La polémique sur l'affaire du syndicat Avenir lycéen dévoilée par le journal Libération ne cesse d'enfler. Malgré le témoignage d'anciens lycéens orléanais qui ont dénoncé la manipulation du syndicat, le rectorat, pourtant incriminé, semble poursuivre son déni.
Dans un article de Libération du 20 novembre, le journal dénonçait la création fin 2018 du syndicat Avenir lycéen, officiellement apolitique. Selon nos confrères de Libération, ce syndicat devait servir les intérêts du ministère de l'Education nationale et contrecarrer la mobilisation contre la réforme du bac. Avant cela, dans un article datant du 8 novembre, Médiapart avait incriminé la dilapidation des subventions par l'association "chouchoute de Blanquer". Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer se retrouve désormais au cœur d'une polémique qu'il tente de minimiser.
Jean-Michel Blanquer accusé d'avoir téléguidé la création du syndicat
Dans l'article de Libération, le ministère est accusé d'avoir "téléguidé" la création du syndicat lycéen pour défendre la réforme du bac, alors fortement contestée. Le journal cite notamment le témoignage d'un lycéen du Loiret, (n'appartenant pas à Avenir Lycéen), qui met en cause le rectorat de l'académie d'Orléans-Tours. Le 23 novembre, le journal publie des extraits des mails incriminés.J’ai en effet baissé les bras, et me suis plié au règle pour écrire un communiqué qui puisse être publié, j’ai été instrumentalisée par l’institution pour porter la parole de la « bonne réforme » mais j’ai réalisé cela très tôt, en décembre 2018. (2/6)
— Wattebled Teddy (@WattebledT) November 20, 2020
Le syndicat SNES-FSU demande "qu'une commission d'enquête indépendante soit nommée"
Dans un communiqué publié mardi 24 novembre 2020, le syndicat enseignant SNES-FSU appelle le rectorat à sortir de son silence et à répondre aux nombreuses questions posées par ce dossier :"Qui a donné l’ordre de promouvoir Avenir Lycéen dès le 9 décembre dans notre académie ? Le Rectorat a-t-il agi de sa propre initiative ou sur ordre du Ministère ? Qui a réécrit les communiqués des lycéennes et lycéens dans un sens pro-réforme ? Pourquoi les élèves du CAVL (le Conseil académique de la vie lycéenne) se sont-ils retrouvés à promouvoir Avenir Lycéen ? Avec de telles révélations, négation absolue de l’éducation à la citoyenneté, il est à craindre que soit altérée auprès des jeunes l’idée même de représentation lycéenne, que nous avons tant de mal à construire dans nos établissements. Et pendant ce temps là-le parallèle est troublant-le ministère promeut cet absurde SNU, qui ne conçoit l’expression de la jeunesse qu’enrégimentée, et le gouvernement fait voter des lois liberticides".
"Une polémique à partir de rien"
Sur RTL, Jean-Michel Blanquer a répondu le 22 novembre ne pas être opposé à une commission d'enquête : "Ça peut être intéressant. Si quelqu'un regarde de près ce qui est dit dans ces articles, il y a vraiment beaucoup de sauce et peu de lapin", a-t-il affirmé.? « Pourquoi pas une commission d’enquête, ça peut être interessant (…) On voit que Libération et Médiapart essaient de faire une affaire à partir de rien »
— RTL Pro : RTL - RTL2 - FUN RADIO (@RTL_presse) November 22, 2020
➡ @jmblanquer répond aux accusations concernant l'affaire du syndicat #AvenirLyceen au micro @RTLFrance d'@isalange pic.twitter.com/m52Dw0nYXS
Dans une tribune publiée sur le site Atlantico, plusieurs parlementaires dont la députée LREM du Loiret Stéphanie Rist ont pris la défense du ministre."C'est un non-sujet, monté en épingle par un secteur de l'ultra-gauche", affirme le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, interrogé sur des soupçons d'instrumentalisation du syndicat "Avenir Lycéen", révélés par Mediapart et Libération #AFP pic.twitter.com/JgKWAHt9yV
— Agence France-Presse (@afpfr) November 23, 2020
Le syndicat lycéen Avenir lycéen, lui, a démenti dans un communiqué avoir été manipulé. En revanche, le communiqué ne dit rien sur les dépenses de la subvention de 65.000 € dénoncées par Mediapart.
Suite à l’actualité concernant notre association, voici le communiqué de presse d’@AvenirLyceen. @NathanMonteux pic.twitter.com/bh3ofpPkX6
— Avenir Lycéen (@AvenirLyceen) November 21, 2020
La rectrice de l'académie d'Orléans-Tours répond que personne n'a réécrit de communiqué
Chez nos confrères de la République du Centre, la rectrice de l'académie d'Orléans-Tours, Katia Béguin, a répondu jeudi 26 novembre aux accusations sur la réécriture des communiqués. Elle assure qu'"il n'y a pas eu, fin 2018, une instrumentalisation de lycéens pour défendre la controversée réforme du bac". Et celle-ci d'emprunter l'expression du ministre : "ici, il n’y a que de la sauce, pas de lapin".Olivier Lelarge, secrétaire Académique SNES-FSU Orléans-Tours se dit scandalisé par l'attitude de la rectrice : "Que la rectrice s'imice dans la politique, ce n'est pas son rôle. Son rôle est de donner des explications sur le fonctionnement de ses services. Je crois que le rectorat n'a pas pris la mesure de la crise de notre institution." Le syndicat SNES-FSU demande qu'il y ait une commission d'enquête au niveau national, mais menée par un organisme indépendant de l'Education nationale.
L @ac_orleanstours gravement mise en cause dans le #BlanquerGate : la manipulation des élu-es #cavl au service de #AvenirLyceen est grave et inadmissible. @F3Centre @FBOrleans @NR_Tours @leberry_fr @larep_fr pic.twitter.com/jBAnbb18k2
— olivier lelarge (@olivier_lelarge) November 21, 2020