sont « soulagées que ce soit fini ».
► Voir le reportage de Rebecca Benbourek et Amélie Rigodanzo