Si la région est l'une de celles où le nombre d'agressions déclarées est moins important, les pompiers de Centre-Val de Loire sont aussi la cible de violences en intervention. Les données sont toutefois à manier avec précaution.
Il portait assistance à une femme suicidaire lorsque celle-ci a tenté de lui assener un coup de couteau à la gorge. S’il en est sorti indemne, l’agression d’un sapeur-pompier en intervention à Saint-Epin (Indre-et-Loire) dans la nuit de vendredi à samedi a suscité incompréhension et émotion dans la région. Début septembre, un de ses homologues franciliens perdait la vie en service. Le jeune homme, âgé de 27 ans, a été mortellement poignardé par la personne qu’il prenait en charge alors qu’elle était en proie à une crise de démence.
Selon les chiffres établis par l’Observatoire national de la délinquance et les réponses pénales (ONDRP), 2280 soldats du feu ont déclaré avoir été victimes d’agression lors de leurs actions en 2016. Ces chiffres sont à prendre avec prudence, puisqu’ils se basent sur les incidents déclarés par les SDIS à la Direction de la sécurité civile et de la gestion de crise. Le signalement n’est pas obligatoire. Ils peuvent donc sous-évaluer le phénomène en fonction des départements. Mais la tendance se dessine, avec une hausse de 17,6% par rapport à l’année précédente. Elle persiste si l’on rapporte ce chiffre au nombre d’interventions effectuées : pour 10.000 d’entre elles, 5 sapeurs-pompiers ont fait l’objet de comportements offensifs au niveau national.
Un constat auquel le Centre-Val de Loire n’échappe pas, même s’il s’agit d’une des régions les moins touchées. « Ce sont des interventions qui sont toujours différentes, et certaines peuvent présenter des dangers particuliers, rappelle ainsi Eric Foussard, commandant des sapeurs-pompiers d’Indre-et-Loire. On rencontre régulièrement, malheureusement, des situations où c’est la victime qui devient agressive à l’encontre des sapeurs-pompiers et menace l’intervention-même et la sécurité de nos équipes. » Avec 30 agressions déclarées en 2016, le territoire se situe toutefois loin derrière la Nouvelle-Aquitaine (406 incidents signalés) ou les Hauts-de-France (366).
Compte tenu de la difficulté à établir des données fiables, les disparités peuvent être fortes entre les départements et d’une année à l’autre. En Indre-et-Loire, 16 incidents sont remontés à l’ONDRP en 2015. Ce chiffre tombe à zéro l’année suivante, pour un nombre d’interventions équivalent. La tendance inverse s’observe en Eure-et-Loir, qui passe subitement de zéro à 10 sapeurs-pompiers agressés. Il semblerait toutefois que ces incidents puissent survenir dans des territoires aussi bien ruraux qu’urbains.
En réponse à ce phénomène, quelle est la réponse des brigades ? « Nous rappelons à chaque agent que le service assure leur soutien, souligne Eric Foussard. Ça passe notamment par un dépôt de plainte systématique auprès des forces de police et de gendarmerie et, lorsque cela est nécessaire, nous assurons avec les services de santé un soutien psychologique aux équipiers qui en sentiraient la nécessité. » En Île-de-France, 90% des pompiers victimes portent personnellement plainte après leur agression. Ce taux passe à 60% en Centre-Val-de-Loire, qui se place juste deux points au-dessus de la moyenne nationale, tirée vers le bas par la Nouvelle-Aquitaine (6,9 % de plaintes).
Alors que vient de se clore le 125ème congrès des sapeurs-pompiers de France à Bourg-en-Bresse, la question de la sécurité en intervention se retrouve au centre des débats. En réponse aux inquiétudes exprimées à Bourg-en-Bresse, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a suggéré "la présence de gendarmes et de policiers à [leurs] côtés à chaque fois que la situation est de toute évidence risquée". Une mesure réclamée notamment par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSP).