Alors que la température se baisse, faut-il rallumer son chauffage ? Les avis sont partagés. Si certains ont déjà passé ce pas, d'autres repoussent l'échéance afin de faire des économies. Les caractéristiques du logement jouent fortement, tout comme la sensibilité de chacun.
À mesure que l'année avance, le froid revient. Ces dernières semaines, les températures ont baissé et la question revient : quand redémarrer son chauffage ? Les réponses sont partagées. D'autant plus à l'heure de la sobriété énergétique et de la hausse des prix de l'énergie. La mairie d'Orléans, elle, a fait son choix. Depuis le 7 octobre, les bâtiments publics ont progressivement rallumé le chauffage.
Les prix de l'électricité, un frein ?
Alors que la dépression émanant de l'ouragan Kirk arrive en France, les degrés baissent progressivement. À tel point que la question du chauffage se pose un petit peu plus tôt cette année. À la mairie d'Orléans, on a décidé de réagir rapidement à la baisse des températures de cette semaine. "Au regard des conditions météorologiques actuelles et celles annoncées cette semaine, la mairie d’Orléans a décidé d’anticiper le redémarrage du chauffage dans les bâtiments publics", annonce la ville, dans un communiqué du 7 octobre. La mairie cible en priorité "les crèches, les établissements médico-sociaux, les résidences autonomies, les salles polyvalentes ainsi que les écoles", avant de se pencher sur ses autres bâtiments.
Face à la problématique, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne, surtout les particuliers. Les caractéristiques du logement jouent fortement, tout comme la sensibilité de chacun. "Je ne le rallumerai pas avant un mois, j'ai assez chaud et je n'aime pas trop la chaleur, explique un loirétain. Il fait 20 degrés à la maison, je n'ai pas besoin. Je vais rallumer à partir de 15 degrés et encore, ça dépend."
À Chevilly, dans le Loiret, cet habitant n'a pas non plus encore allumé son chauffage. "Je pense qu'on rallumera d'ici à une quinzaine de jours ou un mois parce qu'ici, on a des murs très épais et il fait encore très bon, donc pour l'instant ça va. Dehors, il fait encore frais, mais quand on rentre, il fait encore bon sans qu'on ait à allumer quoi que ce soit", se satisfait-il. Car l'isolation des logements joue beaucoup. Selon un rapport du ministère de la Transition Écologique datant de juillet 2022, "5,2 millions de logements (soit 17 % du parc de résidences principales) seraient des passoires énergétiques", classés F ou G au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE).
Précarité énergétique et logements vétustes
Un réel enjeu pour les français parmi lesquelles 12 millions souffrent de précarité énergétique, vivant dans des passoires thermiques et/ou n’ont pas les moyens de se chauffer correctement en hiver. En réponse à cela, lors de la campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron avait annoncé que "700 000 logements par an seraient rénovés" lors de son second mandat. Mais derrière cette promesse, si les rénovations augmentent, la réalité est plus compliquée, comme l'avait révélé "Complément d'enquête".
Mais au-delà de l'isolation des logements, la hausse des prix de l'énergie de ces dernières années met un frein à la mise en route du chauffage pour de nombreux ménages. Selon les derniers chiffres du Médiateur national de l'énergie, 26 % des Français déclarent avoir souffert du froid au cours de l’hiver 2022-2023 et parmi eux, 42 % déclarent que la raison est financière. Entre 2022 et 2023, les prix de l'électricité ont subi une hausse de 14,5 %, d'après les dernières statistiques du ministère de la Transition Écologique.
"On ne serait pas contre un ou deux degrés de plus. Mais c'est vrai que vu le prix de l'électricité, aujourd'hui, on fait attention", avoue un habitant de Chevilly. Il en va de même pour les commerces. Au café de Chevilly, Samantha Wafo, la gérante, a décidé de ne pas encore rallumer le chauffage : "On le fera peut-être bientôt, quand les températures auront encore baissé. Nos clients commencent à avoir froid, mais pour l'instant tant qu'on peut faire des économies au maximum, on le fait."
Le chauffage au bois, une solution ?
D'autres trouvent la parade pour diminuer les factures, notamment en se chauffant au bois. C'est le cas pour ce retraité de Saran. "J'ai allumé la cheminée cette semaine pour éviter de consommer de l'électricité. Je fais des économies d'énergies assez importantes comme ça, raconte-t-il. Généralement, j'allume la cheminée quand il fait 17 °C dans la maison, je n'allume les radiateurs que lorsque qu'il fait trop froid l'hiver et en heure creuse."
En 2020, 7,4 millions sur les plus de 30 millions de ménages français possédaient au moins un système de chauffage au bois, selon les données du ministère de la Transition Écologique. Mais seulement 1,2 million de personnes font de ce mode de fonctionnement leur chauffage principal pour le moment. La tendance du poêle à bois ou à granulés, notamment en appoint pour baisser les dépenses électriques, est en hausse depuis quelques années. C'est ce que peut constater Xavier de Feraudy, gérant d'une entreprise de vente de bois de chauffage à Ardon, dans le Loiret. "Actuellement, c'est très actif. Les premiers froids rappellent à nos clients qu'il faut remplir leurs réserves pour l'hiver, constate le vendeur de bois. Il y a énormément de demande à cette période, comme tous les ans."
Au vu des nouvelles hausses à prévoir sur les prix de l'électricité avec le rehaussement d'une taxe, voulue par le gouvernement du Premier ministre Michel Barnier, se munir d'un poêle ou d'une cheminée devient vite rentable. Mais encore faut-il le pouvoir. Plus que jamais en 2024, la crainte de la précarité énergétique est présente. D'autant plus que celle-ci devient un enjeu de santé publique. Les conditions de logement ont été reconnues comme déterminant majeur de santé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).