Considérées comme des nuisibles, les chenilles processionnaires gagnent du terrain en France métropolitaine. Comment réagir si on en trouve dans son jardin ? Comment s'en protéger ? Quels sont les dangers ? On vous dit tout.
Ça y est, la saison des chenilles processionnaires est ouverte… Faciles à reconnaitre, elles se baladent au pied des pins ou dans de grosses toiles blanches dans les cèdres et les chênes. Saviez-vous qu'il existe deux espèces de chenilles processionnaires :
- Les chenilles processionnaires du chêne, celles-ci se cachent dans les aspérités de l'écorce et viennent manger les feuilles naissantes avant de former un cocon blanc à 1 mètre du sol.
- Les chenilles processionnaires du pin, glissent sur le tronc de l'arbre pour accéder au sol pour se balader en farandole.
Alors comment réagir ? On vous explique.
Pas touche à ses poils !
Pour faire simple : il ne faut, ni approcher les chenilles, le nid et la zone potentiellement infectée.
En effet, n'essayez pas de résoudre le problème, tout seul. Ne cherchez pas à toucher les chenilles, à brûler ou déplacer le nid, parce qu'elles vont se sentir attaquer et dégainer leurs poils urticants.
Ces piquants urticants blancs, que l'on peut voir lorsqu'elles se dandinent devant nous, ont la faculté de s'envoler ! Ainsi, lorsqu'elles ont peur, elles éjectent leurs poils et vont se propager dans l'air et dans l'eau. Ce qu'ils préfèrent ? Se poser sur les peaux humides ! Vous êtes alors plus exposés si vous vous baignez et si vous transpirez beaucoup.
Même si le nid est vide, il reste rempli de poils urticants jusqu'à deux saisons ! Il faut attendre qu'il disparaisse complètement avant de pouvoir retourner sur place sereinement.
Attention donc aux tables de pique-nique mises sous les arbres et lors de vos balades en forêt.
Allo maman bobo
Si jamais vous entrez en contact avec ces poils urticants, il est important de rincer abondamment avec de l'eau et de ne pas gratter. Certaines peaux vont réagir "normalement" et manifester des plaques d'urticaires pouvant démanger jusqu'à 15 jours. Un rendez-vous chez votre médecin est tout de même obligatoire.
D'autres vont avoir une réaction plus importante, il faut alors se rendre immédiatement aux urgences. D'autres symptômes sont possibles : difficultés respiratoires en inhalant des poils qui volent et conjonctivite si des poils atteignent vos yeux.
Même sentence pour les animaux. Vos chiens et chats ont la fâcheuse tendance à manger ces chenilles ou jouer avec. Cela peut provoquer des lésions, le plus souvent, au niveau de la gueule, du museau et des coussinets. Mais également des lésions oculaires et des difficultés respiratoires ou digestives, si l’animal en avale. Il faut tout de suite se rendre chez son vétérinaire.
Des solutions pour les éradiquer ?
Malheureusement, il n'existe pas de solution "miracle" et peu de professionnels spécialisés dans ce type d'intervention. Cependant, quelques actions peuvent être mises en place chez vous à moindres frais :
- La pose d'un nichoir à mésanges,
En effet, la mésange est peu sensible aux poils urticants et en raffole. On vous épargne les détails, mais dans l'idée, elle vient frapper l'insecte contre une branche pour séparer la peau du contenu et de la tête. Elle pourra ainsi l'ingérer sans danger.
- La pose d'un abri à chauve-souris, prédateur naturels de l'insecte.
- La pose d'un éco-piège,
Vous avez sans doute déjà pu apercevoir des cerclages avec des sachets autour des pins. Les chenilles tombent alors dans le sachet, ce qui empêche la chenille d'atteindre le sol.
Des opérations par des professionnels peuvent être menés pour des collectivités ou des particuliers :
- La pose de pièges à phéromones,
Les phéromones sont déposées sous le couvercle du piège suspendu dans l'arbre. Elles diffusent des effluves qui perturbent le vol nuptial. Ainsi, les papillons mâles sont attirés dans le piège qui, une fois à l'intérieur, les empêche de ressortir et de créer des bébés chenilles.
- L'échenillage par brulage ou par aspiration,
Réalisées par des professionnels, ces techniques détruisent les nids soit par le feu, soit par aspiration filtrant les poils.
- La lutte par traitement phytosanitaire biologique.
C'est à ce jour le traitement qui marche le mieux et qui est le moins nocif pour l'environnement. Il nécessite plusieurs passages, car doit être déposé au moment des pontes. Le traitement est composé de bactéries pathogènes des chenilles.
Malgré ces possibilités, aucune n'est miraculeuse. L'ennemi numéro un des chasseurs de chenilles processionnaires, c'est le réchauffement climatique. Sans surprise, il va faire de plus en plus chaud. Et ces chenilles aiment la chaleur…
Pour aider les chercheurs à trouver des solutions, l'Institut de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement - INRAE- à développer une application gratuite nommée AGIIR. Cette application mobile permet d'identifier, connaître et signaler leur présence. Elle s'inscrit dans une opération de sciences participatives qui mobilise les citoyens pour surveiller le territoire et participer à la détection d'insectes invasifs.
D'autres espèces envahissent notre territoire : le frelon asiatique à pattes jaunes, la pyrale du buis et la punaise diabolique.